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L’Enquête du jeudi: Côte d'Ivoire. Presse écrite : les raisons de la crise (2/2)

Publié le :

M. Zohoré Lassane, le président du Gepci

Une réalité qui pèse très fortement sur les frêles épaules des entreprises de presse, est l’augmentation du coût d’impression des journaux. Un fait qui vient davantage les tirer vers l’abîme. Et contre lequel les patrons de presse ont menacé d’observer une journée dite « presse morte », si rien n’était fait du côté des pouvoirs publics, à propos de cette augmentation des frais d’imprimerie.

Les imprimeurs de leur côté justifient l’augmentation de leurs frais, par celle du coût du papier journal. « C’est une situation qui s’impose à nous. Ils peuvent ne pas être d’accord mais que pouvons-nous faire, face à une augmentation du coût des matières premières au niveau mondial ? », se défend Koné Abdoulaye, directeur de Sud Actions Media, l’un des principaux imprimeurs des journaux ivoiriens. Et il explique que le coût d’impression d’un journal intègre différents éléments dont les intrants (les encres et autres). Avec l’avènement de la pandémie de la Covid 19, il y a eu une accélération de ce qui s’annonçait depuis quelques années. C’est-à-dire, une réduction de l’offre du papier journal. En moins d’un an, le papier journal, la principale matière, a enregistré une hausse de près de 50 %. Les coûts de fret ont également connu une augmentation. Puisque les imprimeries du pays importent leur papier journal, cela impacte bien évidemment le coût de l’impression.

Faire comme des journaux français ?

Mais pour l’imprimeur, cette situation n’est pas spécifique à la Côte d’Ivoire. « En France par exemple, il y a quelques jours, certains journaux ont procédé à une révision à la hausse, de leur prix au public, pour faire face aux augmentations du coût du papier journal », explique le directeur de Sud Actions Média. Ce qui pourrait être aussi, une proposition faite aux patrons de presse de revoir le prix de leurs journaux. Puisque, précise-t-il, des rencontres ont eu lieu entre eux les imprimeurs et les éditeurs de presse, au cours desquelles, ils leur ont expliqué à nouveau les raisons qui justifient cette augmentation du coût des impressions des journaux. Dès la mi-novembre, de l’année qui vient de s’écouler, un courrier leur avait été adressé à cet effet. Afin qu’ils intègrent cette donnée dans leur compte d’exploitation prévisionnel.


Lire aussi : Enquête du jeudi : Côte d'Ivoire. La presse écrite dans la galère (1/2)


Mais, les patrons de presse peuvent-ils revoir le prix des journaux à la hausse ? Déjà que ces productions quotidiennes pour la plupart, ne se vendent pas avec les prix actuels. Une autre problématique que vient soulever cette proposition de l’imprimeur : le prix des journaux. Amédée Assi, directeur du développement des rédactions du Groupe Fraternité Matin, le journal pro-gouvernemental, ne nie pas cet état de faits. Il présage déjà que les entreprises de presse qui vont imprimer leurs journaux dans l’imprimerie du journal pro-gouvernemental, « auront des difficultés ». A cause de la hausse du coût du papier au plan mondial, l’imprimerie du Groupe Fraternité Matin, à l’instar des autres imprimeries, a révisé à la hausse ses différentes prestations. Désormais, il faudra payer plus cher, et cash. La deuxième condition s’explique selon Amédée Assi, par les nombreux arriérés d’impayés que plusieurs entreprises de presse totalisent. "Fraternité Matin" soutient-il, n’est pas épargné par la crise qui mine le secteur. Il subit le contre-coup de la hausse du prix du papier. « Nous dépensons 50 % de plus pour les mêmes impressions ». L’imprimerie du journal va également subir de plein fouet, les effets de la situation qui prévaut. De sorte que les entreprises de presse qui vont recourir aux services de l’imprimerie de Fraternité Matin, vont devoir payer plus cher et cash. Une situation somme toute difficile, tant pour l’imprimeur que les entreprises de presse. Amédée Assi reste convaincu que les entreprises qui ne pourront pas supporter la nouvelle donne, vont soit arrêter, soit diminuer leur pagination. Certains vont purement et simplement opter pour le web. Fraternité Matin en ce qui le concerne, réduira le nombre de ses pages, si d’aventure il n’arrivait pas à tenir le coup. Ainsi les 32 pages pourraient être diminuées. Mais le nombre d’exemplaires produits par jour, qui oscille entre 10 000 et 15 000 en fonction de l’actualité, restera en l’état.

Des discussions en cours

Les entreprises de presse qui sont plus impactées par la situation qui prévaut sont celles du privé. C’est ce qui explique l’organisation de deux assemblées générales extraordinaires par le Gepci pour tirer la sonnette d’alarme. Le 18 janvier, son président, Zohoré Lassane avait annoncé l’organisation de journées presse morte. Fort heureusement, on n’en est pas arrivé à cette extrême. Consécutivement à l’Assemblée générale extraordinaire du Gepci, une rencontre a été organisée au ministère de la Communication. « Nous sommes en discussion et tout avance bien. Le ministre de la Communication a été réceptif à nos doléances. Les choses sont en train de se régler. Des solutions sont en train d’être trouvées aux problèmes posés », a révélé Zohoré Lassane au terme de l’Assemblée générale extraordinaire du mardi 25 janvier. Une commission comprenant le Fonds de soutien au Développement de la Presse (FSDP), les éditeurs de presse et les imprimeurs, a été mise sur pied pour les discussions. De l’avis de Amédée Assi, il urge d’organiser des assises de la presse, qui impliqueront tous les acteurs du secteur, afin que les problèmes soient clairement posés et solutionner de façon durable.

Diomandé Karamoko et Junior Jeremy




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