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Politique

Analyse. Bédié : président du CNT ou président du PDCI ?

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La rencontre entre Henri Konan Bédié et le Président de la République, Alassane Ouattara, réélu pour un nouveau mandat, ne fait pas plaisir à ceux de ses militants et sympathisants qui entendent en découdre une bonne fois pour toutes avec Alassane Ouattara et le RHDP. 85 personnes ont perdu la vie dans d’atroces conditions. Cela, les dénonciateurs du dialogue des braves, feignent de l’ignorer.

En appelant à faire barrage « par tous les moyens », saupoudrés, du terme « légaux », l’ancien député de Daoukro voulait faire subir à son jeune frère Alassane Ouattara, le coup du 24 décembre 1999. Il n’a jamais digéré. Dans un coin de la tête de Bédié, il se sent responsable de tout et il le sait. Aussi, voudrait-il forcément revenir au palais du Plateau pour remettre le pouvoir au PDCI-RDA.


Un pas dangereux a été franchi


Il a bien fallu voir les jeunes enivrés de Diabo, fusils et vilains couteaux en main, sous l’effet du « koutoukou » , une boisson frelatée à forte dose d’alcool, ceux de Botro, Bocanda, Prikro, Daoukro, Tiébissou, Yamoussoukro… et des petits villages, pour se rendre compte qu’un autre pas avait été franchi. Il faut montrer que les Baoulé sont « garçons » et ne sont pas le peuple sage que l’ont décrit. S’associant au FPI d’Affi N’guessan, dont le parti, en 1989-1990, avait accablé Houphouët-Boigny de tous les péchés du monde, et introduit la violence sur la scène politique ivoirienne, Bédié a montré son vrai visage : un partisan insoupçonné des confrontations physiques, parfois mortelles. Et ça n’a pas manqué.

Il a assuré à ses obligés qu’Alassane Ouattara lui aurait promis le pouvoir là où il était question, pour les deux, de voir le meilleur profil pour poursuivre la mission de construction de ce pays, suivant l’idéologie d’Houphouët-Boigny. Mais non, l’homme avait plus d’un tour dans son sac.

Guillaume Soro s’y est frotté et a laissé bien plus que des pans de veste. « Guillaume Soro m’a dit n’être pas intéressé par la présidentielle de 2020 », avait soutenu Henri Konan Bédié, comme pour couper l’herbe sous les pieds de l’ex-chef des Forces Nouvelles, rébellion qui avait guerroyé contre le pouvoir de Laurent Gbagbo, du 19 septembre 2002 au 15 mars 2011.

En face, Alassane Ouattara a offert à tous, au cours de sa première sortie officielle, après les campagnes électorales et suite à sa victoire, un discours de réconfort, de sympathie, de main tendue comme Houphouët-Boigny, après le complot du « chat noir ». Il faudrait voir loin, avoir un cœur de pacifiste pour le faire, savoir pardonner. Mais, en face, que fera Bédié, coincé entre ses caciques et sa propre logique ? La crainte de paraître moins brave qu’il n'en a donné l’air ne va-t-elle pas le conduire à un autre faux pas politique dommageable pour son image écornée de chef du CNT, une rébellion politique ?


Le chemin du dialogue


En rappelant indistinctement les noms des victimes des égarements politiques, Alassane Ouattara a fait savoir à tous et à chacun que la mort atteint tout le monde. « Je pense particulièrement à la famille Messoum et à Mémé Yao Amenan Thérèse (80 ans), ainsi qu'à Diakité Aboubacar (23 ans) de Toumodi. Je pense aussi à Sylla Bangaly (17 ans) et à Kouamé Philippe de Tiébissou, à Kouakou Yao Jean Marc (22ans) et à Diakité Younouss de Yamoussoukro ; à Moral Ekra de Bonoua. Je m’incline devant leur mémoire » a-t-il regretté.

« Le Gouvernement sera aux côtés des victimes et familles » a précisé le Chef de l’Etat réélu.

Alassane Ouattara estime que « Conformément aux valeurs de paix et de dialogue que nous a léguées, le Père de la Nation ivoirienne, le Président Félix Houphouët-Boigny, je voudrais réaffirmer ma disponibilité, aujourd'hui comme hier, pour un dialogue sincère et constructif avec l'opposition, dans le respect de l'ordre constitutionnel. »

Et de rappeler : « Pour ma part, je voudrais rappeler que j’avais marqué ma disponibilité pour une rencontre avec le Président Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA, à l’initiative de la mission ministérielle de la CEDEAO qui s’est rendue en Côte d’Ivoire le 18 octobre dernier. »

« Je voudrais donc inviter mon aîné, le Président Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA, à une rencontre, dans les tout prochains jours, pour un dialogue franc et sincère en vue de rétablir la confiance » a souhaité Alassane Ouattara qui fait ainsi preuve de grande humilité. Il est bien celui qui s’est toujours déplacé vers « l’aîné », quoique Président de la République. Le Président du PDCI-RDA pense que tous les autres acteurs politiques lui doivent tout.

Mû par l’intention de faire avancer le navire Ivoire, Alassane Ouattara a demandé « à tous nos concitoyens, dans un élan d’apaisement des esprits et des cœurs, d’œuvrer pour maintenir et renforcer la paix et le vivre ensemble sur toute l’étendue du territoire national. Nous avons tant à faire ensemble, pour construire et consolider notre Nation. »

Rassurant, il a indiqué « A ceux qui n'ont pas voté pour moi et à tous les Ivoiriens dont je n'ai pas eu le soutien, je veux vous dire que la Côte d'Ivoire que nous nous sommes engagés à bâtir sera également solidaire de tous. »

Ainsi parla le Chef, l’homme de paix, le digne héritier de Félix Houphouët-Boigny, qui, victime des calomnies et coups bas, a choisi le chemin du dialogue, l’arme des forts.

Sur le dos de l’éléphant du PDCI-RDA, c’est le temps des justifications comme pour assurer à ceux des militants qui ne veulent pas du dialogue, que Bédié ne saurait se défaire de son nouveau titre de président du CNT, le Conseil national de la transition. A peine sorti du Golf Hôtel qu’un communiqué vient préciser l’objet de la rencontre de mercredi 11 novembre 2020 : un simple contact.

C’est dire que le président du PDCI-RDA n’a pas perçu les attentes de beaucoup de ses concitoyens, muets, qui ne demandent qu’à vivre en paix. Surtout en cette fin d’année après les dégâts économiques causés par la pandémie du coronavirus. Va-t-il adapter sa stratégie ou maintiendra-t-il l’appel à la désobéissance civile avec son corollaire de violences ? On est en droit de se poser la simple et juste question : stop ou encore ?

Adam’s Régis Souaga




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