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Politique

CEDEAO / Burkina :Une indulgence qui ne doit pas être prise comme un blanc-seing

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Le 3 février, s’est tenu à Accra, capitale du Ghana, un sommet extraordinaire des chefs d’Etat des pays membres de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). L’objectif était de se pencher essentiellement sur le dossier du Burkina, déjà suspendu des instances de la structure sous-régionale, suite au putsch du Lieutenant-colonel Damiba. Outre le cas du Burkina, deux autres pays, à savoir le Mali et la Guinée, suspendus également après des coups d’Etat militaires, ont retenu l’attention du sommet. Comme l’on pouvait s’y attendre, les chefs d’Etat, tout en restant fermes dans le principe de condamnation des coups d’Etat, se sont montrés relativement bienveillants à l’endroit du pays des Hommes intègres. En effet, l’organisation sous- régionale a décidé de ne pas prendre de sanctions supplémentaires vis-vis du Burkina. Cette attitude bienveillante a été rendue possible grâce d’abord au comportement du chef des militaires qui se sont emparés du pouvoir à Ouagadougou.

La rue du Burkina peut décolérer

En effet, le lieutenant-colonel Damiba, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’a pas, depuis son avènement au pouvoir, posé un acte de nature à braquer l’institution sous-régionale contre lui. Ce comportement, les émissaires de la CEDEAO et de l’ONU qui ont été dépêchés dans le pays, peu avant la tenue de ce sommet extraordinaire, l’ont constaté et consigné dans leurs rapports destinés aux chefs d’Etat qui les avaient mandatés. Ces derniers, après avoir écouté religieusement ces rapports de mission, n’avaient visiblement pas de raison de taper sur les doigts des nouveaux hommes forts du Burkina, encore moins de faire descendre la foudre sur le Burkina. La deuxième raison qui pourrait expliquer cette attitude de bienveillance de la CEDEAO vis-vis du Burkina, est le comportement des partis qui composent l’échiquier politique du pays. Tous pratiquement, ont pris acte de la nouvelle donne politique. Mieux, ils se sont engagés à accompagner les nouvelles autorités. Même le parti qui était aux affaires, c’est-à-dire le MPP (Mouvement du peuple pour le progrès), n’a pas adopté une posture de va-t-en-guerre à l’encontre des militaires qui l’ont évincé du pouvoir. Et à ce que l’on dit, son champion, Roch Marc Christian Kaboré, n’est pas étranger à cette posture d’apaisement. Le dernier élément qui a certainement conduit la CEDEAO à ne pas avoir la main lourde vis-vis du Burkina, émane de la CEDEAO elle-même. En effet, un groupe de chefs d’Etat, conduit par le président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, se sont énormément investis pour que le cas du Burkina soit examiné sérieusement de sorte à éviter à ce pays, déjà inscrit pratiquement à l’article de la mort, les affres liées à des sanctions sévères, comme celles qui ont déjà été infligées au Mali. La rue du Burkina qui, à tort ou à raison, était vent debout contre la CEDEAO qu’elle traitait de tous les noms d’oiseau, peut objectivement décolérer.

Le lieutenant-colonel Damiba doit se démarquer de tous ceux qui sont en train de lui faire la danse du ventre

Le nouvel homme fort du Burkina, le lieutenant-colonel Damiba, peut également se satisfaire de la décision de la CEDEAO de ne pas imposer de nouvelles sanctions au Burkina. Mais, attention ! Cette indulgence de la CEDEAO vis-à-vis du pays des Hommes intègres, ne doit pas être prise comme un blanc-seing accordé à la junte par l’organisation sous-régioanle. De ce point de vue, le lieutenant-colonel Damiba doit mettre un point d’honneur à ne pas réunir tous les ingrédients de nature à provoquer l’ire de la même CEDEAO à son encontre et à l’encontre du Burkina. L’ingrédient principal qui peut fâcher la CEDEAO et l’amener à reconsidérer la position bienveillante qu’elle a adoptée hier à Accra vis-à-vis du Burkina, est la durée de la transition. D’ores et déjà, le lieutenant-colonel Damiba doit se démarquer systématiquement de tous ceux qui sont en train de lui faire la danse du ventre, et qui seraient tentés de lui suggérer une transition dont la durée ne manquera pas de faire monter la moutarde au nez des chefs d’Etat de la CEDEAO. Les faux amis qui lui indiqueront ce chemin de tous les dangers, ne veulent pas de son bien, encore moins celui du pays. De manière générale, la CEDEAO, pour autant qu’elle ne veuille pas s’aliéner le soutien des peuples de ses pays membres, doit travailler à redorer son blason et cela, dans les meilleurs délais. Cela consiste pour elle, en plus du principe qui veut qu’elle condamne les coups d’Etat militaires, à se montrer intraitable aussi vis-à-vis des coups d’Etat constitutionnels. Si ce principe n’a pas été adopté hier, franchement, le sommet d’Accra aura eu un goût d’inachevé.

« Le Pays »




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