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Politique

Commentaire- Après la visite d’Etat dans le N’zi : Ces mauvais signaux qui brouillent le message de paix de Ouattara

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En visite dans la région du N’zi, Alassane Ouattara a beaucoup parlé de paix. De Kouassi-Kouassikro à Dimbokro, en passant par Bocanda, il a exhorté les populations à entretenir la cohésion entre elles. La paix, a-t-il répété partout, est le préalable au développement. Et des actions de développement, Ouattara en a posé dans cette localité, et plus généralement dans tout le pays.
Durant son séjour, des localités de la région ont été sorties de l’obscurité par une mise sous tension ; un commissariat a été inauguré à Bocanda, qui devrait aider à assurer davantage de sécurité aux populations de cette ville. D’autres actions d’envergure, qui devraient améliorer le cadre de vie dans ces localités et contribuer ainsi au bien-être des populations, ont été promises par le chef de l’Etat : bitumage de l’axe Dimbokro-Bocanda, Bocanda-Kouassi-Kouassikro, construction d’un pont sur le fleuve N’zi,etc. 
Mais encore faut-il que le pays demeure stable comme il l’a été ces huit dernières années pour voir ces promesses être tenues par Ouattara, qui a déjà donné la pleine mesure de ce dont il est capable en matière d’actions de développement. 
Le hic, c’est ce que le contexte sociopolitique ne présage pas d’un climat serein d’ici à 2020. Comme en témoigne un rapport d’un Centre américain de prévention du génocide, rendu public récemment. Partantde certains signaux que leur renvoie l’actualité politique ivoirienne, les auteurs dudit rapport ont exprimé leurs inquiétudes de voir la stabilité du pays être gravement perturbée d’ici à la présidentielle de 2020. 
De fait, un ensemble de faits inclinent à craindre une éventuelle déflagration, si le pouvoir ne lâche pas du lest.
D’abord, la question de la recomposition voire de la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI). Ici, ce qui inquiète, c’est le fait que le processus de mise en place suive son cours, en ignorant royalement une frange de l’opposition, constituée du PDCI, du FPIpro-Gbagbo et des pro-Soro. Une partie des organisations de la société civile désapprouve aussi la manière dont ses représentants ont été désignés. 
Et pourtant, depuisle mercredi 25 septembre 2019, les 15 membres de la nouvelle CEIont été nommés. Le vendredi 27 septembre, ils ont prêté serment devant le Conseil constitutionnel. Le lundi 30 septembre, le président de cet organe électoral devrait être connu. 
 
Polémique autour de la CEI, poursuites judiciaires
Pourtant, dès la nomination des 15 nouveaux membres, des voix se sont élevées pour crier à la mise à l’écart du PDCIet du FPIpro-Gbagbo autant que des soroïtes. Et dénoncer un passage en force. Il est vrai que le pouvoir avait appelé tout le monde à la table des négociations et essuyé un boycott de ceux qui crient au loup aujourd’hui. Il reste que la mise en place d’une CEInon inclusive, c’est-à-dire ne prenant pas en compte les préoccupations de ces acteurs de la vie politique, sera, à n'en pas douter,source de crispation politique. Et partant, de troubles sociopolitiques. Aussi serait-il salutaireque le pouvoir ouvre à nouveau les négociations en vue de la constitution d’une CEIplus consensuelle. 
Pour la paix, Ouattara devrait donc revenir sur sa parole de ne plus revenir en arrière, s'agissant du brûlant dossier CEI.
L’autre fait qui incline à l’inquiétude quant à l’avenir, ce sont ces coups subis par l’opposition à travers certains de ses cadres. Le dernier en date, c’est l’affaire Mangoua Jacques, du nom d’un baron du PDCI, ancien patron d’une structure étatique de la filière cacaoyère, sous Laurent Gbagbo. Il nous revient que des armes de guerre ont été découvertes dans sa résidence de Bouaké. Que les faits soient avérés ou pas, l’affaire pourrait être perçue par une certaine opinion comme un acharnement contre un autre cadre duPDCI, après celle qui a conduit Akossi Bendjo, un autre baron du parti de Bédié, à s’exiler. 
Il est donc à craindre que l'accumulation de ce type d'affairesne soit vue par Bédié et le PDCIcomme des tracasseries visant à affaiblir leur parti. Et donc que cela provoque une vive réaction de ce parti et des opposants se réclamant de la plateforme mise en place par Bédié. Une réaction dont les conséquences seraient imprévisibles.
Outre les partisans de Bédié, l’ex-président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, subirait lui aussi des pressions, perçuesdans son camp comme des tracasseries. Selon des révélations faites dans la dernière parution de "La Lettre du Continent", des proches de Ouattara voudraient le voir accusé de fomenter un coup contre le pouvoir. Des soldats, soupçonnés d’être de mèche avec lui, auraient été mis aux arrêts en août dernier, a annoncé le confrère. Tout cela, il faut l’admettre, n’est pas de nature à rassurer quant à la préservation du climat de paix qui a étélaborieusement établidepuis l’accession de Ouattara au pouvoir.
Sauf à vouloir cacher le soleil avec la main, on ne saurait donc nier que ces mauvais signaux rendent pour le moins inaudible le message de paix qu’a lancé le président de la République lors de sa visite dans le N'zi. Il urge d’agir pour rattraper ce qui peut l’être encore, au risque de compromettre la poursuite des résultats positifs dont peut s'enorgueillir le régime Ouattara.
Karine Koré
 
 
 



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