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Politique

"Fire and Fury" : Trump, encore pire qu'on l'imagine

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C'est le phénomène de librairie: deux millions d'exemplaires vendus en quatre semaines, trente-cinq traductions en route, une série télé prévue, et la colère de Donald Trump - qui a tenté de faire interdire le livre, sans succès. Michael Wolff, l'auteur de «Fire and Fury: Inside the Trump White House», est un homme heureux: les royalties sont déjà estimés à une dizaine de millions de dollars. John Sterling, l'éditeur de chez Holt qui a signé le contrat, tranquille, se retire de l'édition. Pour se lancer... en politique. Trump fait vendre: on prévoit toute une ligne de Trumpbooks dans les années à venir, des pans entiers, des mètres cubes de bouquins. Ceci dit, voyons le contenu.
 
 
Déjà, c'est écrit à l'américaine. Le début: «La soirée commença à 6h30 mais Steve Bannon, devenu soudainement l'un des hommes les plus puissants du monde et de moins en moins tenu aux contraintes horaires, était en retard...», ça se lit bien.
Suite des événements : Trump ne s'attend pas à être élu - et, quand il l'est, il est désarçonné. Il considère que son équipe est constituée de losers, il étonne ses collaborateurs par l'étendue de son inculture (très vaste), il est incapable d'écouter la lecture de la Constitution, il se lève et s'en va lors des réunions qui l'ennuient (elles l'ennuient toutes), il ne sait pas lire un livre de comptes, il parle de lui-même à la troisième personne, et son esprit est foncièrement inadapté à l'abstraction (qui est le signe de l'intelligence).
Politique extérieure ? Connais pas. Politique législative? Encore moins. La seule chose qui l'intéresse, c'est d'être un winner, marquer des points comme dans un jeu vidéo. Ses amis milliardaires, Murdoch, Tillerson, Ailes, le traitent d'«idiot» en privé, et George W. Bush, écoutant les divagations de Trump le jour de son couronnement, murmure: «That's some weird shit».
 
 
 

Le budget ? C'est quoi ?

Steve Bannon, son conseiller (viré depuis) se prend pour «le cerveau du président»; sa fille Ivanka (bête à pleurer) a l'ambition de devenir la première présidente des État-Unis; Jared Kushner, le beau-fils, sème le chaos au Moyen-Orient (sans aucune expérience, il a été nommé big boss pour le Levant); Don Trump Junior, le fils, encore plus demeuré que sa sœur, se précipite à la rencontre de Russes qui lui promettent des saloperies sur Hillary Clinton; Trump lui-même, égaré dans la Maison-Blanche, cherche les interrupteurs électriques, en robe de chambre, et se plaint que l'endroit est «un taudis».
 
 
 
Le jour, il traque les «leakers»? Les fuiteurs? Il est le premier: tous les soirs, couché à 18h30 avec ses McDo, il téléphone à des copains et leur raconte sa journée (ils répètent tout à d'autres copains). L'administration? Il s'en fout. Les nominations? Pareil. Le budget? C'est quoi? Les exposés? Il n'écoute même pas. En revanche, il est persuadé d'être espionné par les barons d'Obama. Et d'être la cible de la presse, qui est non seulement super injuste à son égard, mais entièrement déterminée à le couler.
Il se plaint, radote, fait des colères, regarde la télé, signe des trucs, et s'entoure de sa famille (alors que chez nous, Fillon a été flingué pour la même raison), récompense l'incompétence et sème la zizanie. Comme le dit Gary Cohn, son conseiller financier:
C'est encore pire que vous ne l'imaginez.»

Défendu par des cancres

Mon anecdote favorite (page 231): en tournée au Moyen-Orient en mai dernier (évidemment, il n'y connaît rien, mais il est content de voir que les Saoudiens claquent 75 millions de dollars pour une soirée en son honneur), Trump arrive en Égypte. Reçu en fanfare par le président El-Sissi, il écoute ce dernier lui faire un compliment pompeux: «Vous êtes l'unique homme capable de réaliser l'impossible», dit El-Sissi. Trump répond: «J'adore vos chaussures. Bon sang, quelles chaussures! Dites donc...»
Ma deuxième anecdote favorite (page 234): sentant que les ennuis se précisent, l'équipe de Trump cherche un avocat. Mais Donald a la réputation de ne jamais payer la note. Premier cabinet contacté: refus. Deuxième: refus. Les neuf top cabinets de juristes refusent. Trump se rabat sur des deuxièmes couteaux (qu'il ne paiera pas). Il est donc défendu par des cancres.
Ma troisième anecdote (page 277): Trump indique au procureur Mueller qu'il ne doit pas franchir la ligne rouge, c'est-à-dire s'intéresser à ses finances personnelles. Commentaire de Steve Bannon: «Ne regarde pas ici! Dis au procureur ce qu'il ne doit pas chercher!» (sous-entendu: faut être super con).
 
 
 
Bref, la lecture de «Fire and Fury» est jouissive. Je sais qu'on a reproché à l'auteur quelques approximations, mais la somme de ses renseignements est incroyable. À chaque page, on en apprend de belles, dans ce cirque devenu dingue. Je termine avec une remarque personnelle. À la page 127, une erreur typographique transforme une «apparition publique» en «apparition pubique». Dans le cas de Trump, plus rien ne m'étonne.
François Forestier
Fire and Fury
Inside the Trump White House,
par Michael Wolff,
Holt and Company, 322 p., 30 dollars

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