L’un des premiers résultats véritablement positifs de la reprise du dialogue politique entre le pouvoir en place et l’opposition constituée par les plates formes et autres partis politiques, est assurément la décision prises par ces derniers, de participer aux élections législatives de mars prochain. En ce qui les concerne, l’on ne saurait donc parler de politique de la chaise vide, à l’Assemblée nationale. Tant il est vrai qu’ils entendent désormais prendre une part active et déterminante dans la vie de cette institution. Et partant, dans celle même du pays. Voilà un retour à la raison, une attitude démocratique, qui pourrait leur conférer un certain crédit sur la scène politique nationale, après avoir conduit nombre de jeunes gens à l’abattoir, en les incitant à boycotter la présidentielle du 31 octobre 2020. Et ce, non pas en leur demandant tout simplement de ne pas aller voter, mais en les incitant à ne pas le faire, à travers des actes de violences hautement mortelles qu’ils étaient chargés de commettre.
Un autre fait remarquable par son originalité est l’engagement pris par chacun des partis constitutifs de cette opposition, à présenter des candidature s uniques par circonscription. Autrement dit, des candidats qui répondent au nom de l’opposition, telle qu’elle est actuellement constituée. Quand on connait l’importance du poids sociologique des deux partis que sont le Fpi et le Pdci, l’on comprend que ce sont inéluctablement les représentants de ces formations politiques qui domineront les choix à opérer. Aucune candidature indépendante ne sera tolérée à marteler Gnamien Konan, leader de l Nouvelle Côte d’Ivoire. C’est bien là, une décision qui fera difficilement l’unanimité à la base. Et qu’il sera assez mal aisé, à faire respecter et à appliquer par les uns et les autres. C’est qu’il est, de plus en plus démontré en Côte d’Ivoire, que les militants à la base, ont leurs propres choix, qui souvent ne rencontrent pas l’adhésion des décideurs et responsables des formations politiques. Cela est vrai, aussi bien pour le RHDP, le FPI que pour le PDCI. Au sein de la première formation citée, il a été publiquement proclamé par son directeur exécutif Adama Bictogo à Korhogo, que les candidats à ces législatives, seront l’émanation des militants à la base. Pour autant, avec l’évolution actuelle des choses au RHDP, il semble bien que ce n’est pas tout à fait le cas, dans nombre de localités de l’arrière- pays, où le processus du choix à la base, est dit biaisé au départ. En clair, la base n’est réellement pas consultée comme elle s’y attendait et tel qu’il le faut. Le choix des candidats reste plutôt l’affaire des responsables locaux du parti et quelques personnes qui leur sont acquises. Aucun mode de consultation des militants n’est en réalité pour l’heure utilisé à cet effet. Il s’en suivra bien évidemment des choix imposés, que cette base s’empressera de réfuter. Et ce sera alors, la porte aux candidatures indépendantes comme en 2015, et que nul ne saura contrer. L’opposition qui dit vouloir aller en rang serré, pourrait se retrouver confrontée à la même réalité. Car ici aussi, certaines figures politiques ne font plus recettes auprès des populations qui entretiennent de multiples griefs contre elles. « Des députés qui, une fois élus, ont disparu tout le temps qu’a duré la présente législature. Loin des préoccupations de leurs électeurs, qui pourtant auraient bien voulu en savoir plus, sur certains dossiers, décisions et faits majeurs de la République », commence-t-on déjà à entendre ici et là. Par ailleurs, il est de plus en plus question de la candidature de jeunes loups dans toutes les circonscriptions électorales du pays, jouissant d’une certaine crédibilité qu’ils auraient mis du temps construire. Ils se disent surtout prêts à partir en indépendants.
On le voit bien, avec ces législatives, la scène politique ivoirienne va certainement de nouveau s’animer. Et cette fois, avec toute la classe politique nationale à l’œuvre. Encore une fois, à la conquête des suffrages des Ivoiriens. Pourvu que tout cela se passe conformément aux règles, ainsi qu’à l’esprit démocratiques connus de tous. Tant il est vrai que, c’est bien là, la garantie du succès de ces joutes électorales.
Moussa Ben Touré