« Depuis que la Côte d’Ivoire est la Côte d’Ivoire, et même avant, chaque année, à la même période, il pleut abondamment sur la ville d’Abidjan. Et chaque année, les mêmes quartiers, les mêmes rues sont inondées. Les mêmes taudis situés toujours aux mêmes endroits s’écroulent. Les mêmes caniveaux débordent. Et parfois des gens meurent. Mais chaque année, nous sommes surpris. Donc, cette année encore, malgré les prévisions météorologiques, nous avons été fort surpris par la pluie. C’est pour cela que des rues ont été coupées, des habitations inondées et tous les désagréments que nous avons connus. Et comme l’année prochaine à la même période, il y aura de fortes pluies, apprêtons-nous maintenant à être surpris. Il n’y a rien à dire. Nous sommes trop forts, nous les nègres. »
J’avais écrit ces lignes dans ce même journal le 23 juillet 1999. Le texte complet qui est intitulé « nous sommes trop forts » se trouve à la page 127 de mon livre recueil de chroniques intitulé « nègreries » (Fratmat éditions).
Cette année 2020 donc, nous avons encore une fois été surpris par la pluie et nous avons eu des quartiers, des rues, des maisons, inondés, des voitures emportées, des glissements de terrain et hélas, des morts. Combien de personnes n’ont-elles pas perdu la vie parce que leurs véhicules sont tombés dans le piège d’une rue inondée ? Combien d’autres ne sont-elles pas mortes parce que leurs maisons ont été emportées par un glissement de terrain ? Nous avons la belle excuse de dire que la pluviométrie de cette année a été exceptionnelle. Cela est vrai, mais reconnaissons que les quartiers construits dans les normes ont été peu affectés par les eaux.
Depuis toujours nous connaissons les causes de nos maux. Nous construisons comme il ne faut pas, là où il ne faut pas, nous bouchons les caniveaux, les voies d’écoulement des eaux, nous n’entretenons rien. Force nous est de constater qu’une bonne partie de cette ville d’Abidjan, naguère si belle et que tout le monde nous enviait, est construite dans la plus totale anarchie. Et c’est Cocody, ce quartier autrefois chic où tout le monde rêvait de vivre, qui détient la palme de la commune la plus indisciplinée. Ses « nouveaux quartiers » que sont Angré Fandasso, Riviera-Palmeraie, Allabra, Génie 2000 sont ceux qui chaque année se retrouvent sous les eaux. Parce que des promoteurs immobiliers peu scrupuleux ont construit dans ces quartiers des cités sur des zones où il ne le fallait pas. Et comme les personnes à la recherche d’un toit sont souvent peu regardantes sur les questions de sécurité, on leur vend parfois leurs propres morts à des prix exorbitants. Il existe aussi dans ces quartiers des personnes aux poches pleines qui du fait de leur richesse se croient au-dessus des règles et donc tout permis, et pensent pouvoir narguer les autres en construisant des immeubles sur des passages d’eau. Et chaque année, nous en payons tous le prix parfois en vies humaines. Chaque année on nous met en garde lorsque la saison des pluies approche et puis nous assistons impuissants aux dégâts. Et après les pleurs, les critiques et les lamentations, on laisse les choses en l’état jusqu’à la prochaine saison des pluies. Et chaque année, la pluie revient pour nous rappeler nos inconséquences et nous en faire payer le prix.
Si j’en crois ce que je lis sur les réseaux sociaux, c’est le maire de Koumassi qui cette année a anticipé les choses et entrepris les travaux qu’il fallait pour que son quartier échappe à la malédiction de la saison des pluies. Il vient de nous démonter qu’il n’y a ni fatalité, ni aucun mauvais génie derrière ces tragédies que nous vivons chaque année. Félicitons-le et invitons les autres maires à suivre son exemple. Chapeau Monsieur le maire Cissé Bacongo. En attendant, comme il faut de grands remèdes aux grands maux, le Chef de l’Etat vient de donner l’ordre de démolir toutes les infrastructures construites sur les voies d’eau. Il est temps que des grands travaux soient effectués afin que la saison des pluies ne soit plus un cauchemar pour les habitants de notre capitale économique. Nous n’avons pas d’autre choix que d’aller à la destruction des constructions qui endeuillent des familles et détruisent des biens que des personnes ont mis des années à acquérir au prix d’énormes sacrifices. Non, tout le monde n’a pas à payer les inconséquences et les égoïsmes de quelques-uns.
Venance Konan
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COMMENTAIRES
Publié le :
4 juillet 2020Par:
Forestier de LahouCeux qui, à tous les niveaux de la hiérarchie ou de la société ivoirienne, ont cru qu'on peut dominer et maîtriser la nature sans tenir compte de ses lois les plus fondamentales et sans risquer de graves et irréversibles conséquences, imprévoyants, irresponsables et âpres au gain rapide de sommes faramineuses, sont la cause directe ou indirecte de ces inondations récurrentes et calamiteuses. Les travaux entrepris ça et là et le plus souvent à contretemps ne font que déplacer les problèmes quand ils ne les aggravent pas. Y a-t-il des études environnementales sérieuses et impartiales avant toute construction ? avant toute délivrance de permis de construire ? que nenni ! On vend les terrains, n'importe quel terrain, on encaisse l'argent et Basta ! Exemple : A Bingerville, parallèlement à l'ancienne route, il y a un grand chenal d'écoulement des eaux vers la lagune toute proche (une sorte de vallée), qui s'est rapidement et irrémédiablement transformé en "grand canyon" parce que des petits malins (qui se croyaient sans doute très forts et très intelligents) ont cru bon d'abattre deux ou trois vieux fromagers pour construire ou cultiver. Et c'est sur les flancs de ce "grand canyon" qu'on a cru bon de construire des logements prétendus "sociaux" (visités plusieurs fois, vantés et inaugurés en grande pompe par des "autorités", en présence des médias) sans comprendre que ce sont de futurs quartiers précaires et dangereux. Car ce qu'on ne dit pas, c'est que plusieurs murs ont dû être reconstruits et consolidés avant la fin des travaux parce qu'ils commençaient à tomber dans le "canyon" ! (on a les photos, on peut les montrer...) Tout ce qui a été construit entre Faya et le CME et au-delà est logé à la même enseigne, lorsque les ouvrages cèdent, on les consolide mais cela ne sert à rien car ils sont très clairement sous-dimensionnés et à chaque saison des pluies, les torrents d'eau qui affluent les contournent et coupent l'axe Cocody-Bingerville. Tous les carrefours et ronds points de cet axe sont source de problèmes répétitifs. Au lieu de soudoyer à grands frais des soi-disant "experts" venus de la planète Mars, il serait plus productif d'interroger les anciens, eux ils ont la mémoire du chemin naturel des eaux et des événements météorologiques. Éventuellement, demandez-nous, on vous orientera. En Côte d'Ivoire, il semble qu'on a oublié l'adage : "Errare humanum est, sed ¨PERSEVERARE DIABOLICUM" !Publié le :
4 juillet 2020Par:
xiAux Etats-Unis et au Japon par exemple, ils ont une véritable culture de préparation aux risques des catastrophes naturelles. Ils ont ds plans d’évacuation en place, ils testent leurs systèmes de réponse en cas de crise et les populations sont sensibilisées et disciplinées... Cette culture de préparation à la saison des pluies en faisant tout pour se préparer et pour évacuer d'avance les populations les plus vulnérables, c'est quelque chose qui nous manque ici en Cote d'Ivoire. Depuis 10 ans, les gens meurent et la ministre de la Solidarité vient dire "yako". Mais au-delà des effets d'annonce recherchés et des annonces creuses, rien n'est fait depuis 10 ans... C'est un échec du pouvoir actuel. En 10 ans rien n'a été fait. On a multiplié les administrations publiques "budgétivores" et on a dilué les compétences et les responsabilités: Onad, Agence nationale pour l'Environnement, Agence nationale pour la Salubrité, BNETD, Ministère des Infrastructures, Ministère de la Salubrité, Ministère de l'Environnement, Ministère de la Construction et de l'Urbanisme, District Autonome d'Abidjan, 10 communes à Abidjan, Ministère de la Ville... Qui fait quoi et est responsable de quoi ? Personne ne le sait et rien n'est fait depuis plus de 10 ans!Publié le :
4 juillet 2020Par:
Lago TapeOui en ce qui concerne la lutte contre les inondations, nos Autorites peuvent mieux faire. Depuis 10 ans, il y a beaucoup d'annonces, mais pas de resultats. Chaque annee il nous faut deplorer des pertes en vies humaines et d'importants degats materiels.PLUS D'ARTICLES
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Publié le :
4 juillet 2020Par:
Aka Koto