Ce sera donc finalement vendredi. D’abord programmé pour hier mercredi 26 août avant d’être repoussé au lendemain jeudi, c’est-à-dire aujourd’hui, c’est en principe demain que doit se tenir un sommet extraordinaire de la CEDEAO consacré à la crise malienne. Pourquoi donc ces multiples décalages ? Difficultés de coordonner les agendas présidentiels qu’on sait toujours surbookés ? Ou doit-on voir dans ces différents reports l’embarras d’une organisation sous-régionale au milieu du gué sur le fleuve Djoliba, ne sachant plus trop que faire ?
Cette nouvelle rencontre en visioconférence au sommet, la deuxième en l’espace d’une semaine, intervient après le constat de désaccord entre la junte qui s’est emparée du pouvoir le 18 août dernier et la délégation de la CEDEAO qui vient de passer 72 heures à Bamako. Initialement partie pour faire rendre gorge aux putschistes qui ont contraint Ibrahim Boubacar Kéita à la démission, l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan et le président de la Commission de la CEDEAO, Jean Claude Kassi Brou, avaient dû finalement revoir leurs ambitions à la baisse pour engager des pourparlers avec les militaires en vue d’une transition consensuelle.
Il est vrai que le mandat « robuste » avec lequel ils avaient débarqué dans la capitale malienne n’avait plus vraiment de sens du moment que celui qu’ils étaient allés réinstaller dans son fauteuil a clairement dit qu’il n’en voulait plus, fût-ce pour une seconde, plus préoccupé qu’il est par son état de santé. Les missi dominici, en 48 heures, seront au moins parvenus à obtenir un bon de sortie pour se soigner en faveur de l’ancien locataire du palais de Koulouba. Concernant le reste, les différentes parties sont surtout d’accord sur leurs désaccords : qu’il s’agisse de la durée de la transition ou de ses animateurs, il n’y a pas eu vraiment d’avancée.
La soldatesque réclame, rappelons-le, une transition de deux ans qui serait présidée par un militaire avec un gouvernement en majorité militaire, question de nettoyer les écuries d’IBK avant de remettre le pouvoir aux civils. Un souhait irrecevable pour la CEDEAO et sur lequel le sommet virtuel de ce vendredi devrait se pencher.
Les lignes ont-elles bougé de part et d’autre pour trouver un terrain d’entente ? En vérité, on en est à se demander si la médiation de la CEDEAO ne complique pas elle-même les choses. N’est-ce pas mieux que les Alassane Ouattara, les Alpha Condé et tutti quanti pensent plus à leurs propres casseroles qu’au sort du peuple malien en se mettant de côté pour laisser les descendants de Soundjata Kéita régler eux-mêmes leurs problèmes ?
On a vu comment au Burkina, après le « coup d’Etat le plus bête du monde » perpétré par le général Gilbert Dienderé en septembre 2015, les présidents Macky Sall, Yahi Boni et les autres ont littéralement pédalé dans la choucroute avant que le reste de l’armée et les forces vives de la nation prennent eux-mêmes les choses en main en renvoyant le RSP et Dienderé à leurs chères études politico-militaires.
Comparaison n’est certes pas raison, les solutions expérimentées dans un pays ne pouvant être dupliquées les yeux fermés dans un autre, mais les militaires peuvent-ils vraiment imposer leurs desiderata au Mouvement du 5-Juin et à l’imam Mahmoud Dicko, qui ont mâché le travail dans la rue avant que les soldats terminent la manœuvre et n’ont certainement pas envie que leur insurrection soit volée ?
Du reste, ça tombe bien : au moment où nous bouclions, nous venions d’apprendre qu’une rencontre entre les putschistes et le M-5 s’est tenue pour la première fois hier à Kati pour une prise de contact. Et l’on l’espère bien qu’en grands garçons, c’est pour prendre les choses en main. Une chose est sûre : ça ne va pas contribuer à redorer le blason de la CEDEAO, structure à vocation communautaire mais qualifiée par une certaine opinion de syndicat de chefs d’Etat et accusée de faire dans la politique à géométrie variable ainsi que dans l’indignation sélective.
Issa K. Barry
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COMMENTAIRES
Publié le :
27 août 2020Par:
Vamara DagnogoJe m'excuse pour la méconnaissance de ce journal pour lequel travaille ce journaliste qui donne ici sa propre opinion au lieu de faire une analyse neutre afin que tous ceux qui le liront puissent comprendre la situation au mali. Voilà un informateur qui désinforme le peuple sur le rôle de la CEDEAO dans la sous région. Vous le journaliste en tant que citoyen vous pouvez ne pas être d'accord avec les règles fondatrices de cette organisation, mais en qualité de journaliste la déontologie de votre métier vous interdit de désinformer vos lecteurs. Tous les intervenants que vous avez cités ici s'expriment par rapport aux règles de l'.organe de leur union régionale. Et puis, quelle idée de soutenir un coup d'état militaire dans son propre pays au jour d'aujourd'hui ? Quelle recule ? Ou plutôt quel retard ?Publié le :
27 août 2020Par:
Loethiers MackanCette CEDEAO devenue syndicale comme l'OUA pour parler de respect de l'ordre constitutionnel alors qu'elle est absente lorsque ses membres gouvernent en piétinant les constitutions.PLUS D'ARTICLES
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Publié le :
28 août 2020Par:
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