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En Côte d’Ivoire, un gang d’humoristes veut « enterrer le respect »

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Ils font partie de cette nouvelle génération d’humoristes ivoiriens qui a émergé sur les réseaux sociaux. Trois ans après avoir diffusé leurs premières vidéos sur Facebook, ils s’apprêtent, jeudi 21 décembre, à faire leurs premiers pas sur scène, dans la mythique salle du Majestic Cinéma de l’hôtel Ivoire, à Abidjan.

 
Eux, ce sont les membres du Papounigang. Autrement dit, Papouni, de son vrai nom Koné Latyf Kader, 24 ans, et sa bande de potes, une quinzaine d’humoristes amateurs vivant en Côte d’Ivoire mais aussi au Ghana, en France ou encore en Chine. Le titre du spectacle de deux heures, mis en scène par la comédienne franco-centrafricaine Prudence Maïdou (vue dans le récent Bienvenue au Gondwana, de Mamane), annonce la couleur : « Les Funérailles du respect ». Kader Latyf Koné explique :
« Sur les réseaux sociaux, dans les commentaires de vidéos ou de photos, on lit souvent cette expression : “le respect est mort”, le plus souvent formulée sur un ton blagueur ou dépité, comme pour dénoncer ceux qui sur Internet vont trop loin et sont prêts à tout pour des “like”On s’est dit qu’il y avait là matière à rire et à réfléchir. Dans ce spectacle, on prend donc l’expression au pied de la lettre et on organise les funérailles du respect, de manière allégorique évidemment. Et honnêtement, le respect décède pendant le spectacle ! Il se réveille quelquefois, mais il redécède rapidement ! »
Il est comme ça, Papouni : jamais tout à fait sérieux, même lorsqu’il fait la promo de son spectacle après des heures de répétition, et toujours entouré de deux ou trois de ses compères – en l’occurrence Yoann Eric Dibi, imitateur hors pair du président Alassane Ouattara, et son petit frère Alex Désirée Dibi.

Insolence savamment dosée

Pour le « gang », tout a véritablement commencé en 2014. Ils sont une bande d’amis d’enfance vivant dans le même quartier, Angré, au nord de la commune abidjanaise de Cocody, et ils décident de publier sur Internet des petites vidéos humoristiques en se mettant eux-mêmes en scène.
A l’époque, la Côte d’Ivoire est certes sortie de sa décennie de crise politico-militaire (2002-2011), mais celle-ci est encore bel et bien dans les esprits, comme l’explique Yoann Eric Dibi :
« Nos parents, grands frères ou amis, à qui on réservait jusque-là nos vidéos, n’étaient pas vraiment favorables à cette démarche et s’inquiétaient des potentielles répercussions sur nos viesSurtout qu’on s’est très tôt inspirés de l’émission française “Les Guignols” et qu’on a fait de la politique notre sujet de prédilection. On s’est dit qu’on allait essayer, à notre manière, de faire accepter cette même liberté d’expression et de ton en Côte d’Ivoire lorsqu’il s’agit d’aborder l’actualité politique, les lois et les sujets de société. En bientôt quatre ans, petit à petit, je pense qu’on a imposé notre style. »
Un style qui mélange réactivité sur les sujets d’actualité, insolence savamment dosée et expressions purement abidjanaises, dans des parodies de films, de clips musicaux, de journaux télévisés ou même de conseil des ministres.
 
Biberonnés aux comédies cultes des Guignols d’Abidjan, dans les années 1990 et 2000, et de leur figure de proue, Gohou Michel, qu’ils vénèrent encore aujourd’hui, les membres du Papounigang sont cependant davantage inspirés par les actuels rois français du stand-up : Jamel Debbouze, Thomas Ngijol, Gad Elmaleh, Fabrice Eboué, etc. « On veut que notre humour puisse s’exporter, qu’il soit accessible à tous les francophones dans le monde, dit Kader Latyf Koné. Donc, qu’il s’agisse des thèmes ou du ton, on essaie de sortir de ce qu’on a l’habitude de faire ici, avec des blagues sur les ethnies, les communautés. Même si c’est un humour qu’on affectionne également, on veut juste aller plus loin et différemment. »

« On vanne tout le monde »

C’est l’élection présidentielle ivoirienne de 2015 qui leur a permis de réellement se faire connaître, notamment grâce à ce qui deviendra leur marque de fabrique : des montages, façon roman-photo, mettant en scène des hommes politiques.
Le président ivoirien, mais aussi ses homologues américain, français, béninois ou burkinabé, les ministres, les opposants, les stars du show-business, les sportifs… « On vanne tout le monde, c’est le principe. Nous parlons de politique sans être affiliés à aucun parti ou homme politique, ajoute Yoann Eric Dibi. En ce moment, on met beaucoup en scène le président, mais lorsqu’un autre arrivera, on le logera à la même enseigne. »
 
En attendant de savoir s’ils pourront un jour faire de cette passion un métier, il s’agit pour nombre d’entre eux d’obtenir d’abord un diplôme. « Exigence des parents oblige », confie Kader Latyf Koné, lui-même étudiant en master 2 de droit des affaires. Il ajoute : « Parce qu’il y a quand même des choses avec lesquelles il ne faut pas trop déconner. »

 

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