Les crises militaro-politiques que le pays a connues ont également beaucoup affecté le parc national de la Comoé. Selon le directeur de la zone Nord-Est de l’OIPR, le lieutenant-colonel Yao Kouadi Roger les campagnes de sensibilisation continuent sur le parc national de la Comoé dont les riverains bénéficient toujours de micro-projets agro-sylvio-pastoraux et de la réalisation d’équipements sociaux et économiques. De même, un concours a mis en compétition tous les villages installés autour du Parc. Au terme de l’évaluation, c’est l’association villageoise de conservation et de développement du village de Kokpingué qui a remporté le prix « vert de la conservation du parc national de la Comoé » au titre de l’année 2021. Selon Ouattara Kouamé, le président de cette association, les projets initiés en leur faveur ont permis de réduire sensiblement la pauvreté en milieu rural, à travers la création d’activités génératrices de revenus tels que l’élevage de coquelets, de pondeuses, la mise en place de moulin multifonction et bien autres réalisations. « Pour notre part, nous collaborons franchement avec l’OIPR pour alerter sur tout comportement suspect autour du parc qui demeure du reste notre patrimoine commun. Aujourd’hui, les agressions ont considérablement diminué dans le parc. Les animaux sont de retour en grand nombre. Avec tous ces acquis, nous pouvons valoriser le parc par l’écotourisme » fait remarquer Ouattara Kouamé.
Les éléphants de retour dans le Parc
Abondant dans le même sens, Nanan Bédi Bimpè II, président des chefs traditionnels riverains du parc, au nom des populations, a rassuré quant à son engagement à protéger contre vents et marées le Parc national la Comoé. Ce dont s’est réjoui le colonel-major Tondossama Adama, directeur général de l’OIPR qui a félicité les autorités locales et les populations pour leur implication tous azimuts dans la protection du Parc.
Au plan écologique, il est à retenir que la population d’éléphants a augmenté considérablement, contrairement aux années précédentes où les pachydermes n’étaient plus visibles au Parc. « L’une de nos fiertés, c’est que les éléphants qui ne n’étaient plus visibles dans le Parc, sont aujourd’hui de retour en grand nombre. D’autres espèces en voie de disparition sont aussi visibles dans le Parc. La faune s’enrichit de plus en plus avec des espèces rares d’oiseaux, les chimpanzés, les bubales, les singes etc », a dit le lieutenant colonel Yao Roger. Des propos confirmés par le colonel Ouattara Amara, chargé du suivi écologique du Parc qui a révélé que même des traces de panthère, (une espèce est en voie de disparition) ont été observées. Ce qui était révolu il y a quelques années.
Tous ces acquis risquent d’être hypothéqués par des braconniers et des orpailleurs. A cette liste des fossoyeurs du patrimoine faunique et floristique, il faut ajouter la menace des terroristes dont la présence est signalée à la frontière de la Côte d’Ivoire avec le Burkina Faso. Du coup, ce sont 45 000 hectares du Parc national de la Comoé dont le contrôle échappe aujourd’hui aux agents de l’OIPR de la zone Nord-Est. Une situation dénoncée par le directeur général de l’environnement lors de la 31e réunion du CGL du Parc.
Pour Aboua Gustave, « tous les moyens doivent être déployés par l’Etat ivoirien pour reconquérir la partie du Parc national de la Comoé sous la menace des terroristes ».
Drones, hélicoptère et caméras
Cette doléance n’est pas tombée dans des oreilles de sourd, à en croire le préfet de la région du Bounkani, M. Kpan Dro qui a rassuré que tous les moyens seront mis en œuvre à cette fin. « Il faut que nous exercions le contrôle sur l’intégralité du Parc. Certainement que des sites d’orpaillage y sont créés. Nos allons agir » a martelé le préfet de la région du Bounkani.
Dans cette dynamique et dans le souci d’une meilleure surveillance du Parc national de la Comoé, la direction chargée de la gestion de cette aire protégée s’est dotée de drones et d’un hélicoptère de type ultra moderne motorisé. En plus, des caméras ont été aussi installées dans le parc. Une technologie à la hauteur de l’ambition des responsables de la gestion du Parc national de la Comoé qui aspire être l’un des fleurons des aires protégés naturelles de l’Afrique et même du monde.
Traoré Moussa
Correspondant régional