Située à 97km de Bondoukou, la localité de Yorobodi, considérée comme un lieu par excellence des pures pratiques religieuses musulmanes, est entrain de perdre cette image. Un groupe de jeune, certainement animé par le désir de la récupération de l’Imamat ont agit de façon désinvolte en détruisant la principale mosquée de cette localité, vieille de plusieurs années. Pire, le Cheikh Ouattara Mounirou guide spirituel islamique de grande réputation, a failli être l’objet de lynchage, n’eût été l’interposition des populations de la localité. Le prédicateur et sa famille ont pu être exfiltré sous une escorte des forces de l’ordre.
C’est un spectacle triste qui s’est produit ce samedi 30 mai dans cette sous préfecture qualifiée de sainte : mosquée saccagée, avec des trous faits dans les murs, etc. Le tout, causé par des jeunes frondeurs .A ce jour ce lieu de culte court par endroit, le risque de s’écrouler. Salle de réunion, salle d’enseignement coranique, situées dans l’enceinte n’ont pas été épargnées. Comme des bêtes féroces, ces jeunes ont voulu complètement tout détruire. A la résidence du Cheikh Ouattara Mounirou, l’on n’entend plus que le chant des oiseaux et autres volailles qui se promènent aux alentours. Plongé dans un silence quasi sépulcral, le domicile est vide. Le Cheikh et sa famille sont absents. « Ils sont partis pour une destination inconnue. N’eût été l’intervention des gendarmes, ils les auraient assassinés », affirme par entretien téléphonique Ibrahim Ouattara habitant de Yorobodi.
En effet, le Cheikh Ouattara Mounirou est l’homme le plus influent de cette localité, bien que n’étant pas l’Imam, un statut qu’il aurait d’ailleurs refusé. Sa réputation est reconnue dans la région du Gontougo et même au-delà des frontières. C’est même lui qui a intronisé le défunt Cheikh Boikary Fofana en lui enroulant le turban symbolisant son titre d’Aimah. Bref ! Les Casseurs manifestement manipulés, disent en avoir par-dessus la tête. Ils exigent de ce guide religieux, le passage du témoin à une autre génération, pour les cérémonies religieuses qui nécessitent des prédications. «L’aura et l’étoile du prédicateur nous empêchent d’évoluer » clament même certains.
« Mus par cette ambition de leadership, ces individus profitent pour ternir l’image de notre Cheikh », s’insurge un des élèves du guide. Au dire de ce dernier tout est parti de la réhabilitation de la mosquée. Une personne de bonne volonté de la région, Ali Ouattara dit Foani riche aviculteur résident à Agnibilékrou, a émis l’idée de prendre en charge cette réhabilitation. Alors, « Cheick Mounirou Ouattara adhère à la proposition de la réhabilitation, mais avec extension des installations, pour pérenniser l'œuvre des anciens ayant contribué à la construction de ladite mosquée. Initiative, à laquelle se seraient opposés ce groupe de jeunes ressortissants du village et qui résident à Abidjan. Avec des soutiens de personnes vivant à Yorobodi, ils exigent plutôt, la démolition complète de la mosquée, pour la reconstruire entièrement par la suite, sur la base d’une cotisation qui aura été levée à cet effet », poursuit-il.
Des dires contrariés par les frondeurs qui expliquent que pour la réhabilitation de la mosquée, le bienfaiteur aurait, sur ordre du Cheikh, viré l’enveloppe d’aide sur le compte du fils de Ouattara Mounirou. Et la communauté musulmane a attendu en vain cette somme pour entamer les travaux. Puisque eux privilégiaient plutôt la démolition, ils ont démarré donc cette destruction. Mais, disent-ils, le Cheikh aurait demandé de ne pas toucher la partie du minaret, en hommage aux actions des anciens qui ont bâti cet édifice. « Nous pensions qu’il nous cachait quelques choses, comme un fétiche dans ce lieu », poursuivent-ils. Dans leur engagement à tout casser, l’un des proches du Cheikh a réagi vigoureusement, conséquence : un mort du côté des « des casseurs ». La tension monte, les jeunes deviennent de plus coléreux. Marteaux, barre de fer, hache, pioche etc sont saisis pour mettre en ruine ce lieu de prière. Pendant la destruction, la population a été tétanisée de voir que ce que les « casseurs » appellent fétiche n’était autre que la chaise utilisée pour les sermons de l’Imam lors des grandes prières de la Tabaski et du Ramadan.
En représailles à la mort d’un des leurs, ces frondeurs foncent vers le domicile du Cheikh Ouattara Mounirou. Ils feront face à d’autres jeunes prêts à en découdre, pendant ce temps, la gendarmerie procède à l’exfiltration du prédicateur avec sa famille. Aux dernières nouvelles ces frondeurs auraient tenté d’incendier la demeure du guide religieux.
Paul de Kouamé
Publié le :
6 février 2020Par:
Forestier de Lahou