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Economie

L’Enquête du jeudi : Côte d’Ivoire .Des augmentations abusives de tarifs de transport constatées

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Alors que les populations de Côte d’Ivoire éprouvent ces temps-ci mille et une difficultés pour faire face aux incessantes augmentations de prix des aliments de grande consommation et bien d’autres, il se trouve que des transporteurs aussi ont trouvé le moyen d’opérer la hausse des coûts du transport sur des lignes, desservant des villes de l’arrière- pays. En effet, il n’est pas bon d’emprunter certaines compagnies de transport ces temps-ci. Sans avoir été préalablement informé de ces augmentations de tarifs. Ce fait que d’aucuns qualifient légitimement d’arbitraire, relève paradoxalement de l’initiative des leaders du secteur.


Divergence de vue

Les compagnies qualifiées de ‘’grandes’’ ont en effet, décidé d’un commun accord d’augmenter les frais de transport sur un certain nombre dessertes. C’est ce qui nous a été confié par Dahouda Keïta, le chef de la station d’Adjamé de la société AVS. Les compagnies concernées par ces revalorisations sont surtout UTB et AVS. L’entreprise UTB a augmenté ses tarifs sur 5 lignes. Tandis que AVS s’est limitée à deux lignes. Nous nous en sommes aperçus, lors de notre passage le mardi 1er juin 2021. Les deux compagnies ont augmenté le coût des tronçons Abidjan-Bouaké et Abidjan-Daloa. Elles sont toutes deux passées de 6 100 Fcfa à 7 100 Fcfa. Soit 1 000 Fcfa de plus que les usagers déboursent désormais pour se rendre à ces différentes destinations. C’est la même majoration que UTB a fait pour les trajets Abidjan-Toumodi et Abidjan-Dimbokro. Le parcours de la distance Abidjan-Béoumi a pour sa part été fixé à 8 100 Fcfa.

La question logique que toute personne pourrait se poser en pareille circonstance est de savoir la ou les raison(s) de ces augmentations. Les réponses données par les responsables des deux sociétés de transports nous ont laissé stupéfaits. A cette question, Yao Kouamé Honoré, le chef de gare UTB d’Adjamé répond avec hésitation : «heeeeeee, c’est suite à l’augmentation du prix du carburant que les patrons ont demandé d’augmenter le coût du transport. C’est ce que j’ai constaté… ». Ce responsable de la société UTB s’est mélangé les pédales quand nous avons demandé le nouveau prix du carburant. Il dira : «…moi je ne peux pas dire les trucs à leur place (les patrons) ». Les propos tenus par ce responsable donnent plutôt à croire qu’aucune raison n’a été évoquée officiellement pour justifier cette majoration. Cette situation, selon Yao Kouamé Honoré, est intervenue à UTB au cours de la période de la fête de Pâques. « En principe après la Pâques, nous devrions ramener les prix à leur coût initial. Mais c’est après cette fête que l’augmentation du coût du carburant est survenue ». Le chef de la station d’Adjamé de la société AVS nous a paru très embarrassé quand nous l’avons interrogé sur les raisons avancées par ses patrons pour expliquer l’augmentation des tarifs. « Je ne rentre pas dans ça », dira-t-il pour couper-court. Néanmoins, il pense comme son confrère de UTB qu’elles ont un lien avec l’augmentation du prix du carburant.

Si l’on s’en tient aux affirmations de Yao Kouamé Honoré, chef de gare UTB d’Adjamé, les clients ont grogné au départ. Mais ils ont finalement accepté de faire avec. De l’avis de Allou David, ingénieur en son, les compagnies peuvent augmenter leurs prix, mais elles ne doivent pas exagérer.

Après le ton donné par UTB et AVS, avec l’effet boule de neige, il faut s’attendre à ce que que les autres compagnies de transport leur emboitent le pas. Bakayoko, chef de gare de la société AT Transport, qui assure également le tronçon Abidjan-Bouaké, dit à ce propos :« nos tarifs n’ont pas augmenté pour l’heure, mais ils peuvent l’être du jour au lendemain ». La compagnie Le Labelle Transport, qui dessert Abidjan-Daloa n’a pas voulu différer cette majoration. Les frais de transport, selon des agents de la gare sont passés de 6 000 Fcfa à 7 000 Fcfa pour le tronçon Abidjan-Daloa. Rencontré l’après-midi du mardi 8 juin, le chef de gare de cette compagnie nous a opposé une fin de non-recevoir. Arguant qu’il fallait qu’il ait le quitus de sa direction avant de se prononcer.

Avec cette ambiance d’augmentation qui prévaut dans le secteur du transport, les responsables de certaines compagnies ont fait le choix de conserver leurs tarifs. Du moins pour l’heure. C’est le cas de CTE. Djacobi Julien Konan, responsable de la gare Adjamé-Daloa de ladite société, explique qu’au cours de la dernière réunion, qui s’est tenue en présence de la directrice générale, ainsi que le président directeur général (PDG) de la société, l’augmentation des coûts de transport n’a nullement été évoquée. « Je ne pense pas que d’un moment à l’autre, nous allons changer les prix. A mon humble avis, je ne le pense pas », souligne celui-ci. D’ailleurs, il affirme ne pas voir l’utilité de le faire. Dans la mesure où « l’augmentation du coût du carburant en tant que telle n’est pas trop élevée ». Elle ne devrait, selon lui, pas donner lieu à une revalorisation du coût du transport. Cependant, il pense que chaque compagnie a sa manière d’appréhender les choses. Au niveau de la société GTI, qui relie Abidjan-Man-Odienné, on a décidé de faire le contraire de ce qui est fait par UTB et AVS. Une réduction du tarif a été faite. Les frais de transports du trajet sont ainsi passés de 12 100 Fcfa à 8 100 Fcfa. Selon un apprenti, il s’agit d’une offre valable pour les grandes vacances. « Espérons que ce type d’actions se multiplie. Pour contraindre ceux qui ont procédé à des augmentations ou qui envisagent de le faire d’y renoncer », s’en réjouissent les usagers.

Nous avons joint via mail le président de la Confédération des organisations de consommateurs de Côte d’Ivoire (Coc-ci), Jean Baptiste Koffi, en vue de recueillir sa réaction au sujet de cette situation. Pour lui, une hausse de 15 francs sur le litre de carburant ne saurait justifier une augmentation moyenne de 1000 f cfa . « Il y a urgence à mettre de l’ordre dans le secteur. Une hausse de 15 francs sur le litre de carburant ne saurait justifier une augmentation moyenne de 1000 F cfa sur les lignes de transport. Cette disproportion est énorme et inacceptable surtout qu’en cas de baisse du prix du litre de carburant à la pompe la réduction n’est pas répercutée sur le tarif payé par le consommateur. A l’anarchie tarifaire dans ce secteur s’ajoute également le désordre créé par le phénomène des ‘’Gnambro’’ ou rabatteurs qui engendre également des surcouts ou faux frais pour les usagers. La pratique commence à se généraliser sur l’ensemble du territoire. L’une des causes de la hausse des prix des produits vivriers sur le marché est justement à rechercher dans la persistance des faux frais en matière de transport » soutient le président du Coc-ci. Comme on le voit, ces majorations de coûts ne découlent d’aucun accord passé avec le ministère des transports, ou d’une autorisation émanant de celui-ci. Elles ne sont pas uniformes non plus, autrement dit, décidées par l’ensemble des compagnies. Un abus à relever tout simplement.

Junior Jeremy





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