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Du bon usage de l'Académie française

Publié le :

La toute récente décision de l'Académie française, relative au genre de "COVID-19", semble inutile, contre-productive et de nature à remettre en cause l'autorité même de cette institution. En ce 21ème siècle, 40 personnes peuvent-ils et doivent-il se réunir dans une salle, en sortir quelques heures plus tard pour dire à des millions de locuteurs d'une langue "ne parlez plus comme ci, parlez plutôt comme ça”, surtout que, dans ce débat, le choix du genre masculin est guidé par une logique tout à fait acceptable ?

A titre de rappel, l'Académie française fut fondée en 1635 par le Cardinal de Richelieu, alors Premier ministre du roi Louis XIII. Cette institution avait pour mission de décider du bon usage de la langue et de la consigner dans le Dictionnaire à l'usage de tous les locuteurs. Le bon usage étant, évidemment, celui de la cour royale, donc de la noblesse - la classe dominante - dont la culture et les mœurs s'imposaient au Tiers Etat (le peuple). Le système politique de l'époque était la monarchie, qui est ensuite devenue absolue sous Louis XIV. L'Académie dans son esprit et son fonctionnement était le reflet de cet environnement socio-politique.  

Or les institutions sont les produits de leurs époques et surtout de leur environnement socio-politique. Quatre siècles plus tard, l'Académie peut-elle encore fonctionner comme dans une monarchie alors que nous vivons dans une/des république(s) démocratique(s) ? Dans ce débat, il ne s'agit pas du bon usage opposé au mauvais usage. Il ne s'agit pas de distinguer le vrai du faux. Nous sommes en présence de deux logiques qui se valent. La première fait référence à un virus et la seconde à une maladie, l'une étant masculine et l'autre féminine. D'où vient alors que le choix subjectif et arbitraire de 40 individus doive s'imposer à celui de millions de locuteurs ? Cela est peut-être logique dans une monarchie mais pas dans une république démocratique. 

Par ailleurs, les gouvernements des pays francophones dans leur ensemble - le Québec étant l'exception - ont utilisé - à l’unanimité - le genre masculin dans leurs communications et déclarations officielles relatives à la pandémie. Si on considère cet ensemble désigné sous le vocable de la Francophonie, on pourrait se poser la question suivante : L'Académie française est-elle au service de la Francophonie ou est-ce que c'est la Francophonie qui est sous la tutelle linguistique de l'Académie française ? 
 
La langue est vivante et elle ne vit que par l'usage de ses locuteurs. Lorsque de façon spontanée un usage particulier est constaté chez la majorité des locuteurs, et que cet usage est guidé par une logique linguistique rationnelle acceptable, ne faudrait-il pas simplement l’entériner ? Lorsqu'on se retrouve face à un choix entre deux logiques rationnelles, quelle option semble la plus acceptable ? Celle de 40 individus qui s'alignent sur celle de millions d'autre individus ou le contraire ? A bien des égards l’institution s’est adaptée. Sans aucun doute.  Mais il serait temps, si tel n'était pas encore le cas, que cette institution épouse l'air du temps et se mette véritablement au service des millions de locuteurs de la langue, en admettant que ceux-ci puissent avoir l’initiative d’enrichir la langue par des usages spontanés, obéissant à une logique acceptable. 
 
En définitive, cette décision semble d'autant plus inutile que l'humanité - les francophones y compris - ait mieux à faire en ce moment que de débattre du sexe des anges...pardon, le genre de la pandémie qui la menace.   
 
Siriki Gbané
Washington, DC
 



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