L’Enquête du jeudi : Ces Interdictions très peu respectées en Côte d’Ivoire. Des mesures régulièrement piétinées (1/3)

Nombre d’Ivoiriens ont encore du mal à respecter certaines lois qui régissent la vie en communauté. Au nombre de celles-ci : l’interdiction de fumer dans les lieux publics, l’interdiction d’utiliser le téléphone mobile au volant, ainsi que celle d’émettre des nuisances sonores. En effet, le Décret n° 2013-711 du 18 octobre 2013 porte sur « l’interdiction de l’usage du téléphone portable et de tout autre moyen de communication en situation de conduite automobile ». Quand le Décret N° 2012-980 DU 10 OCTOBRE 2012 fait état de « l’INTERDICTION DE FUMER DANS LES LIEUX PUBLICS ET LES TRANSPORTS EN COMMUN ». Le 3eme de cette liste est le décret N°2016-791 du 12 octobre 2016 « portant règlementation des bruits de voisinages ».

Comme on peut le constater, ces lois ne datent pas d’aujourd’hui. D’ailleurs la plus récente a été adoptée en octobre 2016. Depuis tout ce temps, nombre de personnes vivent comme si ces lois n’ont jamais été adoptées. Du moins, leurs attitudes donneraient à croire qu’elles n’ont aucun égard pour ces lois. Or, il est connu de tous que, nul n’est censé ignorer la loi.

Selon les propos d’un lieutenant de police en service au commissariat de police du 15eme arrondissement d’Abobo, rencontré l’après-midi du lundi 12 octobre 2020, la violation de l’interdiction de fumer dans les lieux et transports publics et l’interdiction de l’utilisation du téléphone portable au volant, ne font l’ombre d’aucun doute. Elles sont foulées au pied à longueur de journée et en tout lieu. Notre interlocuteur tient à relever que la loi relative à l’interdiction de fumer dans les lieux et transport publics et celle concernant l’usage du téléphone au volant, contiennent des insuffisances. Celles-ci portent, à l’en croire, sur le manque de textes relatifs aux montants des contraventions que doivent payer les contrevenants. « Ceci constitue un problème pour les agents de police dans l’exercice de leur mission », dit-il. Du fait de cette situation, l’officier de police indique que les personnes qui violent les lois précédemment citées, sont soumises à l’amende relative aux contraventions concernant l’incivisme. Cette amende selon ses propos est de 22 500 Fcfa. Il précise que les agents de police, mettent l’accent sur la sensibilisation et la prévention des populations. Ce sont les récidivistes qui d’après lui, tombent sous le coup de la loi.

La loi relative aux nuisances sonores n’est pas mieux logée. Elle est tout aussi piétinée. Si l’on s’en tient aux affirmations du sous-directeur de l’Environnement et du cadre de vie de la mairie d’Abobo, les habitants de la commune sont victimes de nuisances sonores. Celles-ci, selon Olivier Niagne Agnero, émanent des maquis, des sites religieux, de l’organisation de certaines manifestations telles que les mariages, les baptêmes, anniversaires. Toute fois les plus récurrentes des nuisances sont l’œuvre des maquis. « Plusieurs maquis sont situés non loin des habitations et leurs tenanciers ne tiennent pas compte du repos des habitants des cours voisines », soutient ce dernier.

Il ajoute que les quartiers de la commune où le phénomène prospère sont le carrefour de Plaque en quittant le carrefour Joc. Il y a également Abobote, Belleville, Dokui de la CIE à la Sodeci, et au-delà. S’agissant des sanctions, Niagne Agnero tient à préciser que les établissements qui se rendent coupables de nuisances sonores sont tout simplement fermés. La mairie d’Abobo n’a pas fait le choix des amendes à ce sujet.

Mais pour que les propriétaires de maquis qui enfreignent cette loi soient sanctionnés, il faut que les riverains le signalent. C’est d’ailleurs ce que le sous-directeur de l’Environnement et du cadre de vie de la mairie d’Abobo recommande. Aussi ce responsable de la mairie d’Abobo projette d’instaurer des comités de veille dans les quartiers de la commune. Avec pour missions de lui rapporter les nuisances sonores.

Ce n’est pas de manière fortuite que les autorités ivoiriennes ont instauré des lois interdisant la cigarette dans les lieux publics, l’usage du téléphone mobile au volant puis les nuisances sonores. C’est bien à cause des désagréments qu’ils occasionnent.

S’agissant du tabac, Fofana Hamed en fonction au Service des maladies infectieuses et tropicales (Smit) de Treichville, rapporte que selon l'OMS, le tabagisme est l'une des principales causes de décès, dediverses maladies et d'appauvrissement dans le monde.

Le tabac provoque aussi des cancers. Parmi ceux-ci on compte le cancer du poumon (90% des cas de cancer du poumon sont liés au tabagisme et 5% au tabagisme passif), mais aussi les cancers de la gorge, de la bouche, des lèvres, du pancréas, des reins, de la vessie, de l'utérus ou de l'œsophage lorsque le tabac est associé à l'alcool.

Le tabac selon les informations émanant de notre source est également à l'origine de maladies cardiovasculaires. Les risques d'infarctus du myocarde sont en effet accentués, tout comme les accidents vasculaires cérébraux, l'artérite des membres inférieurs, les anévrismes, l'hypertension artérielle. Il peut aussi entraîner d'autres types de maladies, comme la bronchite chronique, qui risque d'évoluer vers une insuffisance respiratoire ; l'emphysème (dilatation excessive et permanente des alvéoles pulmonaires, dont les cloisons sont rompues).

On peut enfin lui attribuer des pathologies telles que les gastrites, les ulcères, le diabète de type II, l'hypercholestérolémie, des maladies de peau comme l'eczéma, le psoriasis, le lupus. Sans oublier les infections ORL et dentaires, la cataracte ou la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA).

Le plus grave est que les personnes qui sont exposées à la fumée de la cigarette ne sont pas épargnées. Selon les propos de notre interlocuteur, ces dernières peuvent contracter de graves maladies cardiovasculaires et respiratoires, parmi lesquelles la cardiopathie coronarienne et le cancer du poumon. Le tabagisme passif fait aussi partie des causes de la mort subite du nourrisson et d'insuffisance pondérale à la naissance.

Jeremy Junior