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Connaissez-vous le "polyamour", cette pratique consistant à aimer plusieurs personnes à la fois ?

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Ils disent oui au "polyamour" et le crient haut et fort. Ni échangistes ni libertins, les "polyamoureux" revendiquent la possibilité d'être épris de plusieurs personnes, ouvertement et honnêtement. Une pratique qui s'exprime aussi en réaction à la construction dominante de la sexualité dans la culture occidentale.
 
Ne cherchez pas, le mot "polyamour" n'existe pas dans le Petit Larousse Illustré des grands-parents mais il pourrait incessamment sous peu entrer dans les mœurs tant cette pratique compte de plus en plus adeptes. Qui sont-ils ? Et bien, ce sont des gens "comme vous et moi" qui, non, ne sont pas des illuminés appartenant à une secte simili-Rael et qui, oui, s'octroient la liberté fondamentale d'aimer comme ils le souhaitent, très fatigués qu'ils sont de siècles d'idéaux bourgeois valorisés par le mariage et contestant radicalement certaines formes dominantes de sexualité, disons, hétérosexistes et patriarcales.  
 
En d'autres termes, si l’amour conjugal que l’on pourrait qualifier de "traditionnel" met la fidélité en avant comme idéal, le "polyamour", lui, maintient l’idée que coucher et/ou aimer d’autres personnes que son partenaire, ne revient pas à le tromper ou le trahir. Il s’agit, à partir d’un amour premier, celui du couple, de s’autoriser à tisser d’autres relations, ouvertes, avec d’autres personnes, au gré des rencontres, des attachements. 
 
 

Profil du "polyamoureux" lambda

Étymologiquement, le mot "polyamour" provient du grec et du latin signifiant "amours multiples", tout d'abord utilisé dans les pays anglo-saxons sous l’appellation "polyamory". Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le "polyamour" n'a rien d'un phénomène récent, il s'agit du "retour à la mode" d'une pratique déjà théorisée par le passé. 
 
Par exemple, en 1929, Jean-Paul Sartre avait proposé à Simone de Beauvoir, après un an de relation, un "pacte de poly-fidélité". De même, au cinéma, les histoires "polyamoureuses" existent depuis des décennies, comme l'atteste le cultissime Sérénade à trois de Ernst Lubitsch (1933) où deux artistes américains tombent tous les deux amoureux d'une même femme - le film se termine avec un plan où la femme embrasse les deux hommes sur la bouche.  
 
En France, on a progressivement assisté à une recrudescence des "polyamoureux" ces vingt dernières années, comme en témoignent certaines parutions (Guide des amours plurielles de Françoise Simpère chez Pocket en 2014) ou encore le succès de certains sites dédiés
 
Les "polyamoureux" actuels ont entre 20 et 50 ans, rejettent l’idée du couple exclusif et ne se retrouvent pas dans le cadre d’une conjugalité monogame. La psychothérapeute Sarah Chiche nous confie : "J’ai pu observer, à partir de ma clinique, qu’après une crise conjugale, un deuil, une fausse couche, une dépression majeure, des femmes de 30-50 ans qui, jusque là, menaient une vie conjugale on va dire "classique", "normée", vont décider de se lancer dans le polyamour, en parler à leur partenaire, et les convaincre. Ce qui est très intéressant c’est que ce sont souvent les femmes qui sont décisionnaires, et impulsent le mouvement. A côté de cela, il y a des jeunes personnes qui, dès l’adolescence, se définissent comme polyamoureuse. Ce peut être un moment transitoire qui va leur permettre d’explorer différentes formes de sexualité (par exemple être en couple avec un garçon et aimer aussi une fille) ou bien un véritable nouage structurel de la façon dont elles vont conduire leur vie d’adulte."
 

Rien à voir avec échangisme ou polygamie

Attention toutefois à ne pas confondre "polyamour" avec libertinage ("une réunion de toutes les sexualités collectives contestant des normes et des dominations"), échangisme ("trop souvent basé sur la logique du don et du contre-don") ou polygamie (réservée aux hommes) et infidélité (qui est cachée, alors que le polyamour est lui assumé, et le conjoint averti). D'autant que qui dit polyamour ne sous-entend pas forcément acte sexuel, il peut aussi s'agir d'une relation platonique. 
 
Définissable comme plusieurs monogamies conjointes, le "polyamour" s'inscrit clairement aux antipodes de la logique du don et du contre-don en vigueur par exemple dans les clubs échangistes, assujettie qu'elle est à des schémas très patriarcaux, ultra-conventionnels. Il rend "libre" donc et exclut toute jalousie. Ne subsiste au final qu'une gratitude dans le couple expérimentateur, celle de voir sa/son partenaire épanoui/e. 
L'amour, quelle que soit la forme qu'il prend, est toujours une fiction bordée par des idéauxSarah Chiche, psychanalyste
Une question toutefois se pose : est-ce que les "polyamoureux" échappent pour autant aux cruelles illusions de l'amour ? Pas forcément, et ce pour une seule et simple raison que nous assène la psychanalyste : "L’amour, quelle que soit la forme qu’il prend, est toujours une fiction bordée par des idéaux. Les "polyamoureux" veulent expérimenter une forme d’amour supérieur. Soit au sens premier "aimer plus" et donc ne pas se limiter à n’aimer physiquement et spirituellement qu’une seule personne et permettre qu’il en soit de même pour les personnes que l’on aime. L’idée étant aussi que ses nouvelles relations vont permettre de vivre un amour plus vaste, plus grand, en théorie. Mais il est cependant tout à fait utopique d’imaginer que les personnes "polyamoureuses" sont immunisées contre la jalousie, la peur du rejet, ou de perdre quelqu’un." 
 
 
Moralité : amours singulières ou amours plurielles, le coeur a toujours ses raisons......
 



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