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Politique

Guinée:Volonté d’assainissement ou chasse aux sorcières ?

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Le procureur de la Cour de répression des infractions économiques et financière (CRIEF), Ali Touré, vient d’ouvrir, en Guinée, une information judiciaire contre l’opposant guinéen, Cellou Dalein Diallo. Il est reproché à ce dernier le délit de « corruption et d’enrichissement illicite » en lien avec la vente de deux avions et autres biens appartenant à la défunte compagnie nationale. L’affaire remonte à 2002, année où Cellou Dalein Diallo était ministre des Transports du gouvernement du Général Lassana Conté. Le parti de l’intéressé, l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée), nie avec fermeté les faits qui sont reprochés à son leader. Avant qu’un tribunal digne de ce nom ne se penche sur l’affaire à l’effet de faire connaitre les tenants et les aboutissants qui y sont liés, il est hasardeux d’aller dans le sens du procureur ou dans celui du parti du mis en cause. En outre, l’on ne peut pas d’emblée nier aux nouvelles autorités, le droit de chercher à voir clair dans les affaires louches qui ont marqué la vie de la Guinée et qui ont contribué à tirer le pays vers le bas. D’ailleurs, une des raisons qui ont motivé le lieutenant-colonel Doumbouya à déloger Alpha Condé du Palais Sekoutoureya et à s’y installer, est de faire rendre gorge à tous les Guinéens et à toutes les Guinéennes qui ont géré les biens de l’Etat comme ils gèreraient leur jardin potager. Et depuis que Lansana Conté s’est emparé du pouvoir en 1984, jusqu’à la chute d’Alpha Condé en septembre dernier, cette pratique nauséeuse était devenue un sport national en Guinée. La probabilité est donc grande que certains militaires qui font partie de la junte au pouvoir aujourd’hui en Guinée, aient quelque chose à se reprocher dans cette pratique quasi généralisée de prédation des biens de l’Etat.

On attend de voir la suite


C’est pourquoi l’on est en droit de se demander si l’ouverture de l’information judiciaire contre Cellou Dalein Diallo, participe véritablement de la volonté d’assainissement prônée par les nouvelles autorités du pays ou si elle s’apparente à une chasse aux sorcières. La deuxième hypothèse mérite d’être prise au sérieux et en voici les raisons. D’abord, Dalein Diallo, aujourd’hui plus que hier, passe pour être un candidat potentiel qui a toutes les chances de conquérir le Palais Sékoutoureya, au cas où la transition organiserait une élection présidentielle véritablement transparente et équitable. Il est vrai que le lieutenant-colonel Doumbouya a affirmé ne pas y prendre part. Mais il se pourrait qu’il travaille dans les coulisses pour favoriser un candidat à sa dévotion. Céllou Dalein Diallo, candidat à la présidentielle, peut faire échouer un tel projet. Il faut travailler donc en amont à empêcher ce dernier à candidater éventuellement à la magistrature suprême, en instrumentalisant la Justice. La deuxième raison qui soutient l’hypothèse de la chasse aux sorcières est ceci : La CRIEF est un tribunal qui vient d’être créé par la junte. C’est donc une Cour d’exception, qui peut prendre des libertés avec les exigences de l’Etat de droit, à l’effet de rendre service à ses géniteurs. Même dans des Etats dits démocratiques sous nos tropiques, ce genre de juridictions peuvent donner l’impression d’être des instruments mis en place pour casser de l’opposant. Troisièmement, l’on peut se demander pourquoi les nouvelles autorités ont mis un point d’honneur à exhumer une affaire qui date de 2002, alors que de nombreux crimes économiques et de sang qui datent seulement d’hier, attendent d’être élucidés. Pour confisquer le pouvoir, Alpha Condé, par exemple, avait torturé et massacré des Guinéens. Il avait été aidé en cela par des militaires dont certains sont encore aux affaires aujourd’hui. Dès lors, l’on peut comprendre pourquoi la CRIEF a une mémoire sélective. La dernière raison qui permet de décrypter l’ouverture d’une information judiciaire contre Cellou Dalein Diallo, comme une chasse aux sorcières, ou encore comme une tentative de diversion, pourrait être liée au fait que, plus de six mois après l’avènement de la junte, celle-ci n’a pas encore daigné indiquer la durée de la transition. Et le meilleur moyen pour détourner le regard des Guinées et celui de la communauté internationale sur cette question, pourrait consister à exhumer des affaires dont la majorité des Guinéens ont vaguement souvenance aujourd’hui. En tout cas, on attend de voir la suite. Et si l’avenir venait à donner raison effectivement à l’hypothèse d’une chasse aux sorcières, le lieutenant-colonel Doumbouya aurait raté l’occasion de réconcilier tous les fils et toutes les filles de la Guinée qui, depuis l’avènement de Sékou Touré en 1958, a développé une culture politique marquée par la violence et l’instrumentalisation de la Justice à l’effet de neutraliser, au propre comme au figuré, les adversaires politiques.

Pousdem PICKOU




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