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Economie

L’Enquête du jeudi.Côte d'Ivoire. Ceux qui organisent la pénurie de monnaie

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Cela fait quelques années qu’à travers la ville d’Abidjan, obtenir des pièces de monnaie, après un achat effectué dans une boutique, au marché comme au supermarché est devenu un véritable casse-tête pour tous. C’est qu’il n’y aurait plus assez de pièces de monnaie en circulation, pour cause de thésaurisation, de la part de certaines personnes. Tout comme il se raconte aussi que, le nombre des utilisateurs s’est accru, pendant que la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) n’émettrait plus assez de monnaie. Conséquence, il s’est développé un commerce de pièces d’argent et de billets de banque. Lequel consiste à payer de l’argent pour obtenir la monnaie en pièces ou en billets de petites coupures .Cette activité semble être florissante car elle prend de l’ampleur dans le pays, singulièrement à Abidjan. Les acteurs de ces transactions financières se comptent dans plusieurs couches de la société. Le plus surprenant est que, des personnes, auxquelles l’on ne peut s’attendre dans la pratique de cette activité y sont citées..

En effet, au nombre des pratiquants sont pointés du doigt, des agents de la Société des transports abidjanais (SOTRA). Alors que des clients de la compagnie de transport sont régulièrement renvoyés des guichets pour manque de monnaie, certains des agents chargés de la vente des tickets vendent des pièces et des billets à de tierces personnes. Révélation faite par P. N., un jeune homme, commerçant de produits divers, à la gare nord de la Sotra à Adjamé. « Des agents de la Sotra vendent la monnaie. 10 000 FCFA de jetons pour 200 FCFA, et 5 000 FCFA pour 100 FCFA », déclare –t-il.

C’est de la même pratique que Léandre Kouamé, employé dans une agence de communication de la place, a entendu parler, alors qu’il était allé se désaltérer dans une buvette située en face du siège de GT Bank au Plateau. Après avoir étanché sa soif, Léandre Kouamé remet un billet de 5 000 F cfa au tenancier. Une somme de laquelle celui-ci doit retirer 1 000 F pour la bouteille de jus de fruit, qu’il a consommée. Après s’être décarcassé comme un beau diable pour faire la monnaie, le tenancier retourne rendre compte à son client en l’exhortant à la patience. Quelques minutes après, il revient et demande au client de lui remettre une pièce de 100 FCFA. Ce dernier s’exécute non sans avoir demandé les raisons. « Il y a quelqu’un en face qui fait la monnaie, moyennant de l’argent. Pour 5 000 FCFA, il demande 100 FCFA », lui explique le gérant de la buvette. Malheureusement, il ne trouvera pas en place, celui qui fait la monnaie.

Informé de ce fait par cet employé d’agence de communication, nous avons voulu le vérifier par nous-mêmes. Le mercredi 13 octobre 2021, nous arrivons au Plateau, précisément devant le magasin où se font les échanges de billets de banque, après 11 heures. Le magasin se trouve dans le prolongement de GTBank. Debout à la devanture, des jeunes gens incitent la plupart des passants, à venir acheter leurs articles placés sur des tables disposées de part et d’autre de la porte d’entrée du magasin. Au nombre des articles figurent, entre autres, des pantalons, des chemises, des ceintures, des costumes, des cravates. L’ambiance qui prévaut ne peut pas laisser imaginer un seul instant qu’il y a un commerce d’argent qui se passe à l’intérieur. « Celui qui fait la monnaie est située à la deuxième porte sur le côté droit », indique un commerçant du coin à qui, nous nous sommes adressés. L’intérieur du magasin est scindé en plusieurs box. Différents vendeurs les occupent. Nous n’avons pas eu de difficulté à reconnaitre celui que nous cherchions. Assis sur une chaise, l’homme de teint clair, avait la tête baissée. Il comptait précautionneusement des billets de banque.

A chacun son taux d’intérêt

« Je fais la monnaie de 10 000 Fcfa en billets de mille Francs moyennant 200 Fcfa. Pour 5 000 FCFA, je prends 100 F cfa », indique le monnayeur. Après avoir répondu à nos préoccupations, il continue de compter les billets qu’il avait en main. Les taux d’intérêt pratiqués par un autre monnayeur situé au grand marché d’Abobo sont un peu plus élevés. Installé devant une cours commune à une centaine de mètres de l’agence de la CIE d’Abobo centre, celui-ci qui semble être bien connu dans le coin, ne remet que des pièces de monnaie, contrairement au monnayeur rencontré au Plateau qui utilise les billets. Ainsi à qui voudrait monnayer un billet de dix mille Fcfa, il remet 10 000 F cfa de pièces de monnaie, en exigeant 1 500 F cfa, de frais. Et pour 5 000 Fcfa il demande 350 Fcfa de frais

Un autre acteur nous est signalé dans la commune d’Adjamé. Il a installé ses quartiers au sein de la grande mosquée. Il donne pour sa part aussi bien les pièces que les billets. « Il y a un monsieur qui vend les pièces d’argent dans la mosquée. Il applique un taux d’intérêt de 10%. Vous pourrez le voir à la mosquée après la prière ». C’est par ces informations que dame Coulibaly Djènebou, commerçante de produits divers, assise devant un super marché , nous l’indique. Nous nous rendons à la mosquée après la prière. Renseignements pris, un homme qui s’apprêtait à sortir de là, nous montre le lieu précis où se trouve le vendeur de monnaie. Nous le trouvons assis à quelques pas de la porte d’entrée. De teint noir, il a mal à un œil, avec un handicap à l’une de ses mains. A notre pseudo désir de faire la monnaie, il a répondu qu’il ne disposait pas d’argent pour l’instant. « Passez après », indique un homme assis à côté de lui.

Une pratique pourtant interdite


Qu’est ce qui pourrait expliquer l’importance qu’a pris ce business ? « La rareté des pièces d’argent ainsi que les billets de banque », lâche tout de go Nadège Konan, institutrice dans un établissement privé de la place. De l’avis de dame Aminata Kaba, vendeuse de produits cosmétiques au grand marché d’Abobo, « les personnes qui brassent beaucoup de pièces d’argent et de billets de banque au cours des activités qu’elles mènent, profitent de la rareté des pièces de monnaie pour se mettre plein les poches, en vendant la monnaie, plutôt que de l’échanger gratuitement avec ceux qui en ont besoin ». La vendeuse de produits cosmétiques met en cause, les apprentis des gbakas. « J’ai vu à maintes reprises certains d’entre eux vendre de la monnaie à une vendeuse de médicaments de la rue bien connue, exerçant non loin des locaux de l’agence CIE d’Abobo centre. Pourtant, très souvent les apprentis se plaignent quand certains de leurs clients ne montent pas dans leur mini car avec des pièces de monnaie ». Elle plaint également les usagers de la Sotra. Car dit-elle, ils sont obligés de courir de guichet en guichet, pour l’achat d’un ticket de bus du fait de cette situation malheureuse. Pendant que certains guichetiers s’adonnent à ce commerce de pièces de monnaie.

Interrogé sur la pratique, Me Gbe Gonssan Henri, commissaire de justice, qui tient un cabinet à Abobo, indique que cette pratique est interdite par la loi en Côte d’Ivoire. Il s’étonne alors de voir que personne ne lève le petit doigt pour la combattre. Méconnaissance du fait, ou simple laxisme des autorités administratives en charge de combattre ce commerce ?


Junior Jeremy





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