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Côte d’Ivoire .La consommation de stupéfiants dans nos lycées et collèges est une réalité inquiétante.

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La drogue fait désormais partie du quotidien de certains élèves à Abidjan. Ils organisent des séances de consommation de stupéfiants à outrance. Pire, ils ont adoptés des nouvelles méthodes, pour pouvoir s’adonner à leur vice sans soulever le moindre soupçon. Nous avons pu infiltrer l’un de ces groupes très fermés. Le constat est apocalyptique.

Des cocktails explosifs...

Mardi 22 septembre, il est 14 heures. Les élèves qui viennent à peine d’entamer cette nouvelle année académique pressent les pas pour se rendre à l’école. Enfin, pas tous. Sous un abri de fortune dissimulé dans les broussailles derrière un célèbre collège situé dans un sous quartier de Cocody, une rencontre peu ordinaire se prépare.

Des élèves en tenue scolaire dont l’âge varie entre 16 et 20 ans attendent deux de leurs camarades pas encore sortis des cours. Ils sont rejoints plus tard par des filles portant un plateau rempli de gâteaux au chocolat. L’attente va durer une bonne heure et demie. Dès l’arrivée des deux élèves qui paraissent plus âgés que les autres, les choses vont s’accélérer.

Ils goutent en premier les gâteaux puis procèdent à l’ouverture du « buffet ». D’apparence ordinaire et d’un goût difficile à décrire, ces pâtisseries ont quelque chose de particulier. Après quelques bouchées, nous commençons déjà à ressentir les effets. Nous sommes pris de maux de tête et d’intenses bouffées de chaleur. Nous avons l’impression de « planer ». Nous étions littéralement sonnés. Les autres eux semblaient plonger dans une sorte de discussion avec un être invisible. Quoi de plus normal ! Le gâteau serait confectionné à base de cannabis et d’autres substances.

« Je consomme ces petites merveilles depuis un an. J’ai ressenti des sensations bizarres au début, mais au fil du temps, je me suis accommodée. C’est tellement bon que je ne peux plus m’en passer. Quand je mange un gâteau ordinaire, j’ai l’impression qu’il manque quelque chose », nous confie Stella, 16 ans à peine et déjà accroc au cannabis. Cette élève en classe de première est un membre influent du groupe, a-t-on appris.

Pendant que nous essayons de reprendre nos esprits, on apprend dans la foulée, qu’une soirée sera organisée vendredi dans un lieu tenu secret pour une question de sécurité. Nous comprendront plus tard pourquoi tant de précautions.

Le jour-J, nous nous rendons à la 7eme tranche, un quartier huppé de la commune de Cocody. Lorsque nous arrivons au lieu de rendez-vous, il est 17 heures. Les consignes sont claires. Pas de téléphones ni d’appareils photo ou camera. Les participants veulent s’amuser dans la discrétion la plus totale. A cet effet, pas de flots de décibels.

Nous sommes un peu septiques car le décor de la maison qui nous accueille ne laisse présager aucune orgie de stupéfiants. Aux environs de 19 heures, des adolescents arrivent par petits groupes. Ils sont issus pour la plupart de la même école. Ces jeunes portent chacun une grande bouteille de limonade. A la vue de ces bouteilles, on croyait s’être trompé d’adresse. Et pourtant, nous étions bien au lieu indiqué. En plus de la sucrerie, on remarquait la présence d’un liquide rouge, contenu dans de petits bocaux. Il s’agit d’un médicament pharmaceutique, principalement des sirops contre la toux, vendus SANS ordonnances médicale. Pour en savoir un peu plus, nous approchons l’un des invités qui nous confie que cette fête est assez particulière.

« Toutes ces bouteilles que vous voyez vont nous permettre de fabriquer une boisson explosive. C’est un cocktail qui défonce », explique Yves, la vingtaine l’organisateur de cette soirée hallucinogène, ouvrant ainsi la fête.

Les invités renversent tour à tour leur sirop et leur limonade dans un grand récipient auxquels ils ajoutent d’autres produits dont eux seuls connaissent le secret. Les filles du groupe ont pour tâche la préparation de cette potion mortelle.

Une fois le cocktail terminé, les jeunes se bousculent presque pour se régaler. Quelques temps après, la température est montée d’un cran. Tandis que certains délirent, d’autres sont devenus euphoriques. Autour de nous ce sont des regards hagards, des transes, des hallucinations et même des vomissements. On se croirait dans un film de science fiction mettant en scène des « Zombies » avec des corps dénudés. Ils souffrent visiblement, mais sont incapables de s’arrêter. Le spectacle était désolant.

Overdoses et dépression en cascade…

« Cette boisson est incroyablement puissante. C’est fait pour nous les caïds. Si votre esprit n’est pas assez fort, vous risquez de faire une dépression. Certains de nos camarades ont appris à leurs dépens », témoigne Olivier, l’une des têtes de file.

A première vue, ce cocktail de couleur rosâtre parait inoffensif. Pour sa composition, les jeunes mélangent le sirop de toux à des comprimés antihistaminiques et de la limonade.

« J’ai gouté à ce sirop pour la première fois chez des potes. On venait de regarder un clip du rappeur américain DJ Screw et on voyait les gens délirer en buvant une boisson rose. On a cherché la recette sur internet et nous sommes allés à la pharmacie », nous dit Cédric, un accroc aux stupéfiants. C’est d’ailleurs auprès de ce dernier qu’on comprendra le sens de ce mystère qui entoure ces soirées.

Selon l’élève en classe de terminale dans un lycée public de la place, ils sont devenus plus méfiants depuis que l’un des organisateurs des soirées a été écroué à la Maison d’arrêt et correction d’Abidjan (MACA), suite à l’overdose de l’un de leurs camarades. Les parents de l’élève n’ont pas digéré ce qui est arrivé à leur enfant. Au dire de notre interlocuteur, ce dernier qui se nommerait Hervé se remettrait peu à peu de son mal.

Si tous nos efforts pour rencontrer la victime de ce cocktail appelé « Codéine », sont restés vains, nous avons pu toutefois rentrer en contact avec Franck, 18 ans. Le corps amaigri, marmonnant des mots à peine audibles, le regard toujours lointain. Il est devenu l’ombre de lui. Sa grande sœur Martine nous raconte son histoire.

« Francky qui était si calme est devenu du jour au lendemain agité. Il rentrait tard de l’école. Il avait chaque fois l’air défoncé pourtant il ne puait pas l’alcool. On a pensé à un simple cas de fatigue. Mais de jour en jour son état se dégradait. Il a commencé à délirer et avoir des hallucinations. C’est lorsque nous avons consulté un médecin, que nous avons découvert le drame », rapporte la jeune dame avec consternation.

Généralement, ce cocktail est dissimulé dans les bouteilles des sirops antitussifs ou dans des bouteilles de sucrerie. La consommation de cette boisson appelée également « Purple Drank », à cause de sa couleur violette, induit un état « second », lié aux propriétés sédatives des médicaments utilisés. L’abus de codéine induit une euphorie et une somnolence.

Ce cocktail peut être combiné par certains consommateurs à de l’alcool, du cannabis ou à d’autres drogues. La consommation peut engendrer de nombreux risque d’intoxication pouvant aller jusqu’à la détresse respiratoire et au coma. DJ Screw, la star américaine qui est à l’origine de cette découverte est morte d’une overdose de cocktail codéine et d’alcool en novembre 2000.

Les parent doivent être plus vigilants…

Ce cocktail, de par son aspect coloré et son goût sucré, semble ludique et inoffensif. Nous constatons que de plus en plus d’adolescents utilisent ce cocktail lors de toutes leurs rencontres. Chez des amis, à l’école, à la maison.

Chez les élèves, l’usage détourné de médicaments psychotropes constitue une initiation potentielle à l’addiction et nécessite une vigilance renforcée des professionnels de santé auprès de cette population particulière de patients.

En dehors de la consommation de la « Codéine », d’autres sirops médicamenteux sont également employés à visée récréative. Les adolescents utilisent également des méthodes ingénieuses pour dissimuler les différents stupéfiants qu’ils consomment quotidiennement. La vigilance des parents est vivement recommandée pour essayer d’arrêter la propagation de ce fléau qui gagne considérablement du terrain. "

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