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Bientôt un vaccin nasal pour bloquer la transmission du Covid-19 ?

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Une équipe de recherche française travaille sur un candidat vaccin administrable dans le nez. Les essais cliniques pourraient démarrer en 2022. Explications.

Bientôt un vaccin nasal contre le Covid-19 ? “Les résultats précliniques, obtenus sur des modèles animaux, sont très encourageants”,commente ce jeudi 9 septembre, Philippe Mauguin, Directeur général de l’INRAE, à l’occasion d’une conférence de presse.


Les travaux menés depuis plus d’un an par une équipe de recherche de l’Université de Tours / INRAE (équipe BioMAP) avec la biotech Vaxinano s’accélèrent. En effet, les tests pré-cliniques réalisés sur un modèle animal (souris et hamster) démontrent l’efficacité du vaccin candidat après deux immunisations par voie nasale espacées de 3 semaines, tant en termes de réponse immunitaire que de neutralisation précoce du virus original et de ses variants, bloquant toute risque de contamination par un individu vacciné.

Les résultats de ce vaccin protéique sans adjuvant ont été confortés fin 2021 par de nouveaux essais pré-cliniques sur rongeurs validant son efficacité vis-à-vis du variant Delta, souligne un communiqué de presse diffusé ce 20 janvier.

Quels sont les avantages d’une injection nasale ?

Aujourd’hui, les vaccins commercialisés sont tous des vaccins injectés par voie intra-musculaire. Ils protègent contre les formes sévères du Covid-19. Seul bémol : ils sont moins en capacité à limiter la transmission, raison pour laquelle on peut quand même être infecté par le Covid une fois vacciné. Ce qui était déjà observé avec le variant Delta, l'est encore plus avec Omicron.

Si ces vaccins ne limitent pas la transmission, c’est parce que même chez les personnes vaccinées, "en cas d’infection, le virus réussit à se multiplier dans les fosses nasales et se trouve alors en capacité à infecter d’autres personnes du même environnement", explique Isabelle Dimier-Poisson, responsable de l’équipe de recherche en charge du candidat-vaccin.

"C’est pour cette raison que nous maintenons les gestes barrière et le port du masque, et que nous serons contraints de les maintenir, même une fois quasiment toute la population vaccinée", poursuit-elle.

L’idée du vaccin nasal est donc d’injecter le vaccin directement dans les fosses nasales, soit directement au niveau de la porte d’entrée du virus, où a lieu le stade initial de l’infection et où le virus se multiplie.

L’avantage du vaccin nasal est double, assure la chercheuse : il induit une réponse immunitaire générale (donc comme le vaccin par injection intramusculaire) ET une réponse locale précoce dans les fosses nasales. En conséquence : "les personnes infectées ne sont plus en capacité à infecter les personnes autour d’elles”. Si les études menées sont validées, alors cela pourrait permettre de se passer des gestes barrière", ajoute-t-elle.

Vaccin nasal : de quel type de vaccin s’agit-il ?

Il s’agit d’un vaccin à base d’un cocktail de protéines virales. Si la “recette” n’est pas pour l’heure dévoilée, on sait qu’elle comprend la protéine Spike (porte d’entrée du virus dans nos cellules), mais aussi d’autres protéines qui présentent l’avantage de ne pas avoir muté donc d’avoir la même structure depuis la souche originale du SARS-CoV-2. Le fait de proposer un vaccin reposant pas uniquement sur la protéine Spike permet ainsi une protection quelle que soit la souche virale (variants).

Ces protéines sont encapsulées dans des nanoparticules conçues par la biotech Vaxinano et déjà utilisées pour un vaccin anti-toxoplasmose utilisé chez le singe. L’avantage de ces nanoparticules, c’est qu’elles sont muco-adhésives, c’est à dire qu’elles se fixent bien à la muqueuse nasale, laissant ainsi suffisamment de temps aux cellules immunitaires pour "travailler" et constituer une immunité.

L’autre intérêt d’utiliser des nanoparticules comme vecteur du vaccin : il n’y a pas besoin d’adjuvant.

Quels sont les résultats des tests menés chez l'animal ?

Deux administrations par voie nasale, espacées de trois semaines, ont induit une "forte réponse humorale", efficace sur les différents variants, tant au niveau des cavités nasales que des poumons, avec à la fois la production d’anticorps neutralisants et d’anticorps durables (lymphocytes T). Les résultats détaillés ne sont pas à ce stade, divulgués par l’équipe de chercheurs et ne font encore l’objet d’aucune publication scientifique pour des raisons de “propriété intellectuelle”.

L’efficacité du vaccin a été d’abord testée en termes de survie et de signes cliniques sur des souris génétiquement modifiées. Résultat, après vaccination et infection, les souris ont toutes survécu et n’ont présenté aucun symptôme à la différence du groupe témoin (non vacciné et infecté). Puis, l’efficacité du vaccin a été testée en termes de contagion sur des hamsters, dont la physiopathologie est similaire à celle de l’Homme. Après vaccination et infection, ceux qui étaient vaccinés et infectés n’ont présenté aucune charge virale dans les fosses nasales et dans les poumons.

"Cela montre que ce vaccin peut arrêter la transmission et peut-être un jour stopper la circulation du virus", a commenté Isabelle Dimier-Poisson.

Mais il reste encore plusieurs étapes avant une éventuelle commercialisation, en particulier les étapes visant à confirmer l’innocuité du vaccin.

Attention, il s’agit de tests pré-cliniques, menés en laboratoire donc pas encore de tests cliniques chez l’Homme. Mais, selon l’INRAE, ces résultats très positifs permettront de démarrer dès l’automne 2021 la phase de développement et de production des lots de vaccins en vue d’un passage en phase clinique en 2022, pour une mise sur le marché en 2023.

Concrètement comment ça marche ?

Il ne s’agit pas d’un spray, comme ceux que l’on utile pour se déboucher les fosses nasales en cas de rhume. Pour l’instant à l’état de prototype, le dispositif s’apparente à un petit embout placé sur une seringue (sans aiguille) qui viendrait déposer le vaccin dans les narines.

Quelle pourrait être la cible de ce vaccin nasal ?

Ce vaccin étant non invasif et nécessitant peu de logistique (il se conserve plusieurs mois à 20°C), il pourrait s’adresser aussi bien aux populations non vaccinées à risque de forme grave (personnes réfractaires aux vaccins par injection, pays émergents), qu’aux personnes déjà vaccinées. Dans ce cas, il pourrait servir de vaccin de rappel et venir compléter les vaccins par injectionafin d’éviter la transmission. Alors que l'Institut Pasteur de Lille peine à recruter des patients pour son essai clinique, l’INRAE compte mener ses essais cliniques sur des personnes vaccinées afin de montrer le bénéfice du vaccin nasal pour arrêter la transmission.

La start-up française LoValTech, labellisée Deeptech par BPI France, vient d’être créée. Pour accélérer le développement du projet et consolider les annonces d’investissement, cette nouvelle société détient désormais une licence exclusive d’exploitation mondiale du brevet portant sur le vaccin, concédée par l’Université de Tours et INRAE. Elle a pour objectif de piloter le projet des phases de développement de la formulation vaccinale jusqu’aux essais chez l’homme qui aboutirait à une autorisation de mise sur le marché du vaccin fin 2023, début 2024.

Source : conférence de presse INRAE, 9 septembre 2021 et communiqué de presse INRAE, 20 janvier 2022.




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