Nous avions apprécié en son temps, la détermination des pays africains, à vouloir mettre au point leurs propres vaccins contre le coronavirus 2019. Une expression louable de souveraineté. Qui encourage et renforce quelque peu, la crédibilité des gouvernants du continent aux yeux de leurs populations. La mutualisation des moyens et connaissances scientifiques et technologiques, de ses différents Etats, en vue de produire un ou des vaccins made in Africa, tel que souhaité par nombre d’africains, ne semble pas intéresser les leaders politiques du continent. En revanche, des initiatives étatiques individuelles, se manifestent qui méritent d’être soutenues. La plus concrète est à ce jour celle de l’Algérie, avec l’appui de la Chine. Ici, on a franchi le stade du simple projet. Depuis le 29 septembre dernier, l’on est passé à la réalisation effective de cette légitime ambition de vouloir mettre au point, son propre vaccin. Ainsi ce sont 2, 5 millions de doses vaccinales qui devront sortir de l’unité de fabrication de l’entreprise pharmaceutique Saïdal, localisée dans la ville de Constantine. Voilà qui est concret et qui devra inspirer bien d’autres pays sous les tropiques. Tant il est vrai que c’est bien de cette façon que, l’Afrique saura s’affranchir de la tutelle occidentale dans la lutte contre cette pandémie du coronavirus 2019, par l’usage des vaccins.
Les ex colonisateurs auraient suffisamment tort de s’en prendre encore une fois aux pays africains, au nom d’une certaine historicité de leurs lointaines relations avec l’Afrique, si tous ses pays, sinon la plupart d’entre eux, venaient à emboiter le pas à l’Algérie. Précisément, en faisant appel à la coopération chinoise pour la fabrication de leurs propres vaccins. C’est que, l’attitude adoptée jusqu’ici par les laboratoires occidentaux, auteurs des vaccins les plus utilisés en Afrique, contre ce Coronavirus, incite à le faire. En effet, tout porte à croire qu’ils voudraient d’abord, tirer le maximum de profits financiers de la commercialisation desdits vaccins. Et ce, pendant longtemps encore, avant d’en céder les brevets de reproduction aux pays africains, qui restent un marché juteux pour eux. Ce qui explique leur mutisme ou désintérêt à l’égard de la proposition à eux faites, de suspendre leurs brevets de fabrication. C’est aussi pour cette même raison, qu’ils apportent tout le soutien et l’attention soutenue au mécanisme de solidarité que représente le Covax. Par le biais duquel, les vaccins parviennent à l’Afrique, après que des sommes non négligeables, ont été versées aux unités de fabrication. A ce dispositif de solidarité qui ambitionne d’acheminer d’ici à la fin de l’année 520 millions de doses de vaccins aux africains, s’ajoutent les achats de vaccins qu’effectuent par leurs propres moyens, les pays africains à coup de centaines de millions d’euros. Des dépenses imprévues, péniblement effectuées et qui viennent fortement éprouver leurs budgets et entraver subséquemment, divers programmes et projets de développement. Il y a aussi, les dons de vaccins, faits par les chancelleries occidentales aux pays du continent, Pour entretenir l’excellence des liens de coopération entre ceux-ci et les nations développées représentées sur leur sol. Et consolider par ce fait même, la dépendance du continent à leur égard.
Pendant qu’ils encouragent le maintien de ces différentes formes d’accès des africains aux vaccins, les vagues de contamination se multiplient sur le continent. Mettant bien à mal ses dirigeants et leurs populations. Le risque à ce niveau est celui de voir plusieurs pays souffrir davantage, avant d’atteindre le taux de 10% de populations africaines vaccinées que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) vise. Pour ne pas que l’Afrique devienne plus tard, le foyer ou la pourvoyeuse du virus à l’échelle planétaire. Tant les besoins en vaccins sont immenses, alors que les quantités qui lui sont envoyées sont toujours insuffisantes et que la maladie gagne du terrain. Seuls 15 pays peuvent se targuer d’avoir atteint ce taux actuellement.
Moussa Ben Touré