Le constat est là, immuable dans sa réalité : après plus de trois décennies d’expériences, la pratique de la démocratie en Afrique, vit au rythme des crises postélectorales et des réconciliations nationales.
Conduisant sans cesse ses populations à subir de profondes divisions. A entretenir des rancœurs toujours aussi mal enfouis, prompts à refaire surface tous les cinq ans, lorsque sonne l’heure de renouveler les mandats présidentiels surtout.
De grâce, que l’on arrête dans une expression mal voilée d’impuissance à changer cette donne, de répliquer trivialement : « à chacun sa démocratie ». Justification plutôt sarcastique d’une pratique obscurantiste de la démocratie. Qui déprécie toujours un peu plus, à chacune des échéances électorales, les valeurs sociétales des communautés, ravive des conflits plus ou moins latents, à défaut de faire le lit d’autres divisions de toutes sortes. Après quoi, s’ouvrent les parodiques séances de réconciliation, auxquelles l’on confère un prétendu caractère national.
Car, la réalité est tout autre. En ce sens que seule une certaine fraction des populations y adhère. Au nom d’intérêts divers. Dont le plus important est hautement profitable à leurs chefs de file. Par ce que, affranchis par ce fait même, du séjour que devraient leur réserver les geôles. Malheureusement, il s’agit là, d’une façon au demeurant bien consciente, de composer et d’entretenir un terreau fertile à la culture de l’impunité. Qui à son tour ne manque pas de nourrir et faire prospérer dans des cœurs meurtris des victimes et leurs partisans, des sentiments sommeillant de revanche, toujours prompts à exploser.
Comment pouvoir dans de telles conditions, rompre avec ce cycle saisonnier de conflits politiques-réconciliation nationale ? Un cercle vicieux qui pourrait pendant longtemps encore, fortement affecter et surtout entraver l’évolution positive recherchée de la pratique de la démocratie en Afrique. Pour tout dire, il va bien falloir que les consciences politiques et non politiques du continent, apprennent à se départir véritablement de toutes ces actions négatives, malsaines à l’exercice de la politique. La bonne politique. Celle qui convainc le peuple sur les compétences de Pierre ou Paul à lui assurer de bien meilleures conditions de vie. Et non l’échafaudage de subterfuges, de flagornerie et autres manipulations de bas étages, auxquels malheureusement se laissent toujours embarquer les populations, en période électorale. Toutes choses qui engendrent par la suite de multiples conflits, de plus en plus armés, assortis de crimes divers, qu’aucun objectif quelconque, aucune ambition politique, ne saurait justifier ou défendre. Et comme s’ils venaient à retrouver par la suite leurs esprits après les avoir perdu à un moment donné, ces mêmes acteurs politiques, instigateurs directs ou en arrière- plan de ces conflits et crimes, brandissent alors l’argument de la réconciliation, de la cohésion sociale, du retour à la paix. Pourquoi faut-il qu’il en soit toujours ainsi à travers le continent, pendant que le monde regorge de modèles de pratiques démocratiques exemplaires ? Lesquels ne demandent qu’à être dupliqués pour être adaptés aux réalités sociétales et psychologiques de nos pays et de leurs populations. San plus. Et ce n’est pas sorcier.
Moussa Ben Touré
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