J’ai rencontré le Président Barack Obama à Washington DC en Août 2015. C’était la réalisation d’un rêve fou pour un enfant qui étudiait à la lumière blafarde d’une lampe tempête au cours de son cursus primaire, une opportunité unique pour cet ancien étudiant qui vendait des livrets à la criée pour survenir aux besoins de ses études universitaires. Je voudrais aborder ici le thème de l’opportunité. Comment le jeune diplômé, en quête d’emploi, en quête de promotion ou simplement animé d’un désir ardent d’avancer peut-il reconnaitre et saisir l’opportunité (souvent la seule) devant lui permettre d’atteindre son but. Sous quelles formes se présentent les opportunités et par ailleurs pourquoi être opportuniste est présenté comme un défaut alors que la quête de l’opportunité semble être une quête noble et légitime ?
L’opportunité peut se définir comme tout événement, toute occasion, toute circonstance ou offre capable d’apporter une plus-value sur les plans professionnel, social, économique, financier ou autre. A l’origine de toute opportunité se trouve une information. Avant d’aller plus loin, nous voulons souligner clairement qu’il n’y a d’opportunité qu’en fonction de notre état de préparation, ce que l’anglais traduit par «readiness». Pour le dire plus simplement, ce qui constitue une opportunité pour Yapi n’est pas forcément opportunité pour Yapo. Toutefois, en général, à notre époque, des milliers de personnes sont potentiellement qualifiées pour la même opportunité, dans le même pays et au même moment. Pour la promotion 2015 du programme YALI, nous étions 500 jeunes leaders africains à avoir été sélectionné sur près de 70.000 postulants, soit une place pour 140 candidats, 0,71% de réussite.
Pour saisir les opportunités, le jeune de notre époque est obligé de se réinventer, d’adopter et de développer des techniques et stratégies, mais aussi et surtout des compétences, qui ne sont pas enseignées à l’école. De loin, la première qualité exigible au jeune de notre époque qui a des ambitions, c’est le leadership. L’autonomie, la maitrise de soi, l’esprit de synthèse et la perspicacité nécessaires pour flairer l’opportunité et se démarquer des concurrents ne peuvent se développer qu’à travers le leadership. Ces méthodes ne se trouvent guère dans l’abécédaire ni dans le numéraire. Ce sont des compétences acquises et développées à travers la participation active et bénévole aux associations, clubs et autres initiatives rigoureuses en dehors des salles de classe. Tout élève, tout étudiant, tout jeune en quête d’emploi se doit obligatoirement d’appartenir de manière bénévole, à une association ou groupement de personnes ambitieuses. Les compétences les plus élémentaires en milieu professionnel telles que diriger une réunion, prendre la parole en publique, faire une présentation ou encore accueillir des clients ne s’enseignent pas à l’école.
Se réinventer pour saisir des opportunités, c’est aussi la capacité à sortir des sentiers battus ; c’est-à-dire réfléchir différemment des autres. Concrètement, le jeune ambitieux en quête d’opportunité ne verra ni le verre à-moitié-vide, ni à-moitié-plein (réflexion binaire et non-productive) mais que le verre peut se remplir à souhait (ce qui implique l’action). Se réinventer implique, par exemple, de réfléchir comment transformer ses concurrents potentiels en clients. A titre d’exemple, la tendance actuelle dans plusieurs villes de l’intérieur de la Côte d’Ivoire, c’est le phénomène des « taxis-motos ». Vue la rentabilité et la facilité d’entretien, de nombreux jeunes s’y lancent sans réflexion. Ils augmentent ainsi le nombre d’engins en concurrence sur un même territoire et plombent ainsi le secteur tout en perpétuant la précarité et la pauvreté desquels ils veulent sortir. Celui qui sait saisir les opportunités se positionnera, par exemple dans le secteur de la vente de pièces détachées, transformant ainsi ceux qui auraient pu être des concurrents en clients.
A notre époque, à l’époque du tout-connecté, les offres d’emplois, les opportunités de bourses d’études, de participations aux programmes internationaux se trouvent en ligne. Postuler nécessite donc de longues heures de réflexion, de rédaction et d’argumentation. Ce travail est fastidieux et décourageant. Au cours de l’année 2016-2017, j’ai postulé à plus de 150 opportunités parfaitement adaptées à mon profil pour 3 interviews. C’est pour dire que la concurrence est féroce. Toutefois, pour celui qui est courageux, plus il postule, plus il acquiert de l’expérience, plus il affine sa stratégie pour se démarquer et se positionner. J’ai postulé à une offre d’emploi auprès d’une organisation internationale et mon dossier n’a pas été retenu. Quelques mois plus tard, ayant lu une étude de la même structure, j’ai rédigé une critique constructive que j’ai adressé à ladite organisation. Comme résultat la structure me proposa le poste qui m’avait été refusé, cette fois-ci, sans interview.
Saisir une opportunité, la bonne, n’est pas du tout aisée. Au nombre des aptitudes à développer se trouvent, la curiosité, une patience active, la confiance, l’optimisme et la foi. Ce sont des ingrédients nécessaires pour se cultiver, aller à la quête de l’information, entreprendre et garder l’espoir.
Sur la question de l’opportunisme. Le terme opportuniste a une connotation négative. Une personne opportuniste veut tirer profit de toutes les circonstances souvent sans respecter les principes moraux. L’opportuniste n’est pas prêt à fournir les efforts nécessaires pour saisir l’opportunité ! Ce n’est pas cette attitude qui convient aux leaders ! Pour finir, nous voulons dire que nous sommes en 2017. Nos concurrents sont à l’échelle mondiale de même que nos opportunités.
AKO Essan Emile
Publié le :
7 novembre 2017Par:
Forestier de Lahou