L’Etat malien peut-il aujourd’hui tenter d’engager un bras de fer avec la CEDEAO, qui conditionne la levée de ses sanctions au retour vers une certaine normalité politico-institutionnelle ? Quelles conséquences cette option pourrait entraîner ?
Pour de nombreux Maliens, la mutinerie ayant entraîné la démission du président Ibrahim Boubacar Kéita le 18 août dernier est une opportunité à saisir pour aller à une refondation de leur Etat. Ils plaident donc pour que la Transition politique à amorcer pose les jalons des grandes réformes devant sceller le changement profond souhaité par tous.
Pour cet objectif, la majorité des populations estime que les acteurs politiques ou de la société civile sont largement discrédités pour pouvoir impulser, de fond en comble, ce changement tant souhaité.
En effet, pour le Malien lambda, l’état de déliquescence dans lequel se trouve le pays est à mettre à la charge de ces acteurs. Et l’on peut espérer qu’avec des militaires patriotes aguerris à la tête du pays durant une transition, la soif de changement peut trouver un écho favorable.
C’est pourquoi les masses populaires appellent à ce que les nouveaux hommes forts du pays s’assument pour diriger cette transition pour une période plus longue afin de poser des actes de gouvernance de rupture avec le laxisme, la mauvaise gouvernance, la gabegie et les autres maux qui ont miné le pays durant ces trente dernières années.
Or, pour la CEDEAO, il n’est pas question qu’un militaire soit le chef de la transition. Et le sommet extraordinaire des chefs d’Etats du vendredi dernier a réaffirmé sa volonté de voir un chef de la transition civil, un Premier ministre civil, une transition d’au plus un an, etc. Et l’organisation ouest-africaine de souligner que ses sanctions (fermeture de frontières et embargo économique et financier) ne seront levées que progressivement au fur et mesure que ses desiderata seront appliqués.
Dès lors, des voix s’élèvent pour appeler à boycotter la CEDEAO, à lui tenir tête en se fondant sur la souveraineté de la Nation malienne et sur le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, reconnu par les Nations Unies.
Il faut admettre que le contexte économique et sociopolitique du Mali impose une certaine realpolitik du fait des énormes difficultés que traverse le pays. La crise multidimensionnelle oblige donc à mettre sous éteignoir un quelconque bombement de torse au relent nationaliste pour oser un pied-de-nez à la CEDEAO par rapport à ses sanctions.
Car, selon les économistes, le Mali étant un pays enclavé et assisté à divers niveaux pour affronter la crise sécuritaire (force Barkhane, MINUSMA, G5 Sahel, etc.) doit se résigner à subir cette forme de chantage de la CEDEAO. Comment pourra-t-on échapper aux effets pervers de la hausse drastique des prix des denrées de première nécessité ? Comment le pays peut être correctement approvisionné en produits de grande consommation ?
D’ores et déjà, l’on signale la hausse des prix de certains produits agricoles d’importation, la saison agricole ayant été difficile pour le pays.
Le Mali peut-il limiter les effets de cet embargo en privilégiant les frontières d’avec la Mauritanie et l’Algérie, comme le murmurent certains de nos compatriotes ? Rien n’est moins sûr. Car, la donne sécuritaire et les distances supplémentaires entre Bamako et ces frontières renchériront les coûts de marchandises y ayant transité.
Tous ces éléments risquent d’aggraver le mal-vivre et la paupérisation des populations qui risqueraient de déchanter, malgré l’euphorie liée au renversement d’IBK.
Boubou SIDIBE
GENERATED_OK
-
COMMENTAIRES
Publié le :
31 août 2020Par:
Beugré JulienLes Présidents de la CEDEAO mettent plutôt en place un bouclier pour eux mêmes. Dans Tous ces défilés, ces présidents travaillent pour eux mêmes et non pour les maliens.PLUS D'ARTICLES
-
Côte d’Ivoire . Cissé Bacongo cherche des investisseurs pour « co-construire une vision durable et inclusive pour Abidjan »
-
Kibarou . Ces faits qui nous parlent
-
Agriculture : À l’IITA, des experts ivoiriens s'imprègnent de nombreuses innovations transposables dans les filières vivrières
-
Cameroun : Issa Tchiroma Bakary parie sur une présidentielle sans Paul Biya
-
L’accord de paix RDC-Rwanda « n’a rien de bradage de nos ressources » (Thérèse Kayikwamba)
-
Côte d'Ivoire. Fraudes au ministère de la Construction ? « Des accusations sans fondement », répond Bruno Koné à Assalé Tiémoko
-
Côte d'Ivoire- Présidentielle : comment marche le parrainage des candidatures
-
Côte d'Ivoire. Foncier : « L’ADU maintient les droits coutumiers » (Bruno Koné)
-
Coopération . Andréa Riccardi à Ouattara : « la Côte d’Ivoire mérite respect et encouragements »
-
Côte d'Ivoire. Le vice Président inaugure une unité de transformation de cacao à Abidjan
-
Côte d’Ivoire. La Cour africaine rejette la plainte de Laurent Gbagbo contre l’Etat ivoirien pour sa radiation de la liste électorale
-
Centrafrique :Ils étaient allés chercher le bac , ils ont trouvé la mort !
-
Côte d’Ivoire : la Cour africaine rejette une plainte de Soro Guillaume et de ses proches contre l’Etat
-
Côte d’Ivoire. Sansan Kambilé étend la délivrance des certificats de nationalité et casiers judiciaires en ligne
-
Côte d'Ivoire. Des journalistes formés pour une couverture éthique de l’élection présidentielle
-
L’enquête du jeudi. Téléphones et télévisions : les enfants mis en danger par la surexposition
-
Côte d'Ivoire. Foncier urbain : Bruno Koné à la rencontre des populations pour expliquer les réformes
-
Côte d’Ivoire. San Pedro abritera la rencontre annuelle de l’équipe managériale de la Banque mondiale
-
Côte d’Ivoire. L’Ambassadeur de la Suisse salue l’engagement de Dominique Ouattara en faveur du bien être des enfants.
-
Côte d'Ivoire. Logements sociaux : un appui budgétaire de la Banque mondiale en préparation
-
Côte d’Ivoire. L’Ambassadeur de l’Iran fait ses adieux à Ouattara
-
Accord RDC-Rwanda : Washington veut favoriser les investissements dans un climat de paix (Lucy Tamlyn)
-
Côte d’Ivoire. A Port Bouët, des déguerpis vivent sur des tombes
-
États-Unis : la Cour suprême lève les restrictions sur les expulsions vers des pays tiers
-
Bruno Koné aux députés « Il n’y a pas de recrudescence des litiges fonciers »
-
Genre et développement : Le leadership féminin ivoirien mis en lumière en Malaisie
-
Côte d’Ivoire. Deux morts dans une collision sur l’autoroute du Nord
-
Côte d’Ivoire. Alassane Ouattara candidat ? « Je prendrai dans les jours qui viennent (…) une décision
-
Kibarou. Le oui en d’autres termes de Ouattara !
-
Pacte social : Félix Tshisekedi reçoit le rapport de mission CENCO-ECC
-
Publié le :
1 septembre 2020Par:
Forestier de Lahou