Bernard Binlin Dadié était l’écrivain le plus fécond de la littérature néo-africaine....
Ecrivain, dramaturge et homme politique ivoirien, Bernard DADIE dont on célébrait le centenaire en 2016, apparaissait comme l’un des écrivains les plus représentatifs de la génération ayant donné ses lettres de noblesse à la culture africaine. Cet écrivain constant de la protestation, a insufflé un souffle lyrique dans sa puissante contribution littéraire.
Contrairement à certains auteurs africains qui se sont épuisés au bout d’un roman, et n’ont plus rien écrit depuis lors, les productions de Bernard DADIE sont riches et nombreuses, alliant souci de transmettre l’héritage culturel africain et engagement littéraire : «Tant qu’on n’aura pas supprimé les causes qui font penser les têtes, crier les bouches, on n’aura pas fini de supprimer les bouches et les têtes qui, à leur tour, feront supprimer d’autres bouches et d’autres têtes» dit-il dans «Climbié».
En effet, Bernard DADIE, témoin d’une période troublée et humaniste, est l'auteur d'une œuvre véritablement prolifique qui aborde tous les genres littéraires : poésie, roman, théâtre, chroniques, contes traditionnels, le plus significatif étant le théâtre.
En effet, Bernard DADIE, témoin d’une période troublée et humaniste, est l'auteur d'une œuvre véritablement prolifique qui aborde tous les genres littéraires : poésie, roman, théâtre, chroniques, contes traditionnels, le plus significatif étant le théâtre.
Né vers 1916 à Assinie, dans la région orientale, lagunaire et forestière, à la Côte des Dents ou Côte de l’Or, actuelle Côte-d'Ivoire. Il puise son inspiration littéraire dans son cercle familial, pour résister à l’entreprise de dépersonnalisation du système colonial : la chicote, le prix dérisoire des matières premières et les prix excessifs des marchandises importées. Son grand-père, Binlin DADIE, a aidé la France à s’installer en Assinie, un territoire dépendant du royaume Agni-Sanwi de Krindjabo, et où un fort fut construit en 1701. «Binlin» signifie «Celui qui a raison, le plus fort ou le plus solide», DADIE veut dire «le couteau». Fils d’un ancien combattant de l’armée française, à Tours, avec le grade sergent en 1920, devenu planteur, son père de l’ethnie Agni, Gabriel Binlin DADIE (1891-1953), fondateur de l’association «Syndicat des Planteurs Africains» a joué un rôle dans le Parti Démocratique de la Côte d’Ivoire. Son grand-père a été à l’école française et avait le métier de postier. De retour en Afrique, après son service militaire en France, Gabriel DADIE, «Africain français, mais Africain avant tout», entreprend, sans complexe et sans haine, d’améliorer la situation des coloniaux. Commis de 1ère classe et ancien combattant, l’administration lui refuse les mêmes droits que les Français. Il démissionne de la Poste en 1924, pour combattre l’injustice, pour la dignité et l’égalité des droits.
Si son grand-père a eu une influence décisive sur lui, en revanche, Bernard DADIE n’a pas été élevé par sa mère. «Je suis le seul de ma maman. Je suis aussi le dernier. Mon père a eu une autre femme et d’autres enfants» dit Bernard DADIE. La mère de DADIE était une femme borgne qui a toujours pensé qu'elle possédait une malédiction. Ses trois enfants précédents étaient tous morts.Son oncle Melantchi, fermier à Bingerville, l'ancienne capitale de la Côte d’Ivoire, a élevé Bernard DADIE.
Bernard DADIE qui s'est rendu compte de l’importance de la famille et de la communauté, écrira, par la suite, un roman, qualifié «d’autobiographie générale» : «Climbié». «C’est le roman d’une génération. C’est la vie de l’école, du village, l’école du groupe scolaire, l’école de William Ponty. Je suis là, mais ce n’est pas moi seul. Je charrie les choses et je transporte tous les remous que les compatriotes, les amis et moi, nous avons vécu dans les années 36 à 47», dit Bernard DADIE. L’auteur est en accord avec Stendhal qui considère que le roman est une sorte de miroir que l’on promène sur les choses. «Le roman est un filet qu’on pose et qu’on ramène avec des éléments entre autres», précise Bernard DADIE.
Bernard DADIE qui s'est rendu compte de l’importance de la famille et de la communauté, écrira, par la suite, un roman, qualifié «d’autobiographie générale» : «Climbié». «C’est le roman d’une génération. C’est la vie de l’école, du village, l’école du groupe scolaire, l’école de William Ponty. Je suis là, mais ce n’est pas moi seul. Je charrie les choses et je transporte tous les remous que les compatriotes, les amis et moi, nous avons vécu dans les années 36 à 47», dit Bernard DADIE. L’auteur est en accord avec Stendhal qui considère que le roman est une sorte de miroir que l’on promène sur les choses. «Le roman est un filet qu’on pose et qu’on ramène avec des éléments entre autres», précise Bernard DADIE.
Pendant la première partie de sa vie, DADIE a connu la colonisation. Il a étudié d’abord en Côte-d’Ivoire à Grand Bassam, mais les enfants étaient battus par les enseignants ; il quitte cette école pour Bingerville, sur insistance de son oncle, Melantchi. Il obtient son certificat d’études primaires en 1930. Son enseignant Charles BEART, saura être un meilleur pédagogue. En 1931, c’est à cette école que sa vocation de dramaturge et manifeste sa verve indépendante et satirique. «Travaille, lis et je te prédis un bel avenir littéraire» lui dira un de ses professeurs. Bernard DADIE poursuivra ses études de 1932 à 1937, à l’École normale William-Ponty de Gorée, au Sénégal, et a pour promotionnaire Hubert MAGA (1916-2000), Modibo KEITA (1915-1977) et Hamani DIORI (1916-1989), futurs présidents qui seront évincés par la Françafrique.
En 1947, il retourne dans son pays et milite au sein au sein de ce parti. «J’ai toujours aimé ma Côte d’Ivoire, et je l’aime encore plus depuis que je suis au Sénégal et je voudrais (…) que nous placions notre pays plus haut en cédant la place à nos enfants, c’est-à-dire que nous fassions de ce pays plein d’avenir autre chose qu’il n’est présentement», dit-il dans une lettre à un ami resté au pays. Les troubles du 6 février 1949, à la suite d'une provocation des membres du RDA, le conduisent en prison pour seize mois, où il tient un journal qui ne sera publié qu'en 1981, «Carnets de prison». «Ils m’ont enrichi sans le vouloir, sans le savoir. J’ai compris ce que sont Pouvoir et Justice», dit-il à sa sortie de prison. Le RDA, affilié au Parti communiste français jusqu’en 1951, est rentré dans les rangs et a abandonné toute perspective révolutionnaire. «Je poursuivrai, sur le plan littéraire, ce que j’avais fait sur le plan politique, mais avec beaucoup plus de liberté», prend soin de préciser Bernard DADIE.
À l'indépendance, il exerce, tour à tour, les fonctions de chef de cabinet du ministre de l'Éducation nationale, de directeur des Affaires culturelles, d'inspecteur général des Arts et Lettres. En 1977, il devient ministre de la Culture et de l'Information de 1977 à 1986. Sa création littéraire s'est développée parallèlement à cette brillante carrière politique et gouvernementale.
À l'indépendance, il exerce, tour à tour, les fonctions de chef de cabinet du ministre de l'Éducation nationale, de directeur des Affaires culturelles, d'inspecteur général des Arts et Lettres. En 1977, il devient ministre de la Culture et de l'Information de 1977 à 1986. Sa création littéraire s'est développée parallèlement à cette brillante carrière politique et gouvernementale.
Publié le :
3 novembre 2019Par:
Fatou Diagne