Après Idriss Deby Itno, tué par des balles ennemis, officiellement au front de la lutte contre une rébellion armée, Assimi Goïta du Mali et Andry Rajoelina de Madagascar ne seraient pas passés loin d’être des moutons du sacrifice d’une Afrique aux Etats instables.
Quand ce ne sont pas les crises post-électorales qui déchirent le tissu social, ce sont des rébellions armées ou des groupes terroristes qui font vaciller ces Etats dans leurs fondements ou tout au moins en leurs sommets. Quand s’y ajoutent des atteintes ou tentatives d’atteinte à la sûreté de l’Etat, le cocktail n’est pas rassurant pour la perspective d’enraciner la démocratie dans des Etats stables sur le continent. Ainsi va l’Afrique sous le soleil des indépendances au rythme de l’éternel recommencement des fondations d’institutions toujours remises en cause par le kaki ou le treillis.
Le colonel Assimi Goïta, auteur de 2 coups d’Etat en 11 mois, l’a donc échappé belle, et 48 heures après cette tentative de l’assassiner, l’évènement suscite plus de questions qu’il n’apporte de réponses au Mali dans sa quête de la paix et de la stabilité. Qui en veut donc au président de la transition ? Cette tentative d’assassinat est-elle un acte isolé ou est-ce la partie visible d’un plan d’atteinte à la sûreté de l’Etat ? Des membres de sa garde rapprochée faisaient-ils partie de ce complot si complot il y a eu ? Faut-il voir en cet attentat manqué la main des pseudo-djihadistes qui écument des recoins du Sahel ?
En attendant que l’agresseur interpellé passe des bras de Morphée à la table des aveux devant les enquêteurs, les gargotes de Bamako et d’ailleurs bruissent de rumeurs dont certaines vont jusqu’à remettre en cause la véracité de cette tentative d’assassinat. Et les vidéos de la présumée attaque et de l’arrestation de l’agresseur qui circulent sur les réseaux sociaux, selon certains sécurorcates, confortent les tenants de la thèse d’un vrai faux complot. Pourquoi ?
Pour communiquer sur l’unité et la réconciliation nationale, pardi ! Et au passage, nettoyer les écuries de la garde rapprochée, tout en saisissant l’occasion de le doter d’une armada plus dissuasive que la dizaine de pick- up et l’unique motard qui constituaient jusque-là l’escorte présidentielle. C’est connu, beaucoup de nos princes ont lu Machiavel et ne manquent pas de ruse pour consolider leur emprise sur l’Etat. On est donc toutes oreilles tendues vers Bamako s’il est vrai que la journée d’hier a été décisive pour «avancer vraiment dans l’enquête», selon des sources proches du dossier, relayées par des confrères.
Quid de Madagascar et du projet des 6 «conjurés» pour «assassiner de hautes personnalités dont le président Andry Raejolina», selon les déclarations de la procureure générale ? Un autre complot contre la sûreté de l’Etat ou un traquenard contre des adversaires politiques, comme seuls savent en monter les imperators qui ont peur d’être déboulonnés de leur capitole ?
Pour l’instant, on n’en sait pas plus que l’identité des comploteurs présumés, ostensiblement mise en avant, comme si leur nationalité étrangère (1) ou binationale (2) et leur formation de saints-cyriens ajoutaient aux preuves matérielles qui les chargent, selon la justice malgache. Quoi qu’il en soit, ces arrestations confirment les tensions politiques actuelles sur la Grande île et vont précipiter le changement de gouvernement qui était attendu ou, au contraire, le repousser aux calendes grecques.
Bref, du Mali à Madagascar, ces tentatives d’assassinat, ou présumées telles, sont un pavée dans la mare déjà bien trouble de la sûreté précaire de bien des Etats en Afrique subsaharienne. De quoi inquiéter les démocrates qui y militent pour l’avènement d’institutions fortes en lieu et place d’hommes forts.
Zéphirin Kpoda
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