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Culture

La polémique de la semaine: Il faut sauver nos stars !

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Sa mort me rappelle celle de Issa Sanogo, artiste chanteur, auteur de la célèbre chanson « Gbangban », retrouvé mort, comme un sans famille, dans la rue à Treichville, en 2018, un dimanche. 
Il avait été révélé au grand public dans les années 1980, grâce à Première chance, une émission-phare de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI), créée et animée par le mythique Roger Fulgence Kassy. C’était le passage obligé avant d’atteindre le Podium, un Tremplin (titres encore d’émissions de RFK consacrées aussi à la musique, à la découverte de jeunes et nouveaux talents). Et tout alla vite pour lui. Par la magie des médias, il fut mis, de manière précoce, sur orbite.

L’adolescent Issa Sanogo emplissait l’espace médiatique chétif de l’époque, lequel, à son tour, amplifiait ses sorties. C’était la petite star de l’époque, des années 1980. Il avait du talent, l’adolescent, et puis, c’était nouveau à l’époque, de voir un gamin chanter avec tant d’aisance devant un micro, chantant juste et bien. Il faisait la Une donc des rares journaux de la place, Fraternité Matin et Ivoir’Dimanche, mais il ne sut pas saisir sa chance.

La presse avait fabriqué une petite star, mais elle ne lui a pas préparé les limites à ne pas franchir – ce n’était pas son rôle ; ceux qui le produisaient, qui devaient être ses conseillers, non plus. Et ce fut, comme il avait connu tôt la gloire, sans encadrement, tôt aussi la déchéance.

Un dimanche donc, dans une rue de la ville qui l’a vu grandir, Treichville, on le retrouva mort. Il devait avoir, sans doute ou tout au plus 45 ans, et avait côtoyé trois décennies au moins les frontières dangereuses pour l’âme et pour le corps. Drogue, prison, tentative vaine de rebondir, déchéance. 

Sa mort me rappelle le sort d’un autre chanteur, Petit Denis, récidiviste notoire, quant à lui, abîmé par la drogue. Qu’est-il devenu ? Sa mort me rappelle encore, la fin de carrière d’un autre, « Djosseur de Naman », Roch Bi, le « PDG des Namans ».

Surveillant sans titre de voitures au Plateau, il n’eut pas le temps de regarder dans le rétroviseur de sa vie noire, éclaircie soudainement par le succès d’un titre pour comprendre d’où il vient et comment tout cela allait finir. Le temps de comprendre - a-t-il un jour compris ? - que les projecteurs ne scintillaient plus pour la star, rapidement devenue, qui tombera rapidement, lui aussi dans l’oubli.

Mort, lui aussi… Arafat n’avait, avec ces cas cités, qu’un seul lien véritable : la passion de la musique, de la vivre intensément et d’en vivre. Mais, il n’était pas un enfant obligé à vivre et survivre dans les rues ; c’est un enfant qui a décidé d’aller à la rencontre de la rue qui va redessiner son destin, après avoir déserté et les bancs de l’école et surtout le domicile familial, riche de la présence rassurante de ses géniteurs.

Le père surtout Houon Pierre (Paix à son âme), bien connu du monde du show-biz, était le frère du célèbre Do Albert (Moya). Leur petit Ange y va, volontairement, poussé par l’envie d’aller voir ailleurs, de se forger une carapace pour affronter les défis qu’il s’est laissés. Á ses parents, mais surtout à lui-même. Aller faire, en quelque sorte l’expérience du manque.

La sagesse l’enseigne : « Quand ramasser devient aisé, se courber devient difficile ». Il va donc apprendre l’art de souffrir, de se « courber » et d’avoir raison sur tous. Il va donc à l’école de l’initiation à la vraie vie, celle où l’on apprend à se battre. Œil pour œil. Dent pour dent. Avec ses muscles, avec ses courages, avec sa rage de vivre. Les autres n’ont pas eu de choix, et n’ont pas connu le bonheur de cet Ange qui décide de partir du foyer conjugal. Les photos de sa vie avec ses parents en témoignent.

Tatoué comme pas deux, cette rue le forme, le succès le déforme. Il devient Arafat. Et pourtant, au-delà du premier aspect signalé, la passion de la musique, une seule chose va les relier, c’est-à-dire le même handicap qui a tué au propre comme au figuré les autres précités : le manque d’encadrement véritable de ces stars que fabriquent les médias, qui s’imposent à nous, mais qui se retrouvent sans encadrement véritable.

Il faut sauver nos stars. Contre eux-mêmes. Pour leur propre bien. Avec le concours de vrais managers, eux-mêmes indépendants, non nécessiteux. Regardez, il y en a qui sont appelés « Manager », ils ne sont, le plus souvent, que les plus fidèles des fidèles. C’est un mérite énorme pour qui connaît le milieu artistique. Ces soi-disant managers donc -et ils sont nombreux- le plus souvent sympathiques, sans plus, tout en admiration devant leurs stars, intimidés par elles de surcroît, ne sont que des camarades, qui n’ont aucune autorité, ne serait-ce que morale, sur elles.

Or, quand on a atteint une telle dimension, on ne demeure pas dans la camaraderie inefficace pour développer sa carrière. Il faut des gens qui en imposent à l’artiste, narcissique d’office, capables de lui dicter des conduites à tenir ; bref, des gens de caractère, de réseaux, d’audience, d’envergure capables de le discipliner pour son propre bien. Les « Managers » ne sont que des amis de galère qui devaient faire partie du fan-club, donc être de… petits Chinois, sans plus, avec un privilège qu’il n’est pas donné à tous de goûter : partager, ici, les sorties du Yôrôbô et donc d’être des élus du cercle fermé de la star, en question. Tous donc, comme Arafat, « enfants de la rue », projetés très tôt dans l’arène des grands, starisés adolescents, il leur a manqué cet indispensable encadrement.

Hélas. Arafat, officiellement mort le lundi 12 août, n’avait-il pas achevé lui aussi sa course un dimanche ? Paix à son âme ! Comme Issa…

Michek Koffi 



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