Grâce à son grand talent d’artiste, Pépé Stanislas a su se faire une place au sein des rédactions de télévision, de journaux de Côte d’Ivoire et d’ailleurs. Installé depuis plus de 20 ans dans les Yvelines, en région parisienne, Pépé continue de croquer les contours et les aspérités de la société, de notre monde. Ce grand dessinateur et décorateur dans des émissions de la RTI avec Geneviève Wanné, ou encore à ‘’Appelez-moi Léo’’ de Tantie Léo, c’est aux quotidiens Fraternité-Matin et Ivoir’Soir qu’il a été véritablement révélé au public. Dans ce nouveau numéro, votre Magazine préféré 100pour100culture est allé à la rencontre de ce grand caricaturiste ivoirien…
Bonjour Pépé, pour commencer cette interview nous voulons revenir sur votre décoration en date du 17 décembre 2020 par L’Etat ivoirien. Un évènement passé quelque peu sous silence à cause du Coronavirus. Dans quel contexte avez-vous reçu ce prix et quel sentiment vous anime-t-il ?
Je rends gloire à Dieu. Je suis très content franchement. Puisqu’après des années, les gens ont pu penser à moi. C’est ça aussi une force. C’est vrai que c’est bizarre, mais ça fait plaisir. Pour récupérer la médaille, je n’étais pas en Côte d’Ivoire. C’est mon fils qui a pu la récupérer pour me la donner, vu qu’il est en Côte d’Ivoire.
Il y a environ 25 ans, vous quittiez votre pays la Côte d’Ivoire pour d’autres horizons au moment même où vous êtes une des références de la caricature de presse. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
Juste que j’avais un peu marre de l’environnement qui ne cessait de se dégrader au sein de la rédaction. J’ai vu ailleurs et c’était mieux. Donc j’ai préféré y aller sans crier gare.
Vous êtes installé depuis 20 ans dans les Yvelines à croquer l’actualité en dessin. Peut-on en savoir un peu sur votre vie professionnelle ?
Je suis en freelance ici en Europe pour ne pas dire à Paris en France. Je vends mes caricatures à des magazines, à des journaux, à la presse en ligne. Je ne peux pas tous les citer compte tenu de la situation surtout avec celle que tu connais au niveau des caricaturistes après ce qui s’est passé avec “Charlie Hebdo”.
On vous sait dans la proximité de grands dessinateurs mondiaux, pouvez-vous nous en donner quelques références et la nature de vos rapports ou collaboration ?
Très heureux. Ici il y a une bonne collaboration, Il y a la liberté des sujets et on ne t’impose rien. C’est juste l’accent africain que je mélange avec celui des Européens. Et avec ma philosophie de bouddhisme, une religion que je pratique depuis longtemps, je ne m’attarde pas sur le négatif. Je suis toujours zen et je fais mon boulot tranquillement.
Quel est votre regard aujourd’hui sur la caricature de presse en Côte d’Ivoire, les choses ont-elles évolué ? Y a- t-il des choses à faire ?
En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, les caricaturistes ivoiriens, je crois que dans le domaine des arts,on n’a pas de la caricature. Il est difficile de juger les autres. Seul le peuple ivoirien saura en juger et remarquer s’il y a une progression.
Il est évident que durant toutes ces années vous n’avez pas pu maintenir le contact avec vos fans en Côte D’Ivoire. Ceux-ci étaient quand même très nombreux à vous suivre à la télé, à la radio et dans les journaux des amertumes à ce niveau ?
Non ils ne sont pas orphelins puisqu’il y a les réseaux sociaux. Et d’ailleurs je reçois beaucoup de félicitations par rapport à ce que je fais.C’est vrai sur le terrain je ne suis plus là-bas, mais à partir d’ici, ils reçoivent tout ce que je fais donc il n’y a pas de problème et j’en suis fier. Je remercie toujours les Ivoiriens de me soutenir.
Pépé c’est quand même 25 ans de dessin de presse cela se célébrera-t-il si oui comment ?
Bien sûr. J’ai commencé en 1982, là je suis en train de préparer une BD. Je crois que je ne vais pas d’abord rentrer dans les détails parce qu’il faut laisser les lecteurs en juger. Ça sera une occasion pour moi de fêter depuis ou j’ai commencé et rendre hommage à tous ceux qui m’ont tendu la main (femmes, hommes…) en gros tout le peuple. J’ai mis l’accent sur les femmes, celle-là même grâce à qui nous vivons. C’est aussi une occasion pour moi de remercier ma mère et mon épouse.
Devrait-on s’attendre à cette célébration en 2022 avec cette BD ?
C’est probable et la BD est bien avancée. En ce moment, nous sommes en préparation avec la structure Ivoiro-Suédoises IMC (InterMediaire Consulting) qui en sera l’éditeur. Ça sera un mélange de fiction et de réalité. Quelque chose de jamais vu en BD. Je fais intervenir des personnages que j’ai côtoyés durant toutes ces années dans le milieu professionnel, des amis et aussi des autorités du pays qui ont joué un rôle essentiel dans la culture. A côté, la femme y aura une place de choix pour aborder son autonomisation qui est une réalité aujourd’hui.
A propos, avez-vous gardé un contact professionnel avec le milieu de la BD en Côte d’Ivoire depuis que vous vous êtes expatrié il y a 25 ans ? Nous faisons allusion à des projets et autres…
Objectivement non jusque-là pour des raisons qui me sont personnelles.
A quand remonte votre dernier séjour en terre natale ? Songez-vous à un retour au bercail, si oui ce retour est-il porteur de projets ?
Ma dernière visite en Côte d’Ivoire remonte à 2016. Je compte y retourner très bientôt lorsque la situation sanitaire liée au Covid sera rétablie. Des projets, oui j’en ai, mais celui qui me préoccupe le plus est la création d’une école d’art qui prendra en compte toutes les disciplines artistiques et cela dans le but de donner la chance à de jeunes talents et surtout leur donner la chance d’évoluer dans des conditions professionnelles, mais aussi permettre de perpétuer notre culture qui est en quelque sorte le socle de notre pays.
Firmin KOTO