Pour beaucoup d’entre nous, jeunes de la deuxième moitié de la décennie 1980 et des décennies suivantes, Félix Houphouët-Boigny nous a été conté. Lorsqu’il disparaissait en 1993, l’homme avait 88 ans et avait consacré plus de la moitié de sa vie au service de la Côte d’Ivoire, de l’Afrique et même du monde entier.
Outre son combat pour les indépendances, Houphouët-Boigny a été présenté comme un apôtre de la paix. En effet, sous son leadership, la Côte d’Ivoire, son pays, fût un îlot de stabilité dans une Afrique tourmentée par toute sorte de cataclysmes nés de l’appétit vorace de certaines élites africaines ; coups d’Etats militaires, guerres civiles, rebellions armées, crises politiques, sécessions, etc. Malgré le sort réservé à quelques « révoltés », Houphouët-Boigny a gardé, jusqu’à la tombe l’image d’artisan de la paix. N’est-ce pas à juste titre que l’UNESCO a soutenu en 1989 la création du Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix, décerné encore aujourd’hui? L’on n’a-t-on pas retrouvé les traces du premier président ivoirien sur les terres d’Israël et de la Palestine cherchant à réconcilier les descendants des fils d’Abraham ?
Malgré cette réputation quasi unanime de l’homme, nombreux sont les jeunes de ma génération qui s’interrogent si Houphouët-Boigny était véritablement l’homme de paix que l’on a voulu nous faire croire. Comment peut-il en être autrement ? Ne reconnait-on pas l’arbre par ses fruits ?
Nos inquiétudes et nos interrogations sont fondées dans la mesure où toute cette génération n’a connu que des crises nées de la lutte interminable entre les fils d’Houphouët. Comme le patriarche Abraham ou encore Isaac, Houphouët, l’homme de paix a semé les germes de l’inimitié entre ses fils, ses héritiers. A sa disparition, la boite de pandore s’ouvre sur la Côte d’Ivoire. L’on aurait pu dire, la digue Houphouët a cédé en 1993 et depuis lors tous les maux auxquels avait échappés la Côte d’Ivoire s’abattent sur le pays. En effet, depuis sa disparition, les héritiers du père fondateur, n’ont servi à la Côte d’Ivoire que des crises à répétition avec des méthodes et des stratégies aux antipodes de la réputation de celui dont-ils se réclament. A peine une année après la disparition d’Houphouët-Boigny, son parti politique, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement Démocratique Africain (PDCI-RDA) vole en éclat, de l’interne, la guerre des héritiers ne faisait que commencer. A peine six années après Houphouët-Boigny, la Côte d’Ivoire connaissait son premier coup d’Etat réussi. S’en suivra sa première rébellion qui débutera quelques trois années plus tard. Depuis Houphouët-Boigny, la Côte d’Ivoire n’a pas connu de paix. Ses héritiers n’ont servi que des crises à répétition, les élections sont devenues des moments de psychoses et de désolation. Depuis 1995 en effet, la Côte d’Ivoire n’a pas connu d’élection véritablement sans heurt.
Et si l’on s’était trompé sur le cas d’Houphouët Boigny ? Comment un homme de paix peut-il avoir pour héritiers des personnes aux antipodes des valeurs de paix, de dialogue et de tolérance ? Dans un monde où les conflits de toute sorte font rage, n’est-ce pas auprès des houphouëtistes, fils et héritiers, que le monde entier devrait courir pour chercher des solutions aux conflits du monde ?
Ou alors sont-ce les héritiers qui n’ont rien retenu du père ?
AKO Essan Emile
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COMMENTAIRES
Publié le :
17 novembre 2020Par:
ABIOLALes propres du Président FHB savent tous que le vieux était tribaliste en privé.Publié le :
13 novembre 2020Par:
Loethiers Mackan@ SIDIBE si ce n'était vraiment que cela, la solution serait facilement trouvée même par les plus néophytes. Malheureusement, lorsqu'on a été le pionnier et donc celui qui a tracé les sillons, l'héritage s'étend viscéralement à tous les secteurs de la vie politique de la nation et de l'Etat. Observez bien deux symboles nationaux: l'hymne national et la Constitution de la République. Lequel selon vous est plus manifeste dans la vie civique quotidienne nationale et même dans le fonctionnement de l'Etat? Regardez la politique migratoire, la politique étrangère, pour ne citer que ces deux secteurs. Quand la France se croit obligée de choisir qui doit gouverner en Côte-d'Ivoire, pensez-vous que Houphouët n'y ait aucune part de responsabilité? Peut-être aucune marge de liberté ne lui était consentie puisque ce n'est pas lui qui a créé la colonie. Houphouët ne nous a pas laissé que du bien; il nous laissé aussi du mauvais, sous forme de choix politiques et même humains. Voici pourquoi il n'y a jamais eu de débat contradictoire de clarification sur la définition de l'houphouétisme. Si ce n'est pas fait, la fin de la vieille garde s'ouvrira sur une véritable crise d'identité qui risque d'emporter le PDCI.Publié le :
12 novembre 2020Par:
SidibeIl faut differencier l’Homme avec ses sentiments et prejugés surtout à l’endroit des autres ethnies de la Côte d’Ivoire et LE politicien stratège et pragmatique conscient qu’il avait besoin de la contribution de tous pour asseoir son pouvoir et créer un état multiethnique: La Côte d’Ivoire. Mais il a été “rattrapé par son ethnocentrisme Akan “ en voulant à tout prix léguer le pouvoir à un des siens qui n’a rien appris de lui à part le faux et dangereux complexe de supériorité de son ethnie. Voilà le problème fondamental de la Côte d’Ivoire de l’après Houphouet.Publié le :
11 novembre 2020Par:
HummQuand on sait toutes les déstabilisations au sein de l'Afrique occidentale de l'Ouest auxquelles il a amplement participé et/où instituer, l'homme de Paix n'en était "un" que parce que inlassablement répété c'est tout ! D'ailleurs le prix Nobel de la paix ne lui a jamais été remis malgré tous les appels du pied qu'il a pu faire à son comité et la propagande autour de ses soit disants actes de ou en faveur de la Paix. Le dialogue n'en n'a jamais ete un.... Tout ce qui nous arrive est son héritage : un père égoïste et séparatiste avec prévalence pour sa seule ethnie, un ivoiritaire quoi ! Bédié est celui qui lui ressemble le plus, hélas...Publié le :
7 novembre 2020Par:
SYLLA Ibn AoufMerci pour un tel article. Il nous permet de nous interroger effectivement. Si l'on se réfère au livre de Samba Diarra "Les faux complots de Houphouët-Boigny" et celui de Amadou Koné "Houphouët Boigny et la crise ivoirienne" ont peut arriver à cette conclusion. Houphouet Boigny qualifiait par dédain ces amis du nord, de "fils de vendeur de poulet". Il aurait dit l'hors du complot, qu'il avait frappé le nord de ses meilleurs fils. Il aurait aussi dit que lorsqu'il quitterait le pays, c'est l'un des siens qui hériterait du pouvoir. L'on peut donc comprendre pourquoi une partie des ivoiriens(du sud) se croit plus ivoirien que l'ivoirien du nord(Malinké,Sénoufo...) Je conseille la lecture de ces oeuvres citées ci-dessus.Publié le :
6 novembre 2020Par:
Loethiers MackanMr AKO vous soulevez-là une question fondamentale très épineuse que les hommes politiques ivoiriens ne veulent pas affronter réellement.C'est un manque de courage politique qui les caractérise tous. Ils préfèrent se servir de la mémoire et de l'héritage politique d'Houphouët comme d'un fonds de commerce. C'est une escroquerie intellectuelle que la providence s'acharne à corriger pour mettre à nu les escrocs et les menteurs. A votre génération donc assoiffée de connaître la vérité, la providence et le vécu post-houphouët se chargeront de répondre comme pour dire: c'est nous qui ferons votre palabre.Publié le :
5 novembre 2020Par:
rahhhle père n'est en rien dans les dérives de ses héritiers! Le mal est en chacun de nous, notre intolérance envers les autres,PLUS D'ARTICLES
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Publié le :
17 novembre 2020Par:
ABIOLA