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Affaire Djibril Bassolé: Un os en travers de la gorge des autorités burkinabè

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Le verdict est sans appel. Le Haut-commissariat aux droits de l’Homme de l’Organisation des Nations Unies déclare arbitraire la détention de Djibrill Bassolé, Général de la gendarmerie nationale et ex-ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso sous l’ère Compaoré, incarcéré dans le cadre du dossier judiciaire relatif au putsch manqué du 16 septembre 2015. Elle fonde sa décision sur une « longue et méticuleuse investigation » qui cloue au pilori l’Etat burkinabè qui, entre autres griefs, se serait rendu coupable de violation des droits du prévenu à un procès équitable en confiant l’instruction du dossier à la Justice militaire alors qu’au moment des faits à lui reprochés, l’intéressé n’avait plus de statut militaire. Par conséquent, elle estime que « la mesure appropriée dans le cas d’espèce consisterait à la libération immédiate de Djibrill Y. Bassolé et à lui accorder le droit d’obtenir réparation, conformément au droit international ».
Un dilemme cornélien pour les autorités burkinabè
Et voilà un verdict qui fera beaucoup jaser au Burkina Faso. Sans nul doute que pour les sympathisants et militants de la cause de Djibrill Bassolé, cet avis de l’instance onusienne a valeur d’évangile et constitue un important viatique pour la lutte qu’ils mènent en faveur de leur mentor. Par contre, pour les victimes du coup d’Etat et les nombreuses OSC, ce verdict n’est autre qu’une grossière immixtion de la communauté internationale dans les affaires intérieures du Burkina. Et il faut le dire, elles draînent avec elles une bonne partie de l’opinion nationale qui tient l’homme pour coupable, car il est bien établi dans l’imaginaire populaire qu’ « il n’y a pas de fumée sans feu » ou que « seul celui qui dort avec la poule sait qu’elle pète ». Il y aura, c’est certain, du bruit de part et d’autre, et cela n’est pas sans rappeler l’atmosphère sulfureuse de la médiation internationale qui a suivi le putsch. Sans prendre fait et cause pour l’une ou l’autre partie, on peut se risquer à dire que l’on ne peut pas balayer du revers de la main l’avis d’une instance aussi sérieuse que la Commission des droits de l’homme de l’ONU. Elle a fait la preuve de sa crédibilité et l’on peut difficilement la soupçonner de ramer à contrecourant de  sa mission de promotion et de défense des droits humains pour  assurer l’impunité à Djibrill Bassolé, si tant est que sa culpabilité dans le coup d’Etat soit prouvée. Le ton péremptoire de l’injonction onusienne prouve qu’elle ne doute point de la fiabilité des résultats de ses investigations. Et voilà de quoi mettre bien mal à l’aise la Justice burkinabè et plus spécifiquement la Justice militaire. Cela dit, la question que l’on peut se poser est la suivante : que va faire le gouvernement burkinabè ? Va-t-il snober le verdict onusien au risque de ternir l’embellie démocratique du pays aux yeux de la communauté internationale ou alors va-t-il prendre le risque de se mettre à dos l’opinion publique interne en libérant sans procès un présumé putschiste que lui-même a jusque-là présenté comme tel ? C’est là un dilemme cornélien pour les autorités burkinabè qui se retrouvent dans la bien embarrassante situation de la galette grillée sur les deux faces.
Les autorités burkinabè ont un impératif devoir de communiquer
Le pire, c’est qu’elles sont contraintes de trancher, étant donné que l’injonction onusienne est assortie d’une menace à peine voilée. En effet, la Commission des droits de l’Homme de l’ONU a fait savoir qu’elle tient bien à l’œil les différentes parties dans l’exécution de sa demande et leur enjoint de l’informer de toutes les mesures prises pour l’application des recommandations formulées dans l’avis, en lui notifiant par exemple «  si M. Bassolé a été mis en liberté et le cas échéant à quelle date ; si M. Bassolé a obtenu réparation notamment sous la forme d’une indemnisation… ». Elle a même ajouté que « le Conseil des droits de l’Homme a engagé tous les Etats à coopérer avec lui et les a priés de tenir compte de son avis, de faire le nécessaire, pour remédier à la situation de toute personne arbitrairement privée de liberté et de l’informer des mesures prises à cette fin. » Sans présager de la décision que prendront les plus hautes autorités de l’Etat, l’on peut se demander si l’on ne s’achemine pas vers un scénario à la « Karim Wade » au Sénégal, c’est-à-dire une mesure de relaxe en contrepartie d’un exil ou de l’obligation de se tenir à carreau pendant un bon moment. C’est le wait and see ! Mais en attendant que les autorités burkinabè s’exécutent ou pas, elles ont un impératif devoir de communiquer et c’est sans doute du succès de cette opération de communication que dependra la sérénité nationale.
« Le Pays »

 



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