Le 9 novembre dernier, c’était au tour du Général Gilbert Diendéré, considéré comme l’une des « boîtes noires » des évènements 15 Octobre 1987, de passer à la barre pour le procès de l’assassinat de Thomas Sankara. Le témoignage du célèbre prisonnier de la Maison d’arrêt et de correction de l’armée (MACA) était très attendu car s’il n’est pas l’homme dont la gâchette a fauché la vie au Président Thomas Sankara, tout semble le désigner comme l’homme-orchestre du drame du Conseil de l’Entente. Et c’est précisément pour ce rôle présumé que les Burkinabè qui ont soif de vérité, attendaient de lui qu’il se lâchât complètement pour lever le voile sur cette ténébreuse affaire. Mais comme le dit l’écrivain, « le molosse ne change jamais sa manière éhontée de s’asseoir ». Tout comme dans le procès du putsch manqué de septembre 2015, il est resté dans le déni. Il ne reconnait donc pas les faits d’attentat à la sûreté de l’Etat, de complicité d’assassinat, de recel de cadavres et de subornation de témoins qui lui sont reprochés. Et véritablement, il n’y a, en cela, rien de surprenant car le témoignage de son chauffeur devant la même Cour, laissait présager qu’il ne plaiderait pas coupable et que, pire, une défense en ligne avait été organisée dans ce sens. Même si l’on n’en est qu’au tout premier jour de l’interrogatoire de cet homme qui était le commandant de l’unité qui a mené l’attaque contre Sankara et ses compagnons, l’on peut déjà déplorer qu’il ne se reproche rien, qu’il n’éprouve pas le besoin de soulager sa conscience et surtout d’espérer le pardon des Burkinabè qui, dans leur immense majorité, pensent qu’il faut tout simplement se dire la vérité pour passer à autre chose, au regard de la situation sécuritaire du pays.
Ce dont il est véritablement question dans ce procès, c’est une vérité qui sonnera comme une catharsis sociale
Ce devrait donc être à nouveau un rendez-vous manqué avec l’histoire. Il ne reste plus qu’aux hommes en robe de contraindre, par leur perspicacité, le prévenu à cracher le morceau. Et là, le pari n’est pas gagné d’avance. Et pour cause. D’abord en raison du temps et du long règne de Blaise Compaoré qui est le principal accusé dans cette affaire. Les 27 ans de pouvoir ont permis de tricoter un épais voile pour recouvrir la vérité face à laquelle la science moderne elle-même perd son latin au regard des résultats de l’analyse d’ADN et de l’autopsie. Ensuite, il est évident que l’homme ne se fera pas hara-kiri en participant lui-même à défaire le mythe qui l’entoure malgré son incarcération. « Le lion, dit-on, même mort, fait toujours peur ». Et pour s’en convaincre dans ce cas précis, il faut se référer aux différents témoignages qui, jusque-là, évitent de trop le charger. Et puis enfin, il y a toujours et surtout son mentor Blaise Compaoré à défendre. Jusqu’à preuve du contraire, l’alliance entre les deux hommes résiste à toute épreuve, même à celle de la déchéance et du temps. Les Burkinabè doivent-ils donc se contenter d’avaler la couleuvre et admettre qu’il y a eu mort d’homme mais que personne n’en est responsable ? Rien n’est moins sûr. Sans doute que les témoins à charge qui passeront aussi devant la Cour, permettront de faire barrage au déni. Car ce dont il est véritablement question dans ce procès, c’est une vérité qui sonnera comme une catharsis sociale permettant aux Burkinabè de se réconcilier avec leur histoire en tournant la page des règlements de comptes sanglants et permettant aussi d’exorciser toute la Nation de la spirale de violence. Et c’est en cela que le Général Diendéré qui a joué un rôle important dans le façonnage du destin de la Nation burkinabè, se devrait de s’élever au-dessus de son sort personnel pour prendre la marche du bon côté de l’histoire en passant par la seule porte de la vérité.
SAHO
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