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L’Enquête du jeudi.Intempéries liées aux pluies à Abidjan : Déjà un glissement de terrain à Abobo

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Que nous réserve la saison pluvieuse de cette année ? A en croire les prévisions météorologiques nationales, les pluies tomberont abondamment sur la Zone littoral, dont le district d’Abidjan est la plus grande agglomération urbaine. Au regard des catastrophes enregistrées au cours des années antérieures sous l’effet des pluies diluviennes, il y a bien lieu de se demander, ce qui pourrait arriver en 2021. Même s’il est indéniable que les abidjanais souhaitent vivement la tombée plus ou moins abondante de ces pluies. A cause surtout du délestage électrique que subissent les ménages, du fait de la baisse du niveau d’eau dans les barrages hydroélectriques, imputable à la sécheresse qui semble vouloir perdurer. Nous avons visité quelques sites à risques de la ville. Le constat est que, rien à changer. Ils restent toujours habités par des populations exposées aux éboulements et inondations éventuelles.

Le bal des catastrophes liées aux pluies s’ouvre pour la saison pluvieuse de 2021 dans la populeuse commune d’Abobo. Il s’agit d’un glissement de terrain, qui a eu pour théâtre le quartier Plaque 2 Désert, non loin du groupe scolaire Plaque 2 municipalité, consécutif à une forte pluie tombée dans la nuit du samedi 24 au dimanche 25 avril. L’information est rapportée par l’une des victimes, Kouassi Kra Michel ex agent de la société Socimat à la retraite. C’est la voix chargée d’émotion qu’il raconte sa mésaventure. « Une bonne partie de ma maison, contenant mes fauteuils, mes appareils électro-ménagers, des chaises et bien d’autres affaires ont été engloutis au cours de l’éboulement », affirme –t-il. Il précise que la maison n’était pas habitée. Elle a été abandonnée par sa famille et lui, suite à une pluie qui s’est abattue le 6 mai 2020. La maisonnée fut contrainte de quitter les lieux car une partie de la demeure avait été emportée par un glissement de terrain, survenu ce jour. Différents effets matériels avaient été laissés sur place. C’est dans la recherche d’une solution au problème qu’est survenu le deuxième glissement de terrain. Qui n’a épargné qu’une infime partie de la maison de Kouassi Kra Michel. Il s’est relogé entre temps a une centaine de mètres de sa maison.

Pourtant, selon l’infortuné, la dernière catastrophe aurait pu être évitée. Si seulement les correspondances que le président du comité de logement du quartier Abobo extension c Plaque 2 Désert, Abbé Pierre, avait adressées le 15 juin 2018 au directeur technique de la mairie d’Abobo et au ministre de l’Environnement et du Développement durable, avaient eu une suite favorable. Elles faisaient état du péril qui planait sur la maison de Kouassi Kra Michel du fait des pluies tombées jusqu’à la mi-juin 2020.

A propos, Olivier Niagne Agnéro, sous-directeur de l’environnement et du cadre de vie de la mairie d’Abobo s’est voulu clair. « Nous informons l’Etat en produisant les photographies relatives aux catastrophes. Si un jour l’Etat décide de dédommager les victimes, certainement que quelque chose sera fait pour les personnes qui détiennent tous les documents relatifs à leurs lots ». Toutefois, le premier réflexe de la mairie en pareille circonstance, est de demander aux habitants de quitter les lieux. « Notre rôle consiste essentiellement à sensibiliser, alerter, attirer l’attention pour éviter que les gens qui vivent dans les zones à risques, se fassent surprendre par la mort », précise Olivier Niagne Agnéro. En tout état de cause, Kouassi Kra Michel ne sait que faire. Par ce que traumatisé par ce deuxième glissement de terrain. La panique s’est emparée des voisins de l’ancien travailleur de Socimat. Ils vivent dans la frayeur. Au nombre de ceux-ci, Mme Coulibaly Fatoumata, commerçante. « Quand il pleut, nous avons peur. Nous ne dormons pas. Nous veillons car nous ne savons pas ce qui peut arriver », confie-t-elle

Ce sentiment d’anxiété est également partagé par des habitants du quartier Klouetcha de la même commune. A cause de la proximité d’un ravin qui a d’ailleurs rongé une partie du site qu’il habite, et qui prend de l’ampleur au fil des ans. Cissé Mamadou menuisier, qui y loue une habitation, affirme vivre constamment dans l’effroi. Craignant que la fondation ne prenne un sérieux coup, mettant ainsi en danger la vie de tous les locataires de la cours. Ce père de cinq enfants regrette d’y habiter. Ses remords ont commencé deux semaines après son aménagement dans le courant de l’année 2018. En effet, le ravin s’est agrandit avec le détachement d’une grande masse de terre. Il ne pouvait plus faire machine-arrière. Parce qu’il avait déjà versé la caution et l’avance pour la location de la maison.

Le manque de moyens financiers

Ce n’est ni la volonté ni le manque de maisons à louer qui les empêchent de partir. Mais plutôt le manque de moyens financiers. C’est la principale raison qui contraint plusieurs familles vivant sur les sites à risques, ou dans des bassins d’orages à y demeurer, en dépit du fait qu’elles mettent leur vie en danger. Commerçante de vivriers au quartier Zoulou, de surcroit veuve, la mère de Dagnogo Pitchigui Moussa étudiant, a déjà du mal à joindre les deux bouts pour s’occuper des cinq enfants que son défunt mari lui a laissés. A plus forte raison économiser de l’argent pour louer une autre maison. « Nous attendons avec une grande crainte la saison des pluies. Nous sommes contraints de vivre dans ce quartier car les moyens financiers nous font défaut. Nous savons en âme et conscience que les pluies vont causer des dégâts », dit l’étudiant. Qui remet la vie de sa mère, ses frères et sœurs entre les mains de Dieu. Non sans ignorer que les dégâts sont inévitables.

En guise de solution face aux futures pluies diluviennes, Bamba Ibrahim commerçant à Anyama et ses frères, ont quant à eux, fait le choix de dévier l’itinéraire des eaux, à l’aide de simples houes. Ce procédé très aléatoire selon Ouattara Yacouba, résidant au quartier Nafana d’Anyama, peut s’avérer inefficace quand le flot des eaux est très fort. Ce pourquoi, son père chez qui il vit, a construit un muret de trois rangées de briques au seuil de la véranda. Pour pouvoir stopper les eaux. En dépit de cette disposition, il arrive que celles-ci pénètrent dans les différentes pièces de la maison familiale. Du fait de son emplacement dans un bas-fond. En pareille circonstance, tous les membres de la famille veillent. Afin de faire sortir les appareils électro-ménagers, les meubles et les différentes affaires contenus dans les pièces. Pour les mettre sur la terrasse, vider la maison des eaux infiltrées et replacer les effets sortis des différentes pièces, après la pluie. C’est une pratique dont ils sont coutumiers à chaque saison des pluies.

Le comité opérationnel des inondations mis en mission

Les autorités municipales ne restent pas pour autant les bras croisés, face aux catastrophes à venir. Le sous-directeur de l’environnement et du cadre de vie de la mairie d’Abobo, par ailleurs point focal du comité opérationnel des inondations s’est entretenu le vendredi 7 mai avec les points focaux des différents quartiers concernés. Olivier Niagne Agnéro leur a demandé de sensibiliser les habitants de leurs quartiers respectifs. Afin qu’ils quittent les sites à risques, les flancs de collines, les bas-fonds et autres. Eu égard aux prévisions météorologiques, qui annoncent d’abondantes pluies à venir, avec un pic au mois de juin. Le point focal du comité opérationnel des inondations de la commune d’Abobo a également annoncé la création d’un groupe WhatsApp par lequel ils pourront communiquer les informations en temps réel. Une autre consigne leur a été donnée de répertorier des écoles à même de permettre un relogement des habitants, dont les maisons seront littéralement inondées par les eaux de pluie.

Rien a changé à Yopougon

La saison des pluies s’installe petit à petit dans le district d’Abidjan. Et les sites à risques de la commune de Yopougon affichent les mêmes réalités, que celles des années antérieures. Autrement dit, elles demeurent toujours habitées. Et ce, malgré la demande faite aux habitants de quitter les lieux et quelques destructions d’habitations. Aucune opération de recasement des populations n’a été effectuée non plus. Celles-ci vivent toujours dans les mêmes conditions à savoir sur des flancs de collines, dans des bas-fonds et sur les itinéraires naturels des eaux de ruissellement. Et ce, malgré les risques d’éboulements de terrain qu’elles encourent.

Comme dans la plupart des sites visités, le sous quartier de Mossikro qui a connu plusieurs effondrements de maisons notamment en 2006 et 2015, risque d’être encore touché cette année sous l’effet des fortes et abondantes précipitations annoncées. « Nous craignons pour nos vies. Surtout pour nos voisins qui habitent en bordure et sur les collines », nous dit Amadou Guiengané, ressortissant burkinabé, avec qui nous avons échangé le samedi dernier, sous la pluie. Idem pour Cissé Korotoumou. Elle vit avec son mari et ses 7 enfants dans une maison située sur une colline. Elle dit craindre pour leur sécurité. « Nous avons peur quand la saison des pluies arrive. Ce n’est pas un plaisir pour nous de vivre dans de telles conditions. Si nous sommes ici, c’est parce que nous n’avons pas les moyens de nous reloger ailleurs », dit-elle. Et d’ajouter « vraiment, nous supplions l’Etat de nous recaser sur des sites sécurisés ».

Situation identique au quartier Micao à la zone industrielle de Yopougon. Là aussi, des sites à risques sont toujours occupés par de nombreuses personnes, comme Dame Irié Lou florence. « Ce n’est pas facile. Mais, pour ne pas exposer notre famille, mon époux et moi avons décidé de quitter momentanément notre maison, le temps de la saison des pluies. Car, nous avons encore en souvenir le drame survenu en 2019, qui avait emporté 3 personnes dont une mère et sa fille ». A quelques kilomètres de cet endroit, au sous quartier Bonikro, situé derrière le cimetière municipal de Yopougon, sur la route de Dabou, Kouassi Noël ne quittera pas sa maison, contrairement à Dame Irié. Et ce, bien qu’elle ait été détruite l’an dernier, lors de la saison des pluies. « Dieu merci, nous n’avons déploré aucune perte en vie humaine. Mais, nous ne sommes toujours pas à l’abri d’une autre destruction qui peut être cette fois fatale », craint-il.

Des déguerpis sont de retour à Cocody

Dans la commune de Cocody également, cette année encore l’on craint le pire. En dépit des travaux d’assainissement effectués pour assurer le drainage sans coup férir des eaux de ruissellement. Aussi, les autorités ont –elles intimé l’ordre à toutes les personnes qui habitent les différentes zones à risques, à les quitter pour leur propre sécurité. Car, il y a lieu de croire que des quartiers de Cocody n’échapperont pas, aux catastrophes qui pourraient survenir à la faveur des prochaines pluies.

Si la mairie, l’office national de la protection civile ( ONPC) et l’office national du drainage (ONAD) en ont une pleine conscience ; ce pourquoi ils n’arrêtent pas la sensibilisation à propos, il n’en est pas de même des populations. Car celles qui avaient été déguerpies des zones non habitables, y sont de retour. Un passage à Gobelet et Bonoumin nous donne une idée des raisons. « Nous sommes conscients des dangers que nous courrons en vivant ici. Mais ma famille et moi ne pouvons avoir un logement avec 150.000 F CFA que les autorités nous ont données. Vivre ici est dangereux mais où aller ? Dieu est notre seul espoir » explique à Gobelet Ousmane Rahime, ressortissant nigérien. Le quartier précaire de Bonoumin bien connu de nombre de personnes, demeure un véritable danger. Un grand ravin d’une profondeur d’environ vingt mètres le traverse avec de nombreuses baraques construites aux abords. En cas de fortes pluies, bonjour les dégâts.

Des quartiers huppés toujours sur les passages de l’eau

De nombreux quartiers huppés de Cocody ont été aménagés sur les passages des eaux de ruissellement. Malgré leur beauté ou standings, ils sont de véritables zones à risques, comme on peut le constater à chaque saison des pluies. Du fait notamment des dégâts qui y ont lieu fréquemment, sous l’effet des inondations et éboulements. Parmi ces quartiers, l’on peut citer les 2Plateaux, Aghien , Angré les Oscars et la célèbre Rue Ministre à la Riviera Palmeraie. Concernant précisément la Rue Ministre, un responsable du ministère de l’Environnement et du Développement Durable explique les difficultés auxquelles ils sont confrontés, quant à l’aménagement de cette cité, afin qu’elle porte fièrement son prestigieux nom. « Il ne s’agit pas de déguerpir des personnes ici, mais de trouver la solution aux nombreux dégâts enregistrés chaque année par les eaux de pluies. Nous avons réussi à identifier le problème qui prend sa source dans la commune d’Abobo. C’est qu’il n’y a pas de canalisations appropriées au drainage des eaux, ce qui rend extrêmement difficile notre tâche. Mais grâce au soutien de la Banque africaine de développement( BAD), nous avons conclu un contrat avec un opérateur pour la réalisation du canal qui partira du Bassin versant du Gourou jusqu’à la lagune Ebrié. C’est un travail de titan auquel le Président de la République tient particulièrement. Les travaux ont bien démarré. Cependant, nous ne savons pas à quel moment ce long canal atteindra la Riviera, plus précisément la Rue Ministre. Nous prions afin que les précipitations de cette année 2021, ne fassent pas de dégâts. Notre nouveau ministre Jean Luc Assi, après sa nomination est allé prendre le pool de la situation à la Riviera, notamment à la Rue Ministre qui a connu trop de dégâts les années antérieures. C’est encourageant,» explique Alain Krah Bogui, conseiller- expert au ministère de l’Environnement et du Développement Durable.

Jérémy Junior,Boubacar Barry,Sékou Koné






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