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Politique

Etre Noir d’Afrique

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A la suite des actes de racisme perpétrés sur de nombreux Africains en Ukraine et dans les pays voisins, et que de nombreux médias ont rapportés, l’Union africaine a élevé une vive protestation. L’Union européenne a dû répondre en démentant tous ces actes dont certains de ses membres étaient accusés. C’est là, à ma connaissance, l’une des rares fois où l’Union africaine proteste publiquement contre des actes de racisme subis par des Africains dans le monde. A la bonne heure ! Il était temps que cela arrive un jour. Car ce n’est pas la première fois que des Africains subissent des actes de racisme, de discrimination, voire des actes de violences ou même sont tués uniquement à cause de leur couleur de peau et de leur origine africaine, et presque partout sur la planète. Même dans nos propres pays africains. Tous ceux qui ont séjourné en Chine, en Inde, en Russie, dans les pays arabes, peuvent témoigner de ce que font endurer certaines populations de ces pays aux Africains. Dans certains pays arabes du Moyen-Orient, le Liban notamment, dont pourtant de nombreux ressortissants vivent dans des pays d’Afrique noire, singulièrement en Côte d’Ivoire, les Africains, surtout les femmes, sont traités comme des esclaves. Il en est de même en Arabie Saoudite et dans les émirats du Golfe. Même dans certains pays arabes situés sur le continent africain, des pays membres de l’Union africaine, le Noir est méprisé et parfois privé de droits fondamentaux. En Mauritanie par exemple, l’esclavage des Noirs n’a été banni des textes que depuis seulement quelques années, et il est toujours pratiqué dans diverses régions de ce pays. Nous avons sans doute oublié qu’au moment même où feu Kadhafi lançait son idée d’Union africaine et s’habillait en boubous africains, les populations noires qui vivaient dans son pays faisaient l’objet de véritables pogroms. Et aucun leader d’Afrique noire de l’époque n’avait élevé la moindre protestation. Il y a seulement quelques années, un reportage d’une télévision américaine avait montré un marché aux esclaves noirs dans cette même Libye. On a aussi vu l’Algérie expulser indistinctement tous les Africains noirs qui se trouvaient sur son territoire en les déposant en plein désert. Et même dans nos propres pays, certains étrangers nous interdisent, à nous Noirs, l’accès à leurs établissements ou nous traitent avec mépris. Et nos autorités se sont toujours étrangement tues, comme si elles les ignoraient, ou étaient effrayées par les dirigeants de ces pays qui nous discriminent.

Tant que nous ne protesterons pas vigoureusement contre ce genre de comportement à l’égard de nos populations, beaucoup de personnes croiront que l’on peut faire subir aux Noirs d’Afrique tout ce que l’on veut. Lorsque dans ces pays les racistes veulent s’en prendre aux Noirs, ils savent faire la différence entre Noirs d’Afrique et Noirs d’Amérique. Parce que malgré ce que les Noirs subissent aux Etats Unis, ce pays ne laisse jamais qui que ce soit maltraiter un de ses citoyens à l’extérieur. Il ne s’agit pas pour nous d’exercer des représailles sur une quelconque communauté, mais nos autorités doivent réagir chaque fois qu’il est établi que des Africains ont subi des discriminations quelque part dans le monde. Parce que nous avons, nous aussi, droit au respect le plus élémentaire, et l’amitié que nous avons pour tous ces peuples se nourrit justement de ce respect mutuel. Autant ils sont bien traités chez nous, autant nous exigeons d’être bien traités aussi chez eux. Et, bien que ces actes de racisme sont toujours le fait de quelques individus, nous devons sentir que les gouvernements de ces pays ne les cautionnent absolument pas et prennent des dispositions pour les combattre.

Vous me demanderez peut-être pourquoi est-ce le Noir d’Afrique qui est ainsi traité de par le monde entier. Je dirais qu’au-delà des élucubrations sur la malédiction divine véhiculées par les religions chrétienne et musulmane, il y a aussi notre comportement de mendiants internationaux qui entretient ce mépris à notre égard. Tant que nous tendrons la main aux autres pour le moindre de nos besoins, ils nous mépriseront. Tant que nous ne chercherons pas à nous tenir debout tous seuls, nous serons traités comme des moins que rien. Tant que nous ne nous approprierons pas nos propres cultures pour les valoriser, notre propre histoire pour la magnifier, tant que nous croirons que c’est uniquement à travers les cultures des autres que nous devons exister, tant que nous dépenserons des sommes folles pour aller acheter les cheveux des autres, nous ne serons jamais respectés. Jusqu’au milieu du siècle dernier, les Asiatiques étaient traités presque de la même façon que les Africains noirs. Mais qui aujourd’hui se hasarderait à insulter un Chinois, un Japonais, un Indien ou un Coréen ? Et même, entre nous Africains, on hésitera beaucoup en France avant de discriminer un Rwandais. Parce que les Rwandais ont su imposer le respect à leur égard. De même, en Europe, on sait distinguer entre Arabe et Arabe. Il y a ceux à qui on dit tous les jours « rentrez chez vous » et ceux à qui ont lèche les pieds pour qu’ils viennent s’installer dans les plus beaux endroits des pays européens.

Venance Konan




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