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Economie

25 mars 1957, le Traité de Rome

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25 mars, l'Europe fêtera le soixantième anniversaire de sa création. Cet événement réunira dans la capitale italienne les chefs d'Etats et de gouvernements d'une famille qui s'est considérablement élargie depuis la signature du Traité de Rome.
Leur porte-plume ne tremble pas. Ils savent qu'en paraphant le Traité de Rome, en ce 25 mars 1957, ils engagent la France dans une aventure incertaine mais exaltante. Assis côte à côte, Christian Pineau, le ministre français des Affaires étrangères, et Maurice Faure, son jeune secrétaire d'État, s'appliquent à masquer leur émotion – elle est pourtant grande. Ils signent enfin, et le destin de la France s'ouvre à l'Europe.
Pensez ! Douze ans auparavant – ce n'est rien douze ans ! – la France et l'Allemagne étaient encore d'irréductibles ennemis, la Seconde Guerre mondiale s'achevait par l'écroulement du Reich nazi, laissant dans la poussière et les ruines de terribles douleurs qu'on pensait insurmontables et, dans les cœurs, des boules de haine qui ne s'en iraient jamais.

On l'appellera le Marché commun

Douze ans... Mauvais présage ? La pluie mouille Rome ce 25 mars. Au bas de la place du Capitole conçue jadis par Michel-Ange, un long cortège de voitures officielles glisse sur le pavé. Des délégations d'hommes vêtus de noir en sortent pour monter jusqu'au palais des Conservateurs, près de la mairie. C'est dans ce palais qu'on a réservé la grande salle des Horaces et des Curiaces, aux lourdes tapisseries qui illustrent l'homérique combat entre les deux clans de la Rome antique. Là, on a dressé de longues tables recouvertes de draps, et d'impressionnantes rangées de sièges, où prennent place, l'air solennel et la mine figée, ceux qui vont signer.
Il y a d'abord le plus connu, le vieux Konrad Adenauer, 81 ans, premier chancelier allemand au lendemain de la défaite, dont le visage portant mille rides témoigne d'une longue vie d'épreuves, et notamment de sa résistance aux nazis. On remarque aussi Paul-Henri Spaak, ministre des Affaires étrangères du royaume de Belgique, européen pour deux, qui, plus tard, célébrera «l'appel à l'intelligence, à la sagesse, à la solidarité qui donne son sens à notre œuvre». Les signatures s'enchaînent au fil des discours, elles donnent à ce traité créant la Communauté économique européenne, la force de six nations qui viennent de s'unir : l'Italie, l'Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg et la France. On appellera ça le Marché commun, dans une perspective résolument économique qui autorisait «la libre circulation des biens, des capitaux et des personnes», et pourtant la plupart de ceux qui auront vécu cette journée mémorable ne peuvent se défaire d'un sentiment encore plus noble. Parmi la délégation française, un homme, Jean-François Deniau, qui rédigea le préambule du Traité, allait plus tard expliquer ce qui par-dessus tout l'animait : «Nous avons eu avec l'Allemagne trois guerres en moins d'un siècle. Il nous fallait mettre en place un mécanisme qui empêche la guerre, de manière à ce que, même s'il y avait des fous qui voulaient faire la guerre, ils ne le puissent pas».
L'Europe qui vient ici de naître ressemble pourtant à un Meccano aléatoire. Elle n'est pas «supranationale» comme en rêvaient les idéalistes, mais davantage pragmatique, selon les souhaits formulés sept ans plus tôt, dès 1950, par Robert Schuman, alors ministre français des Affaires étrangères : «L'Europe ne se fera pas d'un coup, ni dans une construction d'ensemble. Elle se fera par des réalisations concrètes créant une solidarité de fait». Autant dire à tout petits pas.

Au terme d'un patient travail

D'ailleurs, pour que le Traité de Rome ait été ratifié, il fallut, d'abord, que ces mêmes Européens eurent signé, dès 1951, un tout premier engagement qui mettait en commun les ressources minières françaises, allemandes et italiennes : ce fut la Communauté du charbon et de l'acier (CECA) qui servit de ballon d'essai – «un véritable saut dans l'inconnu», dira Robert Schuman. Mais ce premier pas sera déterminant pour l'avenir de l'Europe. «Ma préoccupation était moins de faire un choix technique que d'inventer des formes politiques neuves et de trouver le moment utile pour changer le cours des esprits», conviendra plus tard dans ses Mémoires Jean Monnet, celui qu'on va bientôt baptiser le «père de l'Europe».
Pourtant, dès 1954, le second ballon d'essai – la création d'une Communauté européenne de la défense – va très vite se dégonfler, sous les coups redoublés des gaullistes et des communistes. Nous sommes alors au cœur de la guerre froide entre les États-Unis et l'Union soviétique, et l'idée d'une armée européenne, initiée par les Américains, soulèvera la tempête du général de Gaulle qui n'y voit qu'un «mélange apatride». Du coup, les députés français en repoussent l'idée au terme de débats longs et tumultueux.
Cet échec, pourtant, va renforcer l'ardeur des «Européens» convaincus qui, dès lors, se lancent à corps perdu dans une éventuelle intégration de nos économies. Dès 1955, les négociateurs des six États en élaborent les modalités qui visent à «établir les fondements d'une union sans cesse plus étroite entre les peuples européens».
C'est leur patient travail qui vient d'aboutir en ce 25 mars 1957 à Rome.



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