La tension entre Bamako et Paris a franchi un nouveau palier avec l’expulsion de l’ambassadeur de l’Hexagone par les autorités de la transition. Cette dernière escalade en date est-elle le signe avant-coureur d’une rupture définitive d’un partenariat historique ?
Depuis le coup d’État qui a mis fin au régime IBK suivi d’un 2èm qui a emporté le premier Président de la Transition malienne et son Premier ministre, les relations entre Paris et Bamako ne cessent de se dégrader. Outre la gestion de la transition qui n’est pas du goût des autorités françaises, la présence non encore formellement avérée de Wagner, une société privée de sécurité russe a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Et depuis, les autorités des deux pays se sont engagées dans des échanges de propos à la limite du mépris par médias interposés. Le Président Emmanuel Macron, la ministre des Armées et le patron de la diplomatie de l’Hexagone ne décolèrent plus et multiplient les sorties médiatiques pour fustiger les autorités de Bamako qui ne s’en laissent pas conter. C’est en réponse à une de ses sorties médiatiques que Bamako a donné 72 heures à l’ambassadeur français pour quitter le territoire Malien.
Cette réaction de Bamako qui précède le renvoi du contingent suédois du dispositif Takouba signifie-t-elle que les autorités de la transition vont définitivement tourner la page d’une relation Franco-malienne désavouée par une frange non négligeable de l’opinion nationale ? Seul l’avenir nous le dira au regard de la prudence observée par les deux pays propres à faire durer le suspense.
Qui franchira le premier pas de la rupture ? En lisant entre les lignes des propos tenus de part et d’autre, on peut sans risque de se tromper, malgré les indicateurs négatifs, dire que la tension entre Paris et Bamako n’est ni plus ni moins qu’un moment d’incompréhension entre vieux couples comme l’a affirmé le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga dans un de ses discours.
A cela, il faut ajouter la détermination de Paris à poursuivre sa lutte contre le terrorisme au Sahel et particulièrement au Mali malgré son mépris pour les autorités de la transition qu’elle qualifie d’illégitime et de provocatrice. Paris a-t-elle du mal avec le respect de la souveraineté des autres partenaires ou même une guerre à distance contre les concurrents de l’Europe et de son allié Américain ?
L’exportation de la crise entre pays européens, russes et chinois tant redoutée par les observateurs sur le sol malien est sans doute déclenchée. La récurrence de la dénonciation de la présence présumée de Wagner en terre malienne dans les interventions françaises dans les médias en dépit de la disposition des autorités de la transition au dialogue, renforce le doute sur l’agenda français au Mali.
Son offensive diplomatique pour isoler les autorités de Bamako dont les seuls torts auront été l’exploration d’autres horizons pour protéger sa population contre le terrorisme et leur volonté de réforme est incompréhensible et relève de la manifestation de la frustration d’un paternalisme séculaire menacé par les choix politiques du moment. Au-delà de la frustration et de la colère ambiante, la diplomatie empreinte de respect mutuel et d’humilité doit reprendre ses droits entre Paris et Bamako.
La guerre médiatique assortie de propos méprisants ne saurait être la réponse aux préoccupations des Maliens durement éprouvés par une crise sécuritaire interminable doublée d’une instabilité politique dont la solution passe par une réforme en profondeur de l’Etat. Au regard du dialogue de sourd qui s’est installé entre les deux capitales, l’avenir des relations Franco-maliennes est une grosse incertitude. C’est plus que jamais le moment pour les deux pays de s’engager dans la réinvention d’un partenariat fécond et profitable à souhait pour chaque partie.
Bouba Sankaré
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