Après 48 heures de marchandages, les dirigeants européens se sont entendus mardi sur leur distribution pour diriger l’Union européenne, qui verra deux femmes occuper pour la première fois deux postes clés : la ministre allemande Ursula von der Leyen à la Commission et la Française Christine Lagarde à la BCE.
La présidence du Conseil européen sera occupée par le premier ministre libéral belge Charles Michel, tandis que le ministre socialiste espagnol Josep Borrell hérite du poste de haut représentant pour les affaires étrangères.
L’actuel président du Conseil européen, Donald Tusk, s’est félicité d’un « parfait équilibre entre les sexes » avec deux hommes et deux femmes.
Les principales familles politiques sont représentées : deux femmes de droite, un libéral et un socialiste.
Inconnue à l’étranger, la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, une proche d’Angela Merkel, sera la première femme et seulement la deuxième Allemande à la tête de la Commission, à partir du 1er novembre et pour cinq ans.
Son nom a été proposé par le président français, Emmanuel Macron, ce qui a ouvert la voie à une Française, Christine Lagarde, pour prendre la tête de la Banque centrale européenne (BCE). Là aussi une première pour une femme.
L’ancienne ministre française des Finances (63 ans), qui sera nommée pour huit ans, s’est dite « très honorée ». « Elle va occuper ce nouveau poste avec beaucoup de prudence et d’engagement », a estimé Angela Merkel.
Le ticket von der Leyen-Lagarde permet à la France et à l’Allemagne d’obtenir chacune un poste d’envergure, et à la droite européenne de conserver la tête de la Commission.
Le futur président du Conseil européen, le libéral Charles Michel (43 ans), a promis de préserver « l’unité, la diversité et tout spécialement la solidarité » dans l’UE.
« L’Espagne est de retour avec force pour représenter la politique étrangère et de défense de l’UE », s’est félicité le premier ministre socialiste espagnol, Pedro Sanchez, à propos de Josep Borrell (72 ans), son ministre des Affaires étrangères proposé pour la diplomatie de l’UE.
Ce compromis met fin à de profondes divisions entre les dirigeants européens qui étaient apparues au grand jour sur la constitution de la nouvelle équipe.
Femme énergique
Médecin de formation, mère de sept enfants, Ursula von der Leyen parle couramment français et anglais et a occupé plusieurs postes ministériels.
À 60 ans, cette native de Bruxelles a toutefois un bilan controversé au ministère de la Défense allemand, mais elle est forte d’une image d’Européenne convaincue et de polyglotte.
Soutenue par le président français, Emmanuel Macron, cette francophile est appréciée par Paris, notamment du fait d’une bonne coopération sur les questions de défense franco-allemande.
À la tête de l’armée allemande depuis près de six ans, cette femme énergique fut un temps considérée comme la dauphine toute désignée de la chancelière, qui l’a nommée ministre dans chacun de ses quatre gouvernements (2005-2019).
Une série de scandales ont cependant éclaboussé la Bundeswehr et son ministère depuis : matériel obsolète, sous-investissements, experts surpayés, essor de l’extrême droite dans les rangs… Si bien que le verdict des Allemands est dur : selon un sondage récent du quotidien Bild, elle est considérée comme l’une des deux ministres les moins compétents du gouvernement.
Malgré cette image écornée, Ursula von der Leyen va à Bruxelles, la ville qui l’a vue naître et grandir jusqu’au début de l’adolescence, avec un atout important : la confiance de Paris et de Berlin, à l’heure où M. Macron et Mme Merkel semblaient ne pouvoir s’entendre sur rien.
Inauguration houleuse
Les députés européens élus fin mai prenaient officiellement possession de leurs sièges mardi à Strasbourg, lors d’une session marquée par la manifestation de plusieurs milliers de Catalans et par l’hostilité démonstrative des élus britanniques pro-Brexit dans l’hémicycle.
Une dizaine de milliers de manifestants ont agité des drapeaux de la Catalogne devant le siège de l’institution en soutien à trois élus indépendantistes empêchés de siéger par les autorités espagnoles parce qu’ils n’ont pas pu prêter serment à Madrid.
À l’intérieur, la session a démarré au son de l’Ode à la joie, boudée ostensiblement par les 29 députés du Brexit Party de Nigel Farage. Priés de se lever durant l’hymne européen, ils l’ont fait, mais en tournant le dos à l’assemblée.
Publié le :
7 mars 2019Par:
BI MICHEL