Côte d’Ivoire. Lacs de Yamoussoukro : (2)- De quoi meurent les poissons ?

La situation d’abandon des lacs de Yamoussoukro ne va pas sans inconvénients. Ainsi, outre la couleur verdâtre de l’eau, ces lacs dégagent de la puanteur lorsque l’on s’en approche. Dans certains notamment dans celui, numéro 5, en face du Chr et de la morgue, les poissons meurent et flottent à la surface de l’eau. Plusieurs raisons expliqueraient ce phénomène. Selon des vendeurs aux abords, les eaux sales, l’ensablement et l’enherbement des lacs seraient à l’origine de cette situation. Par contre, pour le directeur régional des Ressources animales et halieutiques, M. Djoué Koffi, exposant sur la question lors de la conférence des directeurs et chefs de service organisé, récemment, à la préfecture de région de Yamoussoukro, a révélé que ces mortalités concernent des alevins au niveau des lacs numéros 10, 9, 8 et 5. Le 5 est en face du CHR et de la morgue. « C’est une hécatombe qui serait causée par un manque d’oxygène dans l’eau, manque dû à la forte chaleur qui prévaut depuis un certain temps à Yamoussoukro. Il a fait très chaud et lorsqu’il fait très chaud, l’eau s’échauffe et après la petite saison des pluies, il y a eu une remontée d’eau et cela fait que l’oxygène se raréfie, et les petits poissons peuvent en mourir », a expliqué M. Djoué Koffi. Il souligne que c’est un phénomène naturel qui s’est produit et que l’on ne pouvait parler d’empoisonnement dans l’immédiat. Des prélèvements ont été faits par le Centre ivoirien antipollution (Ciapol) et envoyés à Abidjan pour être analysés en vue de confirmer les suspicions. Cependant, M. Djoué fustige que beaucoup de métaux lourds le plomb et le formol qui proviennent de la morgue à proximité du lac y sont pour quelque chose. La consommation de ces poissons peut entraîner de l’intoxication.

Sur la question de l’abandon de ces lacs, le ministre-gouverneur de Yamoussoukro, petit-fils du Président Houphouët-Boigny, Augustin Thiam, annonçait, le lundi 3 août 2020, que dans l’attente de la mise en œuvre du plan stratégique de développement de la ville de Yamoussoukro au cours des quinze prochaines années, un plan triennal du District autonome prévoit la réhabilitation de sites et infrastructures dont les lacs. A cet égard, il a révélé que le District va entreprendre de nettoyer les lacs, en les débarrassant des plantes aquatiques, des laitues, qui vont être traitées et transformées en engrais agricole, et utilisées aussi pour produire de l’énergie électrique. « Le financement suisse est disponible. L’usine est en train d’être montée à Toumbokro (Ndlr : plantation léguée à l’Etat de Côte d’Ivoire par le Président Félix Houphouët-Boigny de son vivant. Elle est située après la localité de Zatta sur l’axe Yamoussoukro-Bouaflé.)

Mais en attendant cette embellie, les lacs si renommés sont dans une situation déplorable et alarmante depuis la disparition de leur créateur depuis 1993, la mort brutale de leur dresseur, la disparition du budget servant à la prise en charge de la nourriture de la nombreuse population de ces sauriens, et du non engagement financier des différents présidents qui ont succédé à Houphouët-Boigny. Une prise en compte de cette situation au niveau du budget de souveraineté sauverait la face, pour faire honneur au Président Houphouët qui doit se retourner dans sa tombe, face à la mauvaise passe que traversent ses caïmans et ses lacs menacés de disparition si l’on y prend garde.

Robert-Patrice Zouhou

Correspondant régional