Sa mission est officiellement de relayer la parole publique de l’Elysée, en utilisant tous les moyens à sa disposition, notamment le compte Twitter de la Présidence.
Nous avons raccourci votre question qui était à l’origine : «Quel est le rôle de Bruno Roger Petit, porte parole de La Présidence de La République ? (On ne le voit pas beaucoup…)».
Ancien journaliste - il écrivait encore des chroniques pour Challenges pendant la campagne présidentielle - Bruno Roger-Petit, qui faisait partie des personnalités invitées à La Rotonde, au soir de la victoire de Macron au premier tour de l’élection présidentielle, a été nommé porte-parole de l’Elysée en août 2017.
Avant Macron, François Hollande n’avait pas jugé utile de nommer un porte-parole. Nicolas Sarkozy avait essayé en 2007 avec David Martinon, son chef de son cabinet pendant la campagne présidentielle. Mais l’expérience s’était arrêtée rapidement, dès mars 2008.
Lors de sa nomination, le rôle de Bruno Roger-Petit avait ainsi été défini dans le communiqué de presse publié le 29 août. «Il aura pour mission de relayer la parole publique de l’Elysée, et utilisera pour ce faire tous les moyens à sa disposition, notamment le compte Twitter de la Présidence».
Un peu moins d’un an plus tard, son bilan est discret. Si aux Etats-Unis, le porte-parole de la présidence est très visible (au point d’avoir sa propre caricature dans les late-shows américains, comme ce fut le cas pour Sean Spicer, premier porte-parole de Donald Trump), le travail de Bruno Roger-Petit s’exerce surtout dans l’ombre.
Quelques citations dans la presse française
Dans son bureau de l’Elysée, il a trois écrans, pour voir et écouter sur ce qui se dit sur le président sur les chaînes d’info. Sur Twitter, Bruno Roger-Petit s’occupe bien du compte officiel du Porte-Parole de la présidence de la République. Mais retweete principalement le compte officiel du président (ou bien celui du chef des cuisines de l’Elysée).
Pour le reste, il parle à des journalistes. En novembre 2017, il confiait : «Le mot d’ordre, depuis six mois, c’est «pas de bavardages». Et cela vaut aussi pour le porte-parole». Il semblerait que cela ait changé depuis.
A Libé, début mai, après la «Fête à Macron», initiée par François Ruffin, il disait à propos du même Ruffin : «Ce n’est qu’un cri. Il ne propose rien, n’explique rien, ne donne du sens à rien, ne construit rien. C’est une vanité qui s’empare de la détresse des gens et leur offre un exutoire sans perspectives.»
Le 6 mai, dans un papier de Libé sur Macron intitulé : «Candidat ni de droite ni de gauche, président bien de droite», on pouvait aussi lire : «Bruno Roger-Petit, soutient que la vraie leçon de cette première année de mandat, ce serait plutôt la fidélité de la base électorale du chef de l’Etat : «95% des électeurs du premier tour se disent satisfaits. Et ce sont, pour les deux tiers, d’anciens électeurs du PS».
«Globalement, les journalistes ont appris à se passer de lui»
Roger-Petit a aussi parlé au Monde. Dans un papier sur la pratique du pouvoir monarchique de Macron, le porte-parole commente ainsi les bains de foule du président : «Pour lui, le toucher est fondamental, c’est un deuxième langage. C’est un toucher performatif : "Le roi te touche, Dieu te guérit." Il y a là une forme de transcendance». La citation avait été extraite par Marianne pour donner lieu à un autre article, intitulé : «Bruno Roger-Petit ne recule devant rien lorsqu’il faut parler du roi Macron».
Quel est le rôle précis du porte-parole de la présidence aujourd’hui ? Difficile de le savoir. Le 11 avril, dans une brève, le Canard Enchaîné évoquait une marginalisation croissante de Roger-Petit à l’Elysée, désormais cantonné à la seule gestion Twitter du compte de l’Elysée.
En off, les langues se délient, près d’un an après sa prise de fonction. Contactée par CheckNews, une journaliste habituée de l’Elysée se lâche : «Globablement on le voit très peu et on l’entend très peu. Il est parfois là, quand les journalistes ont rendez-vous avec un conseiller de l’Elysée. Mais à part dire que Macron est merveilleux, ses commentaires ne sont pas très élaborés. Il était fan de Macron avant, il semble toujours l’être aujourd’hui». Elle ajoute, toujours avec le même sens de la formule : «Il brille surtout par son absence. On n’a aucun exemple d’un cas où on aurait mieux compris quelque chose grâce aux explications de Roger-Petit. Il fait de la communication pure, on n’est pas dans l’explication de la politique de Macron. Globalement, les journalistes ont appris à se passer de lui».
Contacté par CheckNews, Bruno Roger-Petit n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Cordialement
Robin Andraca