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Internationale

RDC :Le diable est-il entré dans le bénitier ?

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En République démocratique du Congo (RDC), après l’investiture, le 24 janvier dernier,  du président Félix Tshisékédi dont l’élection était fortement contestée, des fissures se font sentir au sein de l’Eglise catholique. En effet, dans un communiqué rendu public le 27 janvier dernier, les évêques de Kanaga, dans le Kasaï, ont salué « les temps nouveaux dans l’histoire [de la RDC] à la suite des élections du 30 décembre 2018 » et rendu grâce à Dieu pour « la première alternance au sommet de l’Etat par la voie des urnes ». Ils se sont aussi réjouis de l’élection de Félix Tshisékédi qui « est aussi le couronnement du long combat politique de son père, M. Etienne Tshisékédi wa Mulumba, l’un des grands hommes politiques congolais dont le patriotisme marquera l’histoire de notre pays ».
On peut se demander à quoi obéit la sortie des prélats du Kasaï
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’au vu de son engagement dans cette crise et du rôle éminent qui est le sien, il est logique que l’Eglise catholique cherche à jouer à l’apaisement, pour ne pas jeter inutilement de l’huile sur le feu à l’issue d’une élection présidentielle qui reunissait tous les ingrédients d’une déflagration. Et l’on peut aussi aisément comprendre qu’après s’être autant investie pour favoriser l’alternance en contribuant, entre autres, à faire lâcher prise à Joseph Kabila, elle ne veuille pas jeter le bébé de cette alternance pacifique, la première du genre pour le pays, avec l’eau du bain de ces élections chaotiques en adoptant une position maximaliste qui pourrait la mettre, si elle n’y prend garde, dans un mauvais rôle. D’autant plus qu’à défaut d’avoir pu infléchir la position de Kinshasa dans ces élections contestées, la communauté internationale semble s’être résolue à accompagner la RDC de Joseph Kabila qui a visiblement coupé l’herbe sous les pieds de ses contempteurs en confirmant les résultats querellés de la CENI et en organisant, dans la foulée, la prestation de serment du nouveau président. C’est pourquoi l’on peut comprendre cette attitude des évêques du Kasaï, surtout si celle-ci vise à ne pas mettre en péril le fragile équilibre de la paix sociale en RDC.
Toutefois,  quand on sait aussi que la conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) avait une position plutôt tranchée et n’a jamais caché son insatisfaction par rapport aux  résultats officiels proclamés qui, au terme de ses propres recoupements, ne reflétaient pas la réalité des urnes, l’on peut se demander à quoi obéit cette sortie des prélats du Kasaï que l’on dit acquis au président nouvellement élu et dont c’est le fief. Ceci expliquerait-il cela ou alors est-ce  le diable de la division qui est  entré dans le bénitier ? Quoi qu’il en soit,  si l’on peut saluer cette sortie qui va dans le sens de l’apaisement et de la paix,  il y a de quoi s’interroger voire être chagriné par cette discordance de voix au sein d’une entité qui a toujours su donner l’image d’un bloc monolithique bien structuré et bien organisée, et qui aura joué un rôle de premier plan dans le combat pour l’alternance au pays de Joseph Kabila. Ce d’autant plus qu’elle avait dit prendre  acte des résultats officiels ; ce qui laissait croire qu’elle ne tirerait pas outre mesure sur la corde et que la polémique s’estomperait d’elle-même. C’est pourquoi cette sortie des évêques du Kasaï, à un moment où l’on pensait que l’affaire était logée dans les annales de l’Histoire, peut avoir quelque chose de surprenant, voire de choquant.
L’Eglise catholique se fragilise car cela pourrait désormais entamer  sa crédibilité
Dans ces conditions, l’on est aussi porté à se poser de nombreuses questions, dont celle de savoir  si elle n’est pas dictée par l’establishment politique qui aurait besoin de la caution morale d’une entité comme l’Eglise catholique qui a toujours présenté une image reluisante dans ce pays. En tout état de cause, elle vient de se tirer une balle dans le pied, elle qui est très peu habituée à montrer des signes aussi visibles d’une cacophonie aux allures de division sur un sujet aussi sensible que ces élections controversées. Du même coup, elle se fragilise car cela pourrait désormais entamer  sa crédibilité. Elle qui a pourtant su jouer jusque-là le rôle du parfait arbitre. En tout cas, cette sortie des évêques du Kasaï paraît pour le moins inopportune. Car, elle peut, à tout le moins, semer la confusion dans les esprits jusqu’au sein des fidèles, en donnant l’impression que les évêques ne lisent plus le même évangile ni  ne prêchent le même sermon.
Mais, pour Félix Tshisékédi, un tel soutien vient à point nommé et ne peut-être que pain bénit. Il lui appartient désormais de se montrer à la hauteur des défis et surtout des attentes de son peuple. C’est à ce prix qu’il pourra avoir la totale confiance de ses compatriotes et faire mentir tous ces contempteurs. Même s’il est vrai que les montagnes de défis sont immenses et qu’il lui faudra plus que des talents d’alpiniste pour en vaincre les sommets.
 « Le Pays » 



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