La capitale économique de la Côte d’Ivoire reste l’épicentre de la pandémie à Coronavirus dans le pays. Normal quand on sait qu’elle demeure sa principale porte d’entrée. Et que c’est bien par cette mégalopole que le virus a eu accès dans le pays pour la première fois. Ce qui est loin d’être un exploit en soi. En outre, par ce que les premières dispositions prises par les pouvoirs publics pour la circonscrire au maximum à Abidjan, ont été très efficaces. Empêchant par ce fait même, que l’arrière- pays qui était encore sous équipé en matériels adéquats pour le dépistage et la prise en charge des malades, voire pas du tout équipé dans nombre de villes, soit envahi par le virus.
Mais, il apparait que depuis quelques temps, la pandémie semble faire yoyo avec les Ivoiriens, tout en affichant par moment des pics inquiétants. Comme l’on a pu le relever le 4 février avec 363 nouvelles contaminations, 272 nouveaux cas le samedi 6 février, 258 nouveaux malades le jour d’après, contre 76 nouveaux cas le 1 er février et 240 le 29 janvier dernier et ainsi de suite.
A ce jour, nombre d’Ivoiriens pensent que, les autorités sanitaires semblent avoir tendance à négliger quelque peu, cet état de fait. Surtout quand elles se consolent à l’idée que le taux de létalité reste après tout faible, assorti d’un taux de guérison qui soulage les consciences. Soit, mais les chiffres des contaminations nouvelles sont de plus en plus élevés, après avoir adopté une longue tendance baissière, qui a même fait croire que, la Côte d’Ivoire était en train de réussir à éloigner ses populations de cette maladie éprouvante et surtout mortelle. Cette brusque et inquiétante remontée des chiffres ne laisse pas nombre d’Ivoiriens indifférents. Et il en résulte actuellement, tout un tas de commentaires, allant des plus sordides au plus réfléchis. En fait, certains mettent en doute la véracité des chiffres avancés sur les nouvelles contaminations, estimant qu’il y a certainement pire que ça, mais que l’on cacherait à la population, pour éviter le déclenchement d’une psychose généralisée. Tandis que d’autres se demandent, si ce ne serait pas plutôt, la timide amorce d’une deuxième vague de contamination à grande échelle cette fois, qui se profilerait à l’horizon ?
Pour expliquer cette subite croissance des contaminations, l’on a mis en exergue les fêtes de fin d’année, qui ont vu les Ivoiriens reléguer au dernier plan, les mesures barrières. C’est que, fortement enthousiasmés qu’ils étaient d’en finir enfin avec l’an 2020, perçu par le plus grand nombre comme une année noire, ils se sont donnés à fond à la bamboula. S’exposant ainsi à de multiples risques certains de chopper ici ou là, le virus.
Il ne faut point ignorer non plus, le grand relâchement constaté au niveau de la campagne de sensibilisation des populations, quant à l’absolue nécessité d’observer les mesures barrières. Une campagne qui semble avoir du mal à reprendre ses marques, pour ainsi aiguillonner les populations à revenir au respect desdites mesures. L’on est d’autant plus en droit de s’inquiéter que, la situation du Covid 19 en Afrique, devient de plus en plus préoccupant, du fait de la hausse qu’affiche désormais, son taux général de mortalité, passé de 2,2% à 2,6% en ce moment. Il s’opère donc une véritable inversion de tendance, à prendre au sérieux par chaque pays du continent. De plus, le variant Sud-africain dénommé le 500 AY, est en ce moment en pleine immigration à travers le reste de l’Afrique. Il a déjà été signalé au Ghana, pays voisin de la Côte d’Ivoire, ainsi que dans environ 28 autres pays africains.
Quand on se réfère à cette autre réalité qui est la porosité de nos frontières, ainsi que la complaisance, le laxisme et la corruption dont vivent au quotidien, les forces de sécurité chargées de leur surveillance, on ne peut qu’avoir froid dans le dos. A l’idée que très rapidement des porteurs sains du virus, pourraient facilement se retrouver en Côte d’Ivoire et y propager ainsi, allègrement la maladie. Pas rassurant non plus du côté de l’aéroport Félix Houphouët Boigny, où il sévirait depuis quelque temps, cette pratique. Qui consiste à laisser entrer et sortir d’Abidjan, avec ou sans présentation du résultat de son test du Coronavirus, moyennant du back chiche que l’on verse à ceux qui sont sensés effectuer le contrôle.
On le voit, il y a bel bien lieu de se faire du mauvais sang, par rapport à cette tendance haussière des chiffres de contamination que la Côte d’Ivoire connait au quotidien. Pour autant, faut-il simplement se limiter aux inquiétudes ? Que non, nous attendons un renforcement conséquent et efficient des dispositions jusqu’ici prises pour combattre la propagation du Coronavirus en Côte d’Ivoire. Même s’il est vrai que l’avènement du vaccin est prévu pour mars prochain. Cela ne saurait éluder et encore moins, déconsidérer la prévention par le respect des mesures barrières. Tant il est vrai que l’inoculation du vaccin dans un organisme ne le met pas à l’abri de tout éventuel contamination nouvelle ou récidivante. De plus, selon une étude scientifique de l’Afrique du Sud, le vaccin Astra Zeneca que nombre de pays africains s’apprêtent à acquérir, n’est pas à cent pour cent efficace contre le variant du virus issu de ce pays. Lequel, rappelons-le, est pourtant en pleine migration actuellement, à travers le continent. Les vaccins chinois que le continent pourrait aussi acquérir à moindre coût, au regard de la traditionnelle clémence chinoise vis-à-vis de l’Afrique, ne semblent pas tous être à même non plus, de combattre efficacement ce variant Sud- Africain. Du moins, selon ce qui se dit dans les milieux scientifiques. Alors, vigilance à tous égards.
Moussa Ben Touré