Un an après sa signature par 49 pays africains à Kigali (Rwanda), l’accord instaurant la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) doit entrer en vigueur en avril 2019 après la ratification attendue d’au moins 22 États africains, contribuant ainsi à la création de la plus grande zone de libre-échange mondiale créée ces dernières années.
« Les avancées enregistrées, s’agissant de la zone de libre-échange, sont particulièrement encourageantes », s’est félicité, le 10 février dernier à Addis-Abeba, le Président de la 32ème session du conseil exécutif de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, en référence « au rythme actuel de ratification ». Il ne reste qu’un seul État en attente de ratification pour atteindre le seuil des 22 pays, indispensable à l’entrée en vigueur de l’accord signé le 21 mars 2018 à l’issue de deux ans de travaux préparatoires menés sous la présidence du Nigérien Mahamadou Issoufou.
Avec le soutien de la Banque africaine de développement, le continent amorce la dernière étape de son immense projet économique : intégrer les 55 pays africains pour créer un marché commun de 2.500 milliards de dollars de PIB cumulé. « La mise en œuvre de la ZLEC devrait se traduire par un gain net de 2,8 milliards de dollars américains de revenu réel pour les Africains », a indiqué, à Addis-Abeba, le Directeur du Département de la politique macroéconomique de la Banque, Hanan Morsy, qui estime que la ZLEC devrait entraîner une hausse de 15% du commerce intra-africain.
Depuis 2010, les projets financés par la Banque en termes d’intégration économique et sociale se sont multipliés, contribuant à faire tomber les barrières entre les États.
D’Abidjan à Tunis, d’Accra à Bamako, Dakar, Ouagadougou et Niamey, la construction de grands corridors routiers et la mise en convergence des systèmes douaniers ont facilité la circulation terrestre des biens et des personnes. De Yaoundé à Lusaka et Brazzaville, de Casablanca à Alger, la réalisation d’interconnexions électriques et de projets d’énergies renouvelables a tissé une toile entre les capitales africaines, permettant ainsi d’éclairer des millions de ménages. Enfin, la modernisation des aéroports du continent, du Caire à Johannesburg, en passant par Addis-Abba, Nairobi et Banjul, a permis de répondre progressivement au défi de la libéralisation du ciel africain par la création d’un marché unique du transport aérien appelé « African Air Transport Market (SAATM). Lancé en janvier 2018, il doit lever les entraves à la connectivité aérienne en Afrique.
Afin de soutenir ces initiatives, été instauré un indice d’ouverture du visa (« Visa Openness Index », VOI) sous l’égide de la Banque africaine de développement et de ses partenaires - le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA). Depuis son lancement en 2016, plusieurs pays africains ont réformé leurs systèmes de délivrance de visas afin de simplifier la circulation des personnes sur le continent.
L’Afrique avance à grands pas dans son intégration régionale en facilitant le commerce interrégional. « Nous sommes déterminés à poursuivre notre soutien au programme d’intégration de l’Afrique, car cela devrait conduire à une croissance durable, aider le continent à résister aux pressions externes et permettre aux entreprises africaines de se développer et de devenir des géants mondiaux », insiste Gabriel Negatu, Directeur général de la Banque africaine de développement en Afrique de l’est.
Selon Negatu, la Banque œuvre au désenclavement du continent. Elle a investi et continuera à investir plusieurs millions de dollars à la création de corridors commerciaux, à la construction d’infrastructures, notamment de réseaux électriques interconnectés. Sans compter l’objectif de la Banque d’arriver à l’instauration d’un passeport commun à tous les pays africains. « L’intégration va rapprocher les villes. La mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale (ZLEC) favorisera les flux du commerce transfrontalier. On éliminera ainsi les frontières qui séparent les populations. On créera des emplois pour les jeunes Africains. On leur donnera des opportunités pour changer l’Afrique », conclut Negatu.