Ça y est ! Les résultats de la présidentielle gambienne sont tombés. C’est le président sortant, Adama Barrow, qui l’emporte avec une nette avance sur son principal challenger, Ousainou Darboe. Le changement que certains Gambiens appelaient de leurs vœux, n’a donc pas eu lieu. Le président Adama Barrow se succède à lui-même à l’issue de ce premier scrutin post-Yahya Jammeh, qui aura mobilisé du monde. En témoigne l’affluence, le 4 décembre dernier, devant les bureaux de vote. Autre fait marquant de cette présidentielle, c’est qu’elle s’est déroulée globalement sans incident tout comme a été très civilisée, la campagne. Quand on sait que sous d’autres tropiques, les périodes électorales sont généralement émaillées de violences avec parfois à la clé, des cadavres sur le carreau, l’on ne peut que saluer la hauteur d’esprit dont ont fait montre les Gambiens qui ont réussi là où faillissent bien d’autres. Pourvu seulement que prévale cet esprit républicain de sorte que les contestations des résultats en cours se fassent par les voies légales prévues à cet effet. En tout cas, ce qu’il faut surtout éviter, c’est le recours à la rue qui, on le sait, pourrait donner lieu à des débordements et autres dérapages préjudiciables à la paix et à la cohésion sociales. Le peuple gambien qui a longtemps souffert le martyre sous la férule de Yahya Jammeh, n’a pas besoin de ça. Il aspire à plus de liberté et de démocratie.
Tout se passe comme si le maître de Banjul était allé à l’école de son voisin
Cela dit, il revient au président Adama Barrow qui vient de renouveler son bail à la Slate House, de savoir se poser en rassembleur en tendant la main à ses adversaires qui contestent sa victoire. Car, aujourd’hui plus qu’hier, aucun pays ne peut prospérer dans la haine, les rancœurs et la division de ses fils et filles. C’est dire si le plus dur est donc à venir. Le tout n’est pas de remporter une élection. Il faut réussir la prouesse de réunifier ses compatriotes dans un pays qui porte encore les stigmates de plus de deux décennies de dictature. Adama Barrow a d’autant plus intérêt à aller au charbon qu’il a déçu certains de ses soutiens. Car, faut-il le rappeler, voilà un président qui, à son arrivée au pouvoir, avait promis de ne faire qu’un seul mandat mais qui, à la surprise générale, a violé son serment en rempilant pour un second mandat. Et rien ne dit que ce mandat sera le dernier dans la mesure où, en bon calculateur, Adama Barrow n’a entrepris aucune réforme politique tendant à limiter le nombre de mandats présidentiel, ouvrant ainsi la porte aux longs règnes. Tout se passe comme si le maître de Banjul était allé à l’école de son voisin, Macky Sall, qui a finalement battu en retraite par rapport à son projet de réduction du mandat présidentiel et qui, comme si cela ne suffisait pas, est en train de faire des pieds et des mains pour ne pas faire valoir ses droits à la retraite à l’issue de son second mandat en cours. Comme quoi, le pouvoir révèle l’homme.
B.O
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