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Recriminations de l’opposition burkinabe contre la CENI: On fera quoi après ?

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La compilation des résultats de la double élection, présidentielle et législatives du 22 novembre dernier, se poursuit au niveau de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui a installé, à l’occasion, ses quartiers généraux à la salle de conférences de Ouaga 2000. Mais la sérénité qui, jusque-là, avait entouré le processus électoral, a progressivement disparu pour tendre aujourd’hui vers une crise postélectorale. L’opposition, en effet, dénonce de nombreuses irrégularités, une dizaine. La quasi-totalité de ces griefs vont à l’encontre de la CENI à qui l’on reproche une grande faillite dans l’organisation administrative et pratique de l’élection. Pour l’opposition, ces nombreux dysfonctionnements qui sont d’ailleurs partagés par certains observateurs, sont de nature à pénaliser ses candidats et à jeter le discrédit sur les résultats du scrutin. L’opposition menace, de ce fait, de ne pas reconnaître les résultats de l’élection. Face à cette atmosphère qui tend à se charger de souffre, la question que les Burkinabè se posent aujourd’hui est la suivante : jusqu’où iront les candidats signataires de l’Accord politique de l’opposition, qui, à l’occasion, bénéficient du renfort de certains autres candidats de l’opposition non affiliée au Chef de file de l’Opposition (CFOP) ?

La Justice avait pris les devants en mettant en place un dispositif ad hoc pour traiter les cas de flagrants délits

Pour l’instant, il est difficile de répondre à cette question. Mais l’on sait que les leaders de l’opposition disposent de deux recours possibles, lesquels d’ailleurs ne s’excluent pas mutuellement. Le premier recours est celui de la Justice. On peut le dire, aujourd’hui, l’institution judiciaire burkinabè a pris son indépendance vis-à-vis de l’Exécutif et il y a très peu de chances que la kyrielle d’irrégularités relevées par Zéphirin Diabré et ses compagnons, soient classées sans suite pour peu qu’elles soient étayées de preuves irréfutables. Du reste, la Justice avait pris les devants en mettant en place un dispositif ad hoc pour traiter les cas de flagrants délits qu’elle viendrait à connaître. C’est donc une piste sérieuse que l’opposition qui pousse des cris d’orfraie, devrait explorer avec la plus grande minutie et sans a priori, si ce n’est déjà fait. L’autre recours possible, c’est l’engagement d’un bras de fer politique avec pour visées, l’annulation du scrutin et l’ouverture d’une transition politique. Mais pour cela, il faudra convaincre les Burkinabè qu’il ne s’agit pas d’une surenchère politique. Cette voie, il faut le dire, est lourde de dangers pour le Burkina Faso car, l’on imagine aisément que le pouvoir que toutes les tendances donnent, pour l’instant, gagnant du scrutin, ne se laissera pas arracher aussi simplement sa victoire. Il faut donc craindre pour la paix et la cohésion sociales dans un contexte où l’on peinait déjà à recoller les morceaux de la calebasse cassée. Cette voie est d’autant plus périlleuse pour le Burkina Faso, que le pays est installé dans l’œil du cyclone des terroristes. Cette situation serait pain bénit pour les forces du mal dont on sait qu’elles se repaissent de l’instabilité politique et des déchirures du tissu sociopolitique.

Il faut se garder de jeter de l’huile sur le feu

Et puis, il ne faut pas oublier, dans cette seconde perspective, que les implications financières sont nombreuses. Le scrutin en cours a coûté la bagatelle de 90 milliards de F CFA et ce n’est pas une somme que le Burkina peut se permettre de jeter par la fenêtre. Dans tous les cas, quelle que soit l’évolution de la situation, on doit en appeler à la retenue et à la responsabilité des acteurs politiques et de tous leurs militants. Personne n’a véritablement intérêt à ce que les Burkinabè qui sont déjà durement éprouvés par les attaques terroristes, en viennent encore à souffrir des affres d’une crise postélectorale qui, comme on a pu en faire le constat dans certains pays de la sous-région qui en ont fait l’expérience cette année, en l’occurrence la Côte d’Ivoire et la Guinée, laisse parfois sur les carreaux de nombreux cadavres. Il faut donc se garder de jeter de l’huile sur le feu et accorder, sans faire preuve de naïveté, la confiance qu’il faut aux institutions de la République chargées de vider le contentieux électoral. En attendant, la CENI qui est aujourd’hui dans le creux de la vague, doit savoir faire profil bas et travailler à l’apaisement, comme elle semble en donner les gages en appelant la classe politique à la retenue. Mais, il faut le dire, cette organisation approximative de l’élection par Newton Ahmed Barry et son staff qui ont disposé de 5 ans pour le faire, occasionne un recul démocratique pour le Burkina Faso qui avait suscité l’admiration de la communauté internationale par le succès du scrutin de 2015. Et tout cela amène à se poser la question sur la pertinence de la formule actuelle de cette instance chargée de l’organisation des consultations électorales au Burkina Faso. De nombreux analystes politiques ne sont pas, en effet, loin de penser que la CENI, dans sa structuration et son fonctionnement actuels, est dépassée et qu’il faut aller vers une administration électorale professionnelle dont le travail sera contrôlé par une chambre composée de partis politiques et d’organisations de la société civile. Cette formule a l’avantage de confier l’organisation des élections à des hommes et femmes de métier avec en prime, une mémoire et une expérience administrative qui ne disparaissent pas au rythme des changements des équipes. Mieux, cette formule permet de situer les responsabilités en cas de fautes et d’en sanctionner les auteurs.

« Le Pays »




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