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Politique

Embastillement d’opposants sur fond de frilosité:Savoir raison garder

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Après l’ex-vice-président du Conseil national de transition (CNT), Issa Kaou N’Djim, arrêté en fin octobre dernier pour « troubles à l’ordre public et atteinte au crédit de l’Etat » et présenté à la Justice, c’est au tour de l’opposant Oumar Mariko, président du parti Sadi, d’entrer en conflit avec les autorités de la transition au point de se retrouver dans le collimateur de la Justice. Il a été interpellé le 6 décembre dernier dans la capitale malienne, pour « propos injurieux » contre le Premier ministre Choguel Maïga et placé sous mandat de dépôt quelque 24 heures plus tard. Ce, dans le cadre d’une enquête préliminaire initiée par la Justice malienne. Une interpellation qui est intervenue en même temps que celle d’un militant de son parti, Aboubacar Camara, chroniqueur radio qui avait enregistré certains des propos reprochés aujourd’hui au leader politique. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les autorités de la transition malienne ne semblent pas filer le parfait amour avec l’opposition. Principalement, le Premier ministre Choguel Maïga qui semble cristalliser les critiques au point de paraître pour le personnage le plus clivant au sommet de l’Etat, aux côtés du taciturne chef de la junte militaire au pouvoir, le colonel Assimi Goïta.

Lorsqu’on est une personnalité politique d’envergure, il faut parfois avoir le dos suffisamment large

Certes, en tant que chef de l’Exécutif, souvent appelé à aller au charbon pour défendre la ligne d’une transition qui peine encore à convaincre de la noblesse de ses intentions, sa position peut paraître à la fois des plus exposées et pas des plus confortables. Mais à force de jeter à tour de bras des opposants en prison pour un oui ou pour un non, le Premier ministre Chogel Maïga parait non seulement faire montre de frilosité, mais risque aussi de braquer davantage ses contradicteurs s’il ne contribue pas à faire l’unanimité contre lui, au moment où son gouvernement cherche pourtant la compréhension de la classe politique pour aller aux assises nationales de la refondation censées tracer les sillons de la piste de sortie de transition. C’est dire s’il faut savoir raison garder. D’autant que lorsqu’on est une personnalité politique d’envergure, il faut parfois avoir le dos suffisamment large pour supporter les critiques ou autres vicissitudes de la vie d’une personnalité publique, pour pouvoir avancer. Comparaison n’est pas raison, mais sous d’autres cieux comme en France par exemple, l’on a pu voir un président en exercice recevoir en public, une gifle d’un citoyen lambda sans que le premier en fasse une affaire d’Etat. Quelques années plus tôt, c’est le chef de l’Etat le plus puissant au monde, le président américain, Georges Bush, qui a failli prendre en pleine figure, les chaussures d’un journaliste irakien lors d’une conférence de presse, sans que cela ne crée une crise diplomatique entre les deux pays. C’est dire si, sans vouloir rabaisser d’une quelconque façon, son honneur, le Premier ministre Chogel Maïga gagnerait à encaisser la critique. Ce n’est pas la susceptibilité à fleur de peau qui contribuera à laver son honneur.

C’est en respectant ses propres institutions et ses dirigeants que l’on contribue à les élever aux yeux du monde

D’autant que dans le cas d’espèce, il ne s’agit pas, à en croire des proches de Mariko, d’injures publiques, mais de propos tenus dans un cadre privé mais qui se sont retrouvés on ne sait comment, sur les réseaux sociaux. De là à voir dans ces recours systématiques et itératifs à la Justice, des mesures d’intimidations voire une volonté de faire taire des voix discordantes, il y a un pas que d’aucuns ont vite fait de franchir. C’est dire s’il appartient aux autorités de la transition malienne de savoir faire preuve de hauteur d’esprit pour éviter de tomber dans le piège des provocations systématiques. C’est aussi le lieu d’interpeller la Justice malienne sur le poids de sa responsabilité dans la construction de l’Etat de droit. Et surtout sur la nécessité, pour elle, de jouer sa partition en se montrant jalouse de son indépendance. Autrement dit, elle ne doit pas se laisser instrumentaliser par les pouvoirs publics. Cela dit, autant l’on peut penser que les autorités de la transition se compliquent la vie et ne se rendent pas la tâche facile en cherchant à répondre à tous les coups, autant il est permis de rappeler aux Maliens, particulièrement à la classe politique, qu’il leur revient de savoir donner à leurs institutions, le respect qu’elles méritent. Car, il est bien connu qu’une liberté d’expression débridée a aussi ses travers. Et c’est en respectant ses propres institutions et ses dirigeants que l’on contribue à les élever aux yeux du monde. Quitte à laver le linge sale en famille. Et Oumar Mariko qui est l’une des figures connues de la classe politique malienne en tant qu’élu ayant plusieurs fois siégé à la Représentation nationale, est bien placé pour le savoir. En attendant, il se paie sans doute une publicité sans frais dans cette affaire. Mais en tirera-t-il profit si celle-ci doit avoir, au bout du compte, pour lui le goût amer de la prison ?

« Le Pays »




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