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Kibarou

Ces végétaux qui polluent chaque année, les plans d’eau lagunaire d’Abidjan

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Alors que de nombreux experts de l’Environnement, tentent encore une fois à Glasgow en Angleterre, de persuader les décideurs politiques des pays développés, à s’engager résolument dans de véritables procédés de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, pendant ce temps, les plans d’eau lagunaires d’Abidjan, vivent leur plus grande pollution annuelle. Marquée par l’apparition des jacinthes d’eau qui couvrent leur surface, sur de grandes superficies. De manifestation saisonnière allant surtout d’octobre à décembre voire au- delà, ces végétaux aquatiques envahissants, tapissent de façon impressionnante la surface de la lagune par endroits. Un fait auquel, les abidjanais semblent s’être finalement accommodés, pour l’avoir certainement considérée comme un phénomène non permanent. Que la nature dans ses évolutions cycliques, leur imposerait chaque année.

Mais en réalité, il s’agit bien d’une pollution qui trouve ses origines dans le déversement des détritus divers au sein des cours d’eau et autres endroits où, les eaux de ruissellement les entrainent vers la lagune. Une pollution qui ne va pas sans danger. D’autant plus qu’elle empêche une oxygénation efficiente des fonds marins. Ainsi qu’une pénétration appropriée des rayons du soleil, en vue d’y entretenir ou contribuer à garantir, les conditions de vie adéquates pour la biodiversité marine. On le voit bien, il s’agit d’une eutrophisation, un endommagement de cet écosystème lagunaire, par les pratiques et autres actions de l’homme. En 1997 ; les pouvoirs publics avaient initié avec l’appui financier du Fonds pour l’Environnement mondial (Fem) , ainsi que l’assistance technique du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), un projet de lutte biologique contre ces végétaux et dont la phase pilote a duré sept ans. Ce projet a consisté à utiliser des coléoptères qui se nourrissent de ces végétaux pour vivre. Le faisant, ils provoquent ainsi leur destruction et partant leur disparition de la surface des eaux affectées.

L’expérience qui a produit d’excellents et encourageants résultats, a porté sur les bassins versants de la Bia précisément sur les plans d’eau des barrages d’Ayamé un et deux, de la Mé, de la Marahoué, des Lacs urbains de Yamoussoukro et de l’Agnéby. La suite dudit projet consistait tout simplement pour les pouvoirs publics, de manifester auprès des bailleurs de fonds, le désir de l’étendre à l’ensemble des autres bassins versants de la Côte d’Ivoire. A défaut de pouvoir amener les populations en amont comme en bordure des cours d’eau, d’abord à comprendre toute leur responsabilité dans l’apparition des différents végétaux qui prolifèrent sur leur surface. Ensuite, à se départir des mauvais comportements et autres pratiques quotidiennes dans la gestion des ménages, et activités professionnelles en produisant des déchets liquides et solides, qui favorisent en milieu marin, la croissance de ces plantes.

En dépit des exhortations des différents experts acteurs du projet, cette méthode de lutte biologique contre ces végétaux aquatiques envahissants, n’a jamais été étendue aux autres bassins versants du pays. Certainement pour des raisons de priorités, jugées à l’époque plus importantes ou encore primordiales par rapport à cette suite qu’il fallait donner audit projet. De sorte qu’à ce jour, nombre de bassins versants restent en permanence envahis par ces plantes étouffantes. A la différence des cinq bassins ayant subi la phase pilote du projet et sur lesquels, leur apparition annuelle n’est que temporaire. Et ce, du fait de la présence permanente des coléoptères. Les plaintes récurrentes des environnementalistes, écologistes, biologistes marins etc pour la relance de la lutte avec l’utilisation des insectes n’a jusqu’ici rien donné, auprès des pouvoirs publics. Pendant ce temps, les eaux affectées par cette pollution voient leur lit se rétrécir par endroits. Il s’opère un ensablement progressif favorisant l’extension de ces végétaux et partant, la destruction irréversible de leurs écosystèmes. Dont la première conséquence est leur appauvrissement en espèces halieutiques. Pendant combien de temps encore cela va-t-il durer ?

Moussa Ben Touré






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