On ne le sait que trop, la santé de la vue reste une préoccupation capitale pour chaque individu, tout au long de son existence. Quoi de plus évident quand on connait le rôle déterminent de ces organes vitaux que sont les yeux dans notre vie de chaque jour. Que différentes compétences et spécialités se soient développées autour de la santé de la vue, ne peut donc qu’être bien perçues. En effet à ce jour, il existe ici et là, aussi bien ailleurs qu’en Côte d’Ivoire, une multitude de lunetiers, d’opticiens que d’ophtalmologistes. Logiquement avec des champs de compétences bien définis au départ. Les lunetiers, ainsi que leur appellation l’indique ont en charge, la confection des lunettes. Précisément, ce qu’on pourrait appeler la carcasse ou encore communément désigné sous le vocable plus raffiné de monture. Tandis qu’aux opticiens revient avec beaucoup de dextérité requise, la mise au point des verres. Ces composantes des lunettes qui doivent corriger ou remédier aux dégradations subies par la faculté visuelle du fait de l’âge, ou de pathologies diverses. Enfin, nous avons les ophtalmologistes ou ophtalmologues que sont les médecins des yeux. Noble tâche que la leur, en réalité exercée en amont de toutes ces spécialités précitées et qui conditionne, précise et ordonne, le port ou non d’une paire de lunettes.
Si ces différentes spécialités sont censées exister par l’entremise d’une certaine interdépendance, la réalité sur le terrain est toute autre au quotidien. La santé de la vue a connu un essor spectaculaire fortement marqué par la fabrication de montures et de verres à faibles coûts, donc désormais à la portée de toutes les bourses. Au point que l’on ne sait plus qui est qui, et qui fait quoi. C’est que,aux ophtalmologistes, se sont très vite substitués des lunetiers, vendeurs de lunettes, et opticiens. Des cadres sont aménagés, sous le fallacieux prétexte d’une promotion de vente de lunettes à moindres prix. Pour en réalité y mener des consultations ophtalmologiques douteuses dénuées de toute efficacité. Avec à la clé, des lunettes de pacotille vendues aux patients. Lesquels n’arrivent jamais à tirer satisfaction de celles-ci, comme ils l’auraient voulu. Des employés d’entreprises sont même approchés dans cette démarche, pour dit –on des consultations collectives, financièrement prises en charge par leurs mutuelles, ou autres associations professionnelles. Lesquelles cèdent, tentées par les alléchantes offres qui leur sont faites au départ. Quelques appareils aux performances techniques limitées, de seconde main, sont alors apportés pour des séances de consultations pas toujours confortablement menées. Et desquelles découlent tout naturellement des diagnostics, dont les patients ne comprennent pas grand-chose non plus des explications qui leurs sont fournies. Les lunettes qui leur sont aussi vendues, sont loin de pouvoir assurer la correction de la vue de nombre d’entre eux.
Plus graves encore sont ces modifications que certains opticiens et lunetiers se permettent d’apporter volontairement aux normes et mesures indiquées sur les ordonnances délivrées par les ophtalmologistes, pour la confection des lunettes. Par ce que voulant coûte que coûte vendre leurs lunettes. Une pratique qui, de toute évidence fausse à termes le diagnostic posé. Lequel finit par être inefficace.
On veut bien admettre la liberté d’entreprendre et de commercer dans ce secteur d’activité comme il en est le cas dans les autres branches du domaine médical. En revanche, il est inconcevable, que cela se fasse sans le moindre contrôle, la moindre régulation, comme on en a l’impression. Faut-il donc attendre que le pire arrive ? Qui sait si ce ne fut pas déjà le cas, avec des personnes qui n’ont jamais su se plaindre ou dénoncer ce qui leur arrive d’injuste ou d’anormal. Et réclamer leurs droits ou même une quelconque réparation ? Ces victimes anonymes sont malheureusement légion.
Moussa Ben Touré