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Economie

Chocolat : le made in Ghana à la conquête du monde

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57 Chocolate, la marque fondée par les sœurs Kim et Priscilla Addison, rentrées au Ghana, veut faire la différence et défend la transformation locale des matières premières agricoles.
 
À l'instar des héroïnes de la série TV An African City (Une ville d'Afrique), sorte de Sex and the City ghanéenne qui campe de jeunes femmes ayant étudié et travaillé à l'étranger avant de revenir s'installer au Ghana, Kim et Priscilla Addison, 28 et 31 ans, sont des « repats ». Une enfance sénégalaise, des études aux États-Unis, un job dans des organisations internationales en Suisse… Et Accra ! C'est en 2014 que leurs parents, ghanéens, décident de quitter Genève, où la famille réside depuis huit ans, pour retourner au pays. « Nous avons toujours su que nous reviendrions un jour en Afrique, que ce soit au Sénégal ou au Ghana. Et notre père, qui ne jure que par l'entrepreneuriat et qui est très patriote, nous répétait qu'à ce moment-là il faudrait qu'on soit prêtes, qu'on ait un projet », explique Kim.
Pourtant, formées aux relations internationales et au français, engagées dans le secteur du développement, les deux sœurs n'ont pas vraiment la tête à ça. Créer un business… oui, mais quoi ? Les idées ne se bousculent pas. « On a alors organisé des visites d'usines en Suisse, et c'est là qu'on s'est demandé : Pourquoi le Ghana, deuxième producteur mondial de cacao, et qui fut même le premier par le passé, n'est-il pas connu pour son chocolat ?  » On s'est dit qu'on pourrait essayer de changer la donne en transformant le cacao sur place », poursuit Kim. Coupe afro courte, legging noir et tunique aux discrets motifs fleuris, la jeune entrepreneuse reçoit avec décontraction dans la maison familiale, au nord-ouest d'Accra. Le lieu est chic et sobre, à l'image de la marque de chocolat créée par les sœurs Addison : 57 Chocolate.

Vers une transformation du cacao à petite échelle

« 57 » se réfère à la date de l'indépendance au Ghana, premier pays d'Afrique subsaharienne à s'être affranchi du joug colonial. « C'est un chiffre symbolique ici, mais, au-delà de ça, c'est un hommage à l'esprit de cette période. Peu après l'indépendance, on a vu émerger de nombreuses usines, dans le textile, dans l'agroalimentaire (tomate, sucre, produits laitiers). Mais elles ont disparu à la fin des années 90. Si vous allez au supermarché aujourd'hui, vous verrez qu'il y a très peu de produits made in Ghana », résume Kim. Le manque de transformation des matières premières agricoles a particulièrement frappé les deux sœurs lors de leur « redécouverte » du Ghana. Un pays qu'elles ne connaissaient réellement qu'à travers de courts séjours, le temps des vacances.
Durant deux ans, elles se reconnectent, elles apprennent. Elles rencontrent des producteurs de cacao, des entrepreneurs, suivent même le programme d'entrepreneuriat de l'homme d'affaires nigérian Tony Elemelu. Elles doivent aussi s'endurcir. Leur projet suscite plutôt le scepticisme. « On nous disait qu'il était quasiment impossible de fabriquer du chocolat à petite échelle et qu'on ne ferait pas le poids », se souvient Kim, qui décrit une barrière « éprouvante ». Démarrer « petit », c'est pourtant le credo de ce duo, qui investit toutes ses économies – auxquelles se greffe l'aide financière de parents et d'amis – dans la construction d'une usine attenante à la maison familiale, dans des équipements de production… et dans un groupe électrogène. Car, au début, les délestages sont fréquents. « On travaillait parfois toute la nuit pour profiter de l'électricité, car on pouvait rester vingt-quatre heures sans courant », raconte Kim. Le problème est résolu depuis 2017 dans la capitale ghanéenne, à la faveur de nombreux investissements dans l'énergie et d'une diversification vers le solaire.

Une gamme de chocolats haut de gamme

 
 ©  DR
La marque joue l'originalité jusqu'au bout en proposant à ses clients des emballages personnalisés. © DR
 
 
En 2016, la première tablette de chocolat sort enfin des machines. Et, autre « défi de taille » selon Kim, la voilà empaquetée selon les critères exigeants formulés par l'équipe de 57 Chocolate. « On a eu beaucoup de mal à trouver le bon fournisseur, avec la qualité et le design qu'on recherchait. Et, au début, on nous demandait si le packaging était fait en Chine. Mais c'est fabriqué ici au Ghana, ce qui est très important pour nous », insiste Kim. C'est un chocolat de luxe ghanéen que vise le tandem. Ce qui se traduit, en termes de goût, par des croisements subtils avec des saveurs locales (noix de coco, bissap) et, dans la forme, par une invitation à « découvrir la beauté du Ghana ». Peintures naïves et colorées de lieux emblématiques du Ghana sur les emballages, ou gamme de chocolats moulés avec des symboles de tribus ashantis, Kim considère 57 Chocolate comme « un moyen de mieux connaître la culture et l'histoire » de son pays.

Les nouvelles ambitions du Ghana

Depuis 2016, 57 Chocolate exporte ses produits à travers le monde, en petites quantités. Les bénéfices sont réinvestis dans la société, qui embauche huit personnes. À travers ce projet, Kim souhaite que « d'autres jeunes se tournent vers l'agrobusiness, qui est plein d'opportunités, vu la richesse de nos ressources », estime-t-elle
 
 
Parallèlement au très populaire fabricant de chocolat Golden Tree – compagnie créée en 1965 et détenue par l'État –, le secteur dénombre une dizaine d'entreprises spécialisées dans la transformation de cacao. Et, selon les données dévoilées début janvier par le Ghana Cocoa Board (Cocobod, l'office ghanéen de commercialisation du cacao), le mouvement s'accélère : la part du cacao traité localement a augmenté de près de 20 %, pour se chiffrer à 300 000 tonnes en 2018. L'objectif de cette institution est aujourd'hui de renforcer encore les capacités de transformation locale des fèves de cacao, conformément à l'un des engagements de la déclaration d'Abidjan signée par le Ghana et la Côte d'Ivoire le 26 mars 2018 (les deux pays voisins assurent 60 % de la production mondiale de fèves de cacao). Kim et Priscilla ont donc peut-être vu juste en misant sur le « bon timing ».



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