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Politique

Appel à la retenue en Côte d’Ivoire : L’ONU sera-t-elle entendue ?

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La situation sociopolitique en Côte d’Ivoire préoccupe l’ONU au point qu’elle y a dépêché un représentant spécial en la personne de Mohamed Ibn Chambas. Ce dernier entamera dès à présent et ce, pendant une semaine, des discussions avec les différents acteurs politiques. En attendant de connaître l’issue des concertations, l’ONU appelle l’ensemble des acteurs à la retenue. Sera-t-elle entendue ? On attend de voir. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les inquiétudes de l’ONU sont légitimes. En effet, alors que l’invalidation, par le Conseil constitutionnel, des candidatures d’opposants emblématiques comme Laurent Gbagbo et Guillaume Soro n’a pas fini de faire couler encre et salive sur les bords de la lagune Ebrié, l’opposition ivoirienne se prépare à aller en front uni contre le troisième mandat du président Alassane Ouattara, autorisé par la juridiction électorale suprême du pays, à s’aligner dans les starting-blocks de la course à sa propre succession. Ainsi, de l’ex-président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, en exil sur les bords de la Seine au patron du PDCI, Henri Konan Bédié, en passant par l’UDPCI de Mabri Toikeusse et les partisans de l’ex-célèbre prisonnier de La Haye, Laurent Gbagbo, toujours en délicatesse avec la Justice, chacun y va de sa stratégie et de ses propositions avec comme point commun que tout ce que l’opposition ivoirienne compte de poids lourds, est aujourd’hui debout comme un seul homme, pour barrer la route à l’enfant de Kong dont la candidature est jugée anticonstitutionnelle et qui se retrouve dans la course à l’échalote, par le seul fait de la « forfaiture » d’une juridiction « instrumentalisée par les dirigeants actuels ».

On peut nourrir de sérieuses inquiétudes pour la Côte d’Ivoire

Le dernier fait marquant en date est l’appel à la désobéissance civile du Sphinx de Daoukro, l’ex-président Henri Konan Bédié, qui rêve de renaître de ses cendres et de revenir aux commandes du pouvoir d’Etat. Sans doute croit-il pouvoir trouver en cette présidentielle qui s’annonce pour lui, comme le dernier combat de sa vie à 86 ans révolus, l’occasion idéale de redorer son blason avant de tirer sa révérence. Quoi qu’il en soit, cet appel du doyen de l’opposition ivoirienne à la désobéissance civile, au moment où certains, comme Guillaume Soro par exemple, veulent explorer d’autres voies comme celle de la saisine d’institutions continentales telles la CEDEAO, l’Union africaine, et internationales comme l’Union européenne et les Nations unies, sonne comme une réponse à la mesure d’interdiction des manifestations, prise dans la foulée par les autorités ivoiriennes. En attendant de savoir quelle forme va revêtir concrètement cette désobéissance civile, on peut se demander si l’appel de Bédié, sera entendu. Surtout du côté de la société civile et des syndicats qui, jusque-là peu audibles dans le débat qui se mène, pourraient ne pas se sentir vraiment concernés par ce qui apparaît comme un combat de politiciens revanchards. On attend de voir. Mais d’ores et déjà, on peut nourrir de sérieuses inquiétudes pour la Côte d’Ivoire. Car, à l’allure où vont les choses, on se demande si le gnaga* est encore évitable. D’autant que dans la situation actuelle où les positions semblent tranchées entre protagonistes qui se croient chacun dans son bon droit, la Côte d’Ivoire qui est déjà sous haute tension à l’interne, semble laissée à elle-même.


Comment, dans ces conditions, éviter une explosion de la cocotte-minute surtout qu’il ne se dessine à l’horizon, aucune mesure visible d’apaisement encore moins de médiation pouvant servir de soupape à une situation qui se dégrade continuellement au fur et à mesure que l’on approche de l’échéance du scrutin ? C’est à se demander si l’inflexibilité des autorités d’Abidjan et les revendications maximalistes de l’opposition qui demande, en plus de la réhabilitation de ses leaders sous sanctions, ni plus ni moins que la dissolution de la Commission électorale et du Conseil constitutionnel, ne répondent pas à une volonté d’en découdre frontalement sur le terrain. En tout cas, à moins d’un retournement spectaculaire de situation, on ne voit pas l’opposition ivoirienne obtenir, en un mois et demi, ces changements qu’elle n’a pu obtenir depuis son combat de longue date. En tout état de cause, sans absoudre ADO, l’histoire actuelle de la Côte d’Ivoire n’aurait pas été aussi pathétique si on n’avait pas retrouvé unis aujourd’hui, dans un même combat, des gens que tout ou presque oppose en politique. En effet, l’ironie du sort est de compter aujourd’hui dans ce conglomérat de farouches opposants au président ADO, l’UDPCI de Mabri Toikeusse, héritier de feu Robert Guéi, le tombeur d’Henri Konan Bédié, ex-allié d’ADO contre Laurent Gbagbo qui ne voulait plus voir Guillaume Soro, même en peinture, après le ralliement de ce dernier à l’ennemi juré, Alassane Ouattara. C’est dire si bien plus en Côte d’Ivoire qu’ailleurs, la politique a ses raisons que la raison du citoyen lambda ignore tant elle semble évoluer au gré des intérêts du moment, des acteurs. . Et le peuple ivoirien dans tout cela ?

« Le Pays »

*Gnaga : bagarre en langage Nouchi (argot ivoirien)




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