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Côte d’Ivoire. Bouaké : Au secours, la Sotra arrive ! (Reportage)

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Annoncée à grand renfort de publicité, l’arrivée à Bouaké, des bus de la Sotra (Société des transports d’Abidjan) crée la panique chez les taxis communaux, gbaka (minicars qui desservent les quartiers) et mototaxis.

Ce n’est pas la grande sérénité chez les chauffeurs de taxi communaux, gbaka et mototaxis de la capitale de la région de Gbêkê, Bouaké. Eux qui ont déjà d’énormes difficultés à joindre les deux bouts depuis l’avènement des motos en provenance des pays asiatiques. Presque tous les jeunes gens et femmes sont propriétaires d’une moto à Bouaké. Ce qui ne facilite pas du tout la tâche au transporteurs communaux. Malheureusement pour eux, ils devront faire encore face à l’arrivée très prochaine des bus de la Sotra, plus précisément à la rentrée scolaire 2021-2022. C’est la peur et l’inquiétude dans les différents états-majors de ces « débrouillards » du transport en commun.

Jeudi 12 août 2021, nous avons rencontré un groupe de jeunes chauffeurs à la gare de gbaka de Dar-Es-Salam. Issouf Koné qui fait la ligne Grand Marché – Dar-Es-Salam et Tolakouadiokro depuis plus de dix ans, ne cache pas ses inquiétudes. « Nos gbaka sont en mauvais état, on se débrouille pour nourrir nos familles avec ça. Mais avec l’arrivée des bus, c’est sûr que nous perdrons une bonne partie de notre clientèle. Déjà que les mototaxis nous ont pris une bonne partie de cette clientèle, on ne sait plus ce qui va arriver ; on attend de , lance, inquiet, le jeune homme.


Mototaxis : chômage à l’horizon 


Pour donner corps au projet de la Sotra, les agents de cette structure ont procédé à l’installation des panneaux d’arrêt dans tous quartiers de la ville le 16 juillet 2021. Ce qui n’est pas du goût des conducteurs de mototaxis. Dans une gare de mototaxis, située au quartier Koko, dans un langage propre à leur milieu, les conducteurs trouvés sur place nous ont donné leur point de vue. « Vié père (aîné) toi-même il faut voir, il n’y a pas travail, on se débrouille avec nos motos pour nous nourrir et ils veulent venir nous gbra (mettre au chômage) encore avec ça. Est-ce que c’est normal ?», nous a interrogé Amara Doumbia, l’air abattu sur sa moto. Son collègue Yao Amani renchérit pour dire que « les bus veulent nous mettre au chômage ». Un responsable des conducteurs de moto-taxis qui n’a pas voulu être cité dans la presse, a soutenu qu’à Bouaké, la ville compterait aujourd’hui près de 10 000 moto-taxis et que ce secteur serait une véritable industrie à ciel ouvert après la fermeture des différentes usines de la ville.

Mototaxis, gbaka et taxis communaux (woroworo), bonnet blanc, blanc bonnet

Des taxi-motos aux les taxis communaux « woroworo », l’on est tenté de dire que c’est blanc bonnet, bonnet blanc. Les chauffeurs de woroworo grincent également des dents.

Hamed Touré est chauffeur de taxi à Bouaké depuis bientôt 15 ans. Selon lui, les taxi-motos ont complètement réduit leur clientèle et ils sont obligés de batailler dur pour faire recette. A l’en croire, de 20 000 francs CFA comme recette journalière, les taxis communaux sont passés aujourd’hui à 10 000 francs CFA, en partie à cause des mototaxis. C’est donc dans cette guéguerre entre gbaka, woroworo et moto-taxis que les bus de la Sotra viennent se « jeter », comme pour leur ravir le peu de clientèle qui reste. “Avant l’arrivée de la Sotra à Bouaké, déjà les taxis-motos coupent la poire en deux avec nous. Avec l’arrivée des bus de la Sotra, la situation sera encore très difficile. Bouaké n’est pas une grande ville comme Abidjan. Il n’y a pas assez d’hommes comme à Abidjan. Cela créera forcément un autre genre de chômage. J’ai peur que le banditisme revienne au galop à Bouaké », prévient Sam Honaré, chauffeur de taxi.


Les habitants se frottent les mains

Pendant que chauffeurs de gbaka, taxis communaux et conducteurs de moto-taxis pleurent et craignent pour leur sort, les habitants de Bouaké sont aux anges. Au premier rang de ces heureux, les élèves, étudiants et parents d’élèves.

Pour les étudiants, cette initiative du gouvernement ivoirien, pilotée par le ministre des Transports, Amadou Koné, vient à point nommé. Mieux, à Bouaké, les étudiants voient désormais Amadou Koné, comme un messie venu sortir la ville de sa léthargie.


Être au cours a temps et à moindres frais


« L’arrivée des bus à Bouaké est une chose qui nous dépasse. Nous n’y croyons pas jusque là. Nous attendons de voir. Mais en tout état de cause, nous disons grand merci à ce bienfaiteur qu’est le ministre des transports Amadou Koné », lâche Séraphin Kouadio, étudiant en lettres modernes. « Certains parmi nous sont obligés de marcher pour aller au cours. Mais avec la Sotra, on est sûr d’être au cours et à moindre frais », renchérit Delphine Sery. De nombreux parents d’élèves et le commun des mortels interrogés, ont répondu, comme un seul homme, qu’ils préfèrent de loin les bus qui sont plus sécurisés.


Koffi Koffi

Correspondant régional




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