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Politique

Mali: Interview exclusive - Moussa Mara, ancien Premier ministre : « Les lendemains seront difficiles 

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L’ancien Premier ministre malien, Moussa Mara apprécie les efforts de la CEDEAO pour sortir son pays de la crise politique actuelle, survenue après l’éviction du pouvoir d’Ibrahim Boubacar Kéïta.

Lebanco.net :Moussa Mara, si vous êtes désigné pour conduire la transition, accepteriez-vous au nom du salut du Peuple?

Il y a de nombreux autres valeureux fils du pays qui peuvent diriger la transition. Moi je suis un homme politique qui doit plutôt participer aux compétitions électorales. La transition doit être politiquement neutre pour être efficace et assurer le passage optimal à une vie constitutionnelle normale.

La CEDEAO a encore remis la pression avec un ultimatum fixé à la junte militaire au 15 septembre. Pensez-vous, comme certains analystes, que les Chefs d'Etat ouest-africains sont déconnectés de la réalité du terrain malien ?

Je me garderai de porter un jugement sur les chefs d’Etat étrangers et amis du Mali. La CEDEAO a des règles et elle n’est pas seule à demander au Mali d’aller vers une transition civile rapidement. L’ensemble de la communauté étrangère la supporte dans cette direction. La question n’est pas de juger la CEDEAO mais de voir comment le Mali va pouvoir réintégrer rapidement le concert des nations.

IBK parti après des manifestations de rue puis l'intrusion des militaires, on a l'impression d'une pagaille. Avez-vous eu des échanges avec la junte militaire en tant qu'ancien Premier Ministre?

Non le CNSP souhaite garder une neutralité entre les partis et les acteurs publics. Ils organisent des rencontres publiques avec les partis et j’y ai participé pour échanger sur les concertations des forces vives devant aboutir sur une transition au mieux des intérêts des Maliens.

Quelle est la réalité du quotidien dans votre pays aujourd'hui ?

De nombreuses difficultés nous assaillent, il est vrai. L’insécurité, les conflits intercommunautaires, le terrorisme, la crise économique, les difficultés sanitaires et le conflit politique ayant entraîné la chute du Président IBK sont des problèmes pour notre pays. Nous devons nous relever et le faire ensemble et vite.

Pendant qu'à Bamako les militaires engagent des discussions avec les forces populaires, les terroristes continuent de frapper. Quelle devrait être la priorité, à ce jour, dans votre pays?

La priorité est de bien choisir parmi les différentes priorités. La mise en place d’un cadre politique qui stabilise le pays et lui permette de faire face à ses défis est indispensable. Sans le cadre politique et institutionnel adéquat, rien de durable ne peut être entrepris au Mali. Il faut que nous y travaillions rapidement.

Comment appréciez-vous les sanctions de la CEDEAO ?

Elles sont très dures et leurs effets commencent à se faire sentir, notamment au niveau des personnes les plus fragiles. Cependant, il ne faut pas se lamenter sur ces sanctions mais se focaliser sur le meilleur moyen de les lever et le plus rapidement possible.

Après l'unité contre IBK, l'Imam Dicko et le M5-RMP et les militaires semblent se chercher une voie de sortie. Selon vous, quelle pourrait-être cette issue de secours pour le Mali ?

 Il faut éviter l’exclusion et la tentation de fermer les débats autour des organes de transition ainsi que son contenu. L’Imam Dicko d’ailleurs en appelle à l’unité et à l’inclusivité et surtout au désintéressement. Le combat du M5-RFP n’est pas de chercher des places mais d’obtenir le changement profond dans la gouvernance du pays. Il faut que tous les acteurs se souviennent de cela.

Comment se présente la situation économique du pays, en termes d'analyse macro-économique?

Très difficile car la Covid-19 avait déjà ébranlé nos fondamentaux macro-économiques, obligeant l’Etat à revoir son budget 2020 qui était déjà fortement déficitaire et dégradé. Les conflits socio- politiques, avec l’embargo, alourdissent les déficits du pays. La crise cotonnière qui s’annonce dans trois mois avec une baisse de plus de 70% de la production n’arrangera pas les affaires. Notre pays est au bord de l’une des plus grandes crises économiques de son histoire. Les lendemains seront difficiles. A nous d’en prendre conscience et de nous ressaisir au mieux.

Moussa Mara envisage-t-il de proposer une nouvelle offre politique à ses concitoyens pour remettre le pays à dos de chameau ?

Pour l’instant, ma préoccupation principale est de contribuer à la meilleure transition possible, convenue de manière inclusive et conduite de manière neutre avec le souci absolu de l’intérêt du pays et de ses habitants. On aura grandement le temps de parler politique d’ici deux à trois mois.

Avez-vous échangé avec des chefs d'Etat de la CEDEAO? Comptez-vous le faire?

Non je n’ai pas eu ce privilège. Si j’en ai l’occasion, je le ferais avec plaisir. Le Mali a besoin de la solidarité de tous. Je suis persuadé que tous nos voisins en sont conscients et sont disponibles à nous accompagner.

Adam’s Régis Souaga





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