Le père de David et Ernest avait été musicien, enseignant, puis député. Et il était réputé pour ses succès auprès de la gent féminine, et ses nombreux enfants. Ernest avait joué d’abord comme batteur, puis comme guitariste soliste, dans un groupe qui s’appelait « Merry Makers » et qui se produisait dans un bar du quartier Sokouradjan de Dimbokro, baptisé « Sensation ». Moi j’avais une guitare et je cherchais quelqu’un pour m’apprendre à en jouer. Je rêvais à cette époque d’être artiste. Ernest se proposa à m’enseigner les rudiments de la guitare. Mais les choses se gâtèrent entre nous parce qu’il confisqua ma guitare et ne m’apprit aucune note. Il me fallut de longues négociations pour qu’il me rende mon instrument.
Pour tout dire, nous nous quittâmes fâchés. L’année suivante, je poursuivis mes études au lycée moderne de Daoukro, puis à l’université d’Abidjan avant celle de Nice, en France. Ernest de son côté alla « se chercher » plus tard en France. Il en revint des années plus tard artiste chanteur, sous le nom de N’st Cophies, et avec les cheveux défrisés. Moi je revins de France journaliste. Lorsque le journaliste et l’artiste se retrouvèrent, ils rirent de l’affaire de la guitare qui les avait opposés à Dimbokro. Ernest redevint le grand frère de Dimbokro, et nous nous revoyions chaque fois avec plaisir. Je me souviens d’une longue interview qu’il m’avait accordée après son retour d’un séjour aux États-Unis.
Au début, il me parlait normalement, avec son accent de toujours. Puis, lorsque je lui parlai de son séjour américain, il prit aussitôt un accent américain, avec des « you know » comme Alpha Blondy, et se mit à chercher les mots français. J’éclatai de rire et lui dis « oh, Ernest, c’est avec moi que tu parles hein ! On se connaît quand même ! » Et il oublia aussitôt son accent américain. Ces dernières années, Ernest avait eu des ambitions politiques. Il s’était présenté aux élections législatives à Dimbokro et avait été battu. Il lorgnait à présent la mairie de la ville et partait souvent à Daoukro, pour rencontrer le président du Pdci. Là-bas, il logeait chez moi, chez son petit frère que j’étais.
La dernière fois que j’ai vu Ernest, c’est lorsqu’il est venu me rendre visite à mon domicile de Bingerville avec notre ami commun Noël Dourey, à la fin de l’année 2018, à la suite de l’opération chirurgicale que je venais de subir. Il devait se rendre quelque temps après aux États-Unis où vivait son épouse. Je n’avais rien su, ni de sa maladie, ni de l’opération qui l’aura emporté. J’ai reçu la nouvelle de son décès comme un coup de poing en pleine figure, à Maféré où je me trouvais. Je ne peux que te dire au revoir, grand frère. Je ne peux pas te dire autre chose.
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COMMENTAIRES
Publié le :
3 septembre 2020Par:
BI MICHELSansan Boah vrai ou faux ça inquiète. Un jour tu fais des examens rien d'anormal et quelques mois après cancer phase terminale !???!!!???Publié le :
3 septembre 2020Par:
Sansan BoahEn Afrique malheureusement quand tu veux faire la politique, la mort n'est jamais loin… Les sorciers du village te font mourir d'un cancer fulgurant ou d'une tumeur à la tête… Paix à ton âme!Publié le :
3 septembre 2020Par:
XiC'est qui le président du PDCI-RDA que l'artiste allait voir à Daoukro et que l'auteur Venance Konan ne veut, ni ne peut nommer ?PLUS D'ARTICLES
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Publié le :
3 novembre 2020Par:
Dr. Charles Koudou